Le salaire national minimal garanti (SNMG) passera de 15 000 à 18 000 DA à partir du 1er janvier 2012. L'augmentation de 20% a été annoncée hier par le Premier ministre Ahmed Ouyahia lors d'une conférence de presse tenue à la fin des travaux de la 14e tripartite gouvernement-UGTA-patronat, à la résidence El-Mithak à Alger. En précisant que cette augmentation coûtera au budget de l'Etat 75 milliards de dinars, M. Ouyahia a estimé que le «SNMG a connu une augmentation importante le 1er janvier 2010 et passe à une nouvelle augmentation en moins de deux années». La tripartite a donc débouché sur le minimum ; l'augmentation attendue par l'UGTA variait entre 18 000 et 20 000 DA et alors que les travailleurs espéraient 22 000 DA. «A l'issue d'un long débat marqué dominé par un esprit de responsabilité, la tripartite a fait sienne la proposition du gouvernement d'augmenter le SNMG de 15 000 à 18 000 DA », souligne-t-on dans le communiqué commun de la 14e tripartite. Et d'expliquer que «la volonté partagée d'améliorer le pouvoir d'achat des travailleurs ne doit pas ignorer les risques que ferait peser sur la collectivité nationale, sur les entreprises et sur l'emploi des travailleurs toute décision occultant les réalités de l'économie nationale et de la conjoncture économique internationale». En ce qui concerne la demande de l'UGTA de la révision de l'impôt sur le revenu général (IRG) et l'abrogation de l'article 87 bis relatif au mode de calcul du SNMG et de son montant, les organisations patronales n'ont pas répondu favorablement et ont appelé à «la préservation de la viabilité des entreprises» et ce, tout en rappelant les accords salariaux conclus en 2010. Une attitude partagée par le gouvernement qui a rappelé, lors des négociations, que l'examen du dossier du pouvoir d'achat ne doit pas être isolé de divers facteurs «non moins importants». Il s'agit, explique-t-on, de l'état des finances publiques marquées par une importante résurgence du déficit budgétaire du fait de la politique salariale de l'Etat, de l'importance des transferts sociaux ainsi que du volume des investissements publics. «Tous ces facteurs dictent d'éviter toute mesure de nature à aggraver l'ampleur du déficit budgétaire», a-t-on estimé. En effet, «tout recours à une baisse de l'IRG est actuellement exclu, à savoir qu'il s'agit d'une source majeure de la fiscalité du pays», a affirmé le Premier ministre à ce sujet. A son tour, la demande d'abrogation de l'article 87 bis a été encore une fois rejetée en expliquant que les entreprises économiques ne pourraient faire face actuellement et sans de graves conséquences à une telle abrogation. On rappelle, au sujet de l'amélioration du pouvoir d'achat, que cumulée avec les effets des statuts particuliers, la masse des salaires des fonctionnaires est passé de 1 126 milliards DA en 2008 à 2 850 milliards DA pour l'exercice 2012, compte tenu des nouveaux régimes indemnitaires entrés en vigueur en 2010 avec effet rétroactif allant jusqu'au 1er janvier 2008. L'autre important dossier d'ordre social est celui des retraites que la tripartite a décidé de confier à un groupe de travail pour exameniner les possibilités d'augmenter le taux de cotisations pour assurer à la Caisse des retraites des recettes supplémentaires nécessaires à la prise en charge durable des ses obligations envers les retraités. La seule décision prise cette fois-ci est celle de porter la part de fiscalité pétrolière au profit du Fonds national de réserves des retraites à 3% à partir de 2012 au lieu de 2% décidé en 2006 par le président de la République. «Tout en se déclarant solidaire des retraités et soucieux de ne pas mettre en danger les équilibres de la Caisse nationale des retraites ainsi que ceux du budget de l'Etat, le gouvernement a déclaré qu'il veillera à dégager une solution raisonnable et appropriée à cette question», a fait savoir le représentant du gouvernement en rappelant les «efforts exceptionnels» fournis par l'Etat au profit de cette tranche de la population. La rencontre gouvernement-UGTA-patronat a, également, débattu le dossier des mutuelles sociales dont l'avant-projet de la nouvelle loi sera préparé par le ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale. Les autres dossiers au menu concernent la représentation syndicale dans le secteur privé, l'extension des conventions collectives dans le secteur privé, la perspective du pacte national économique et social, la promotion de la production nationale et les recommandations du groupe de travail chargé de l'amélioration de l'environnement de l'entreprise. «Les trois acteurs de la tripartite se sont donné rendez-vous le mois de mars prochain pour évaluation, en groupe de travail, de la mise en œuvre des mesures prises et tenter d'aller plus loin», a indiqué M. Ouyahia.