Moment de recueillement mais aussi de bilan en ce dixième anniversaire des terribles attentats du 11 Septembre 2011. A New York comme à Londres, en passant par Paris et Berlin, les dirigeants des pays engagés dans des guerres en Afghanistan, en Irak et récemment en Libye vont tenter de convaincre leurs opinions publiques que le monde est plus sûr aujourd'hui grâce aux engagements militaires. Mais le plus important résultat de la lutte contre El-Qaïda ces dix dernières années a été sans conteste l'élimination de Ben Laden. Considéré depuis les attentats du 11 Septembre 2001, comme l'ennemi public numéro un des Etats-Unis Ben Laden sera éliminé au début du mois de mai de cette année non pas en Afghanistan mais dans une paisible petite ville du Pakistan. Son corps sera jeté à la mer pour ne pas l'enterrer et faire de son tombeau un lieu de pèlerinage, diront les Américains. Mais si Barak Obama tire une grande satisfaction de l'élimination d'Ousama Ben Laden, il reste que le bilan des guerres menées par les Etats-Unis suite aux attentats du 11 Septembre est plus que catastrophique. Pas moins de six mille soldats américains sont morts en Irak et en Afghanistan à un moment où les attentats du 11 Septembre avaient fait 3000 morts. Le nombre de militaires américains blessés dans ces guerres avoisine les 40 000. Au total, ce ne sont pas moins de deux millions de jeunes soldats américains qui ont fait les campagnes d'Afghanistan et d'Irak. Les séquelles de ces guerres sur la société américaine pourraient être d'une ampleur aussi importante que celles de la guerre du Vietnam. A ce bilan, il faudrait ajouter les pertes en vies humaines des pays alliés des Etats-Unis présents eux aussi en Irak et en Afghanistan. Mais si le bilan des soldats américains et occidentaux morts dans ces guerres est largement médiatisé, il n'en est pas de même pour les victimes civiles. Certains organismes humanitaires parlent de 300 000 jusqu'à un million d'Irakiens et d'Afghans, dont la majorité sont des civils, morts dans cette guerre contre le terrorisme. Les destructions d'infrastructures et les dégâts matériels sont énormes. Huit ans après son invasion par l'armée américaine, l'Irak n'arrive toujours pas à se reconstruire. Ces guerres ont aussi fragilisé l'économie américaine. Le budget américain consacré à la défense est passé de 329 milliards de dollars en 2002 à 708 milliards de dollars en 2011. La double «guerre contre le terrorisme» menée en Afghanistan et en Irak aurait absorbé plus de 1 300 milliards de dollars. Et ce n'est pas encore fini. Ces lourdes dépenses, qui à première vue profitent au complexe militaro industriel, ont plongé récemment l'Amérique dans sa plus grave crise d'endettement public de son histoire. Une crise qui s'est propagée à l'Europe et menace l'économie mondiale d'une grave récession. Depuis le 11 Septembre 2001, les Etats-Unis ont connu deux graves crises : celle des subprimes en 2007 et celle de l'endettement en 2011. Tandis que le taux de chômage dépasse les 9%. Malgré ces lourds sacrifices financiers, les guerres en Irak et surtout en Afghanistan sont loin d'être terminées. Contre toute attente, les réseaux d'El-Qaïda se sont sensiblement renforcés en Irak et en Afghanistan, mais aussi au Yémen, en Somalie et dans les pays du Sahel. La guerre en Libye et les importantes quantités d'armes et de munitions en circulation dans ce pays vont sûrement profiter aux organisations djihadistes. En Tunisie et en Egypte, des incertitudes planent sur la transition politique. En Palestine, Israël maintient toujours son embargo sur Gaza et les risques d'une nouvelle guerre dans cette région sensibles se précisent de plus en plus. Seuls les pays du Golfe, à leur tête l'Arabie Saoudite, pays d'où étaient originaire dix-huit des vingt terroristes des attentats du 11 Septembre semble pour le moment épargnés par ce qui est appelé par les pays occidentaux le «printemps arabe». Dix ans après les attentats du 11 Septembre, on est bien loin de ce monde sûr tant chanté par les pays occidentaux. Guerres, conflits, tension, récessions économiques, chômage et famines sont devenues le lot quotidien de l'humanité ces dix dernières années. Et à défaut de financer le développement, les puissants de ce monde ont opté pour le financement des guerres et de l'armement.