Tous les Batnéens ont les yeux rivés sur ce qu'adviendra pour la ville l'espace occupé précédemment par l'ex-gare SNTV du transport urbain , situé en plein centre-ville. Voir pousser sur ce terrain un espace citoyen moderne avec des fonctionnalités socioéconomiques et culturelles ou, le cas échéant, assister en live à une transaction consistant pour le Maire à tout faire pour céder le terrain au beau frère «richissime du système» d'un ex-sénateur du FLN – originaire de Lambèse et de la tribu du maire de Batna – pour un projet d'hôtel de «dernière minute», c'est ce qui taraude les esprits des Batnéens, les amoureux de leur ville natale. Ce terrain étant tout indiqué à constituer le nouveau centre cardinal de la ville – celui de l'après-indépendance – pour remplacer enfin l'ancien repère central légué par l'époque coloniale que les urbanistes locaux situent à l'ex-place de l'église. Mais le cafouillage «douteux» entretenu par la faible équipe de l'APC semble faire peur aux Batnéens. En effet, le projet de réaménagement de la placette, ex-gare SNTV, vient de subir un échec de son lancement, échec que le président de l'APC semble vouloir entériner coûte que coûte. Au départ, ce projet tel que conçu par l'architecte, Tewfik Djaballah, offrait l'attrait d'un inestimable atout urbanistique pour la ville. Il rejoint en tout cas l'idée maîtresse d'un ex-président de l'APC, Larbi Soltani (1984), lequel projetait à l'époque de doter le tissu urbain d'une placette centrale comparable à la «brêche» de Constantine. L'esquisse de l'architecte Tewfik Djaballah est donc venue à point nommé combler adroitement ce déficit en place publique centrale. Déjà en 2010 juste après l'entame de sa mission à la tête de la wilaya, le wali, Hocine Mazouz, s'est vu interpeller dans un débat public à la maison de la culture sur l'évolution urbanistique anarchique de Batna, par l'architecte Souad Bensalah qui réclama au nom de la population la réhabilitation de «repères» de la ville dont une vraie placette digne d'un centre-ville. Le projet consistait en 2010 pour l'APC à transformer le terrain de l'ex-gare SNTV en une placette «citoyenne», faite de carrelages, de petits espaces verts agrémentant écologiquement le lieu et des poteaux d'éclairage public. Mais le cœur battant de ce projet reste incontestablement la bâtisse de l'ex-gare SNTV, laquelle a été incluse dans les plans techniques à l'effet d'être pourvoyeuse de divers services et prestations pour les citoyens et citoyennes. Divers détails ont été prévus dans ce contexte : café, crémerie, restaurant, fast-food, kiosque à tabacs et journaux, cosmétiques, boutique de lingerie et vêtements, librairie, agence de voyage. Des appels d'offres ont ainsi débouché illico presto sur l'octroi de marchés publics à quatre entreprises de réalisation. La mise en place du carrelage sur une partie du terrain a été opérée, les VRD aménagés, les raccordements à l'électricité préparés. Pour sa part, l'entreprise BTH Smaïl Nadjib était titulaire du lot de fourniture et pose de l'aménagement extérieur de la bâtisse par le procédé, avec un coût du marché de près de cinq milliards, du recouvrement des murs extérieurs en panneaux alucobond pour donner une façade ventilée en panneaux composites à fixation invisible dite à cassettes préfabriquées. Tout était prêt à être exécuté selon les plans et les obligations contractuelles quant – coup de théâtre imprévu –, l'APC renonça à l'utilisation de l'ancienne bâtisse, pourtant pièce maîtresse de tout le projet. Le motif de cette marche en arrière fut une recommandation technique du CTC (contrôle des constructions) relative à la vétusté et à l'absence de consistance d'où la nécessité d'une démolition. Celle-ci vient d'avoir lieu, provoquant moult interrogations des Batnéens lesquels s'inquiètent surtout des retombées négatives émanant de la forte capacité du Maire et de son exécutif communal dans leur vision prisonnière du bricolage et de l'improvisation. Parce que n'étant ni cadres sortis des universités et écoles techniques ni managers ni urbanistes et ni juristes. L'empressement inoui de cette équipe d'occasion à lancer les projets est incompréhensible aux yeux des Batnéens. Pour ces derniers, l'APC aurait dû s'épargner cette stupide histoire de démolition de l'ex-bâtisse, détail du projet qui aurait dû être cerné avant la commande passée à l'architecte Tewfik Djaballah et avant l'attribution officielle des marchés de réalisation. Une précipitation irresponsable pour des élus dits du peuple qui mérite d'être méditée et décodée par la tutelle (le wali) et aussi par l'APC qui a un rôle de contrôle. Car les Batnéens ne veulent pas d'une placette seulement en carrelage, un espace statique où l'élément de dynamique «sociale» sur le lieu serait absent. Mais plutôt une structure urbaine de loisirs, une vraie place vivante de par les animations qui y seront créées. Le maire n'aurait-il pas dû s'assurer d'abord de l'état physique réel de la bâtisse de cette ex-gare routière au lieu de mettre la charrue avant les bœufs ? Pourquoi engager quatre marchés publics pour une enveloppe financière globale de 17 milliards de centimes et lancer les travaux sur le terrain pour renoncer ensuite à la poursuite du projet. L'APC est-elle incapable de compenser cette bâtisse par un projet destiné à son remplacement que ce soit par un montage financier public ou un appel à des investisseurs privés ? Le maire aurait confié à certains de ses proches qu'il envisage d'aménager des baraques, alors que les plans techniques prévoient une construction digne d'un centre d'affaires. Les Batnéens souhaitent que le projet initial soit exécuté et mené à son terme et avertissent les responsables de l'APC de toute tentative de temporiser une reprise des travaux pour détourner le terrain de sa destination et l'offrir à des richissimes du système pour le projet privé d'un hôtel.