Au nombre de ces autoconstructeurs batnéens, les frères Said et Mohamed Adjroud, ainsi que les Bouaoune et consorts qui souffrent le martyre à la cité des Frères Mélakhsou. Car l'APC s'entête sans explication à leur refuser le renouvellement de leur permis de construire et ce, au mépris des lois en vigueur. A Batna, le maire, M. Ali Mélakhsou, et ses services techniques ne répondent jamais – ou presque – par écrit aux doléances des citoyens comme si la commune relevait d'une société secrète. Mais le maire de Batna n'est peut-être pas conscient des conséquences de ses silences : le refus de renouveler des permis de construire aux citoyens risquerait de mettre le feu aux poudres à Batna où l'ambiance socio-politique est plutôt malsaine par les temps qui courent. Tout un parcours du combattant a été injustement imposé aux frères Adjroud depuis 2006. Ils n'ont pu décrocher leur permis de construire qu'en 2008 suite heureusement aux interventions officielles et objectives de l'ex-wali, M. Abdelkader Bouazgui, et de l'ex-chef de daïra lesquels ont pu casser l'inertie et les tergiversations administratives locales. Cependant, après l'expiration de ce permis suite au dépassement de son délai de validité, les Adjroud connaissent à nouveau un harassant parcours du combattant. L'APC locale continue de se cacher derrière des prétextes périmés en invoquant le cas du projet d'une double voie dans cette cité des Frères Mélakhsou dont le maire porte le même nom de famille puisqu'il s'agit de la tribu des Ouled Sidi Yahia. Or, ce projet est bel et bien tombé à l'eau en raison du fait que cette double voie sera dépourvue, une fois réalisée, d'issues. Elle ne débouche que sur le piémont du djebel Bouakal, privée ainsi de toute communication urbaine et sans relation réelle avec par exemple la route nationale Batna-Tazoult. Pour certains, ce projet demeuré en l'état ne serait en fait qu'un « service sur mesure »que certains « bureaucrates » de la commune voulaient « offrir » au promoteur immobilier ayant construit 150 logements participatifs non loin du terrain des frères Adjroud et ceux des Bouaoune et consorts. Pourtant, les précédents présidents de l'APC de Batna avaient catégoriquement refusé ce projet de double voie : l' ex-maire Saâdi Abdelkrim avait, en effet, saisi en 2006 le DUCH pour lui signifier l'approbation du projet des Adjroud de construction d'un logement familial et la non-nécessité d'une double voie à la cité des Frères Mélakhsou « (Correspondance N° 501/2006 du 8 mai 2006). Son successeur, le maire Hadj Mohamed Houara refusa pour sa part de délivrer au promoteur en question le certificat de conformité. Il est vrai que ce promoteur avait commis une infraction aux règles d'urbanisme de par les « ouvertu- res » de ses immeubles donnant sur le terrain des frères Adjroud et ceux des Bouaoune et consorts. Lors d'un constat sur les lieux, une commission composée du chef de daïra, du président de l'APC, des représentants des services techniques de celle-ci, du DUCH et du DLEP, avait reconnu que le promoteur Baghdadi s'était retrouvé en infraction. Cette commission s'est prononcée – d'après le PV du 16/07/2007 -- sur la non-faisabilité du projet de double voie pour des raisons techniques, fonctionnellles et même financières. Sur ce plan, rien que pour l'indemnisation des propriétaires terriens qui seront expropriés pour les besoins de cette double voie, l'Etat déboursera cinquante milliards. Le même PV de la commission ne préconise pas moins une impérative révision du plan d'occupation des sols N°4 afin de rectifier les incohérences du plan par rapport aux réalités sur le terrain. Alors qu'ils étaient titulaires d'un permis de construire légal et conforme à l'avis des services techniques, les frères Adjroud – comme tant d'autres citoyens – sont à présent bloqués par le président de l'APC dans leur quête de renouvellement de leur permis. Mais comble de surprise dont seule Batna semble avoir le secret, les frères Adjroud se sont vus convoquer par le directeur de l'Agence foncière lequel les a conviés à lui présenter des propositions d'indemnisation. Ils n'ont rien compris à ce manège ni pu percer les mystères de cette démarche. Ils se demandent d'ailleurs ce qui se passe réellement dans leur ville natale. En fait, personne ne le sait sauf ceux qui, tapis dans les administrations et/ou APC, tirent les ficelles d'un tel spectacle d'ombres chinoises. Mais face à la dilapidation du portefeuille du foncier public – donnant lieu à l'apparition d'une classe de riches culottés et analphabètes dans l'impunité la plus totale – les autorités de la wilaya semblent aujourd'hui contraintes de procéder à l'acquisition de terrains auprès des propriétaires privés afin de pouvoir implanter,désormais, des projets publics d'intérêt général. Cette recommandation a été donnée récemment par le wali lors d'un conseil de l'exécutif de la wilaya avec l'exécutif de l'APC. Mais le wali n'a jamais instruit le président de l'APC et ses collaborateurs à ne pas donner de suite favorable aux citoyens, propriétaires de terrains, pour l'obtention de permis de construire ou leur renouvellement. Le cas des frères Adjroud a déjà été porté à la connaissance du wali, M. Hocine Mazouz lequel les a reçus en audience. Toutefois, ce dossier qu'il a confié lui-même au chef de daïra, M. Sahraoui, n'a pas encore bougé d'un iota et l'attitude de l'APC passe pour un grave déni de justice. Les Adjroud tiennent à construire leur logement familial sur leur propre terrain et ne sont pas près de le céder à quiconque. Leur problème, c'est qu'ils ne savent pas ce qui se trame dans l'ombre à leur détriment. Et cela est contraire aux règles de bonne gestion des missions publiques, d'équité et de transparence. Ali Benbelgacem