Vivre à Constantine, c'est passer inévitablement de longues heures devant les boulangeries pour avoir une baguette de pain que quelques citoyens finiront par aller chercher ailleurs. En différents endroits de la ville, le pain est disponible, exposé dans des corbeilles placées sur les trottoirs, mais il faut débourser 15 dinars pour une baguette. C'est le quotidien amer de la population depuis la veille de l'Aïd El Adha. En effet, plusieurs boulangeries ont baissé rideau, et les recommandations de la Direction du commerce et des prix n'ont pas pu les en dissuader. Encore moins les communiqués toujours identiques du syndicat des commerçants. Ce dernier, comme les services concernés du ministère du Commerce, seront mieux avisés de cesser leurs trompeuses agitations tant la population refuse chaque jour un peu plus que des institutions officielles se moquent de leur misère. Le courroux collectif est encore plus injurieux quand ce sont des ménagères qui expriment leur indignation face aux prix proposés dans les marchés. La pomme de terre a atteint le sommet affolant de 75 DA le kilogramme. La carotte est à 90 DA tandis que les fruits sont tout simplement inabordables. A l'image de la datte, des pommes ou de la mandarine dont les prix sont une véritable insulte à beaucoup de citoyens. Sur tous les étalages, il n'y a que la banane qui reste accessible. Même pas la grenade ! Mais il est vrai que la banane n'est pas un produit local et sa culture échappe donc aux effets de gestion de notre ministère de l'Agriculture. Pourtant, il suffit de renoncer un peu à la critique malveillante pour reconnaître que ce ministère tout comme celui du Commerce méritent la considération. Selon les déclarations du ministre de l'Agriculture, sa clairvoyance a permis d'atteindre des taux de production rarement enregistrés. Même le Premier ministre a confirmé le taux appréciable de la production de la pomme de terre. Il se dit que les actions menées par le département de l'Agriculture ont nettement contribué à la régulation du marché où tous les produits sont être censés disponibles. Grâce à la contribution du syndicat des commerçants, la spéculation est bien contrôlée. Des rapports et comptes- rendus dans ce sens ont certainement été adressés aux plus hautes autorités qui n'ont plus de raisons d'écouter la colère de la population tellement en manque de civisme pour reconnaître les bienfaits dont elle est comblée. Malgré tout, cela le holà s'impose. Quelque part, des décisions doivent être prises car le peuple ne saurait continuer à s'alimenter de ces fredaines de l'irresponsabilité. C'est une redondance que de dire que la population ne saurait trop longtemps respecter un Etat qui non seulement ne la respecte pas mais la piétine carrément sous les bottes insalubres de la politique démagogue et du voyeurisme indécent. Il y a tellement de secteurs défaillants et il y a tellement d'urgence à revoir certaines copies qui risquent d'inoculer un venin dont personne n'a besoin.