Libérez le foot de ces pièges qui l'isolent, qui lui font perdre toute son ampleur et même sa splendeur. C'est lui qui réunit, crée les joies et propulse les jeunes talents. C'est aussi lui qui fait parler ceux qui n'ont pas envie de l'évoquer. Il subit ce qu'il n'a jamais auparavant subi. C'est ce sport qui met en vedette un pays, une région, une équipe, c'est aussi lui qui rapproche les humains. Aujourd'hui, il s'efface, les joueurs qui en font l'événement sont devenus des produits qui sont au centre de fortes négociations financières. A chaque tournant du stade, on apprend que tel joueur est proposé, acheté, prêté et que son salaire s'élève à tant. Un peu plus loin, ce sont les sponsors qui versent des sommes faramineuses, ce sont aussi des annonceurs privés qui cherchent la meilleure entrée pour dominer un, deux ou plus de clubs. Comment peut-on être patron de deux clubs à la fois ? Et sur le terrain que va-t-il se passer ? L'argent fait déménager les cultures, le goût du sport, le goût du spectacle, les joueurs n'ont de yeux que pour le coût, fini le maillot, on ne joue pour plus personne, que pour sa propre personne. La violence confirme chaque week-end sa force, sa poussée, sa conquête des stades jusque-là épargnés. Elle revendique sa part sans aucun solde mais s'intègre dans l'organisation, trouve sa place au sein des gradins et au sein du groupe qui sait faire marcher la machine moribonde. La partie est déjà jouée, le foot refuse de rejoindre les vestiaires tellement que le climat même dans les vestiaires est menaçant. Ce vendredi au stade de Béjaïa, des énergumènes venus de l'extérieur ont mis le feu aux poudres, ce n'est pas le seul terrain. Ailleurs, ce sont les arbitres qui sont menacés et dans bien des cas agressés. Il n'y a pas longtemps, des experts algériens se sont intéressés à ce phénomène et ont publié un sondage sur deux éditions de nos confrères voilà quelques années. Le sondage a permis d'établir que «21,3% des personnes interrogées ont subi des violences verbales, alors que 14,6% ont subi des violences physiques et que 19,2% affirment avoir assisté à des scènes de violence. En revanche, une grande majorité des interrogés (61,7%) approuvent l'idée de création d'un fichier des fauteurs de troubles afin qu'ils soient interdits d'accès aux stades. (…) Mais nous l'avions déjà évoqué dans nos différentes éditions, l'impérieuse nécessite de mettre en place des comités de supporters, il faut les créer, les prendre en charge et leur assurer un encadrement juridique. D'autres évoquent sans retenue l'insuffisance de formation de certains arbitres qui sont programmés pour des rencontres de haut niveau, elle est souvent la principale cause du déclenchement de la violence lors des matchs de football. La majorité des personnes interrogées ne sont pas tendres envers les arbitres. 46,5% d'entre elles jugent que les arbitres ne dirigent pas les rencontres de façon correcte et 34% estiment que les arbitres sont dépassés par les rencontres qu'ils dirigent». Même si une bonne partie de l'échantillon estime que «les personnes sous l'effet des psychotropes y sont pour beaucoup, les instances du football national (fédération et ligue) ne sont pas épargnées. Elles sont responsables, selon 62,6% de l'échantillon de cette situation, dans la mesure où elles favorisent par leurs décisions certains clubs par rapport à d'autres». La presse sportive n'est pas, non plus, épargnée. 48,1% des personnes interrogées pensent qu'elle incite à la violence à travers la publication d'articles subversifs. En revanche, la majorité de l'échantillon (65,5%) reste opposée à l'idée de faire jouer les rencontres de football sans public. Le huis clos ne constitue pas, selon les personnes interrogées, une solution à la violence. Même si la majorité d'entre elles (63,6%) pense que la violence dans les stades va se poursuivre. Quant à la lutte et la prévention contre ce phénomène, les avis divergent.