Il faut mettre de l'ordre, de l'éthique dans la distribution du médicament, déclare Mohamed Bekkat Berkani, président de l'Ordre national des médecins, dans un entretien accordé à la Chaîne III de la Radio nationale dont il était l'invité de la rédaction. Ils sont 500 à importer du médicament, fait-il remarquer. A propos de l'existence d'une mafia du médicament et de pratiques de surfacturation, il estime que c'est aux autorités à déférer devant les tribunaux les personnes concernées dans ces transactions commerciales et la surfacturation. L'Agence nationale du médicament qui doit être mise en place le plus rapidement possible, selon lui, pourra, ajoute-t-il, contribuer à réduire la pression qui s'exerce sur les décideurs et sur les médecins, pression inscrite dans la logique de la guerre commerciale menée par les lobbies des grandes firmes internationales et même des opérateurs nationaux. L'Algérie doit utiliser son pouvoir financier pour acheter les médicaments qu'il faut au moindre coût et privilégier le générique. Il faut casser ce cercle vicieux du lobbying exercé sur les décideurs au niveau des hôpitaux et du personnel technique. Cette agence indépendante de l'administration centrale, permettra de réguler le médicament, l'importation, voire la production, fait-il observer, allusion aux pénuries constatées ces derniers mois. «Enfin, nous voyons le bout du tunnel concernant la gestion du médicament», lance-t-il à ce sujet. C'est un organisme qui prendra des décisions à toutes les étapes, commerciales, de pharmacovigilance, au niveau du médicament générique, et qui travaillera avec les experts pour les médicaments nécessaires aux pathologies existantes en Algérie. La gestion administrative des médicaments a conduit à l'impasse actuelle, rappelle-t-il, avec le risque de pénurie, le risque de difficultés d'approvisionnement. Il faut, dit-il, que l'Agence, sous la supervision de l'Etat, puisse déterminer les médicaments essentiels, puisse commander en temps utile, puisse décider du rapport qualité prix, avoir toutes les possibilités de manœuvres. Quant à la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH), elle a vocation de mettre à jour le stock et la mise à disposition du médicament des secteurs public et privé. Il faut, fait-il remarquer, avertir à l'avance les fournisseurs pour qu'ils puissent mettre à disposition les médicaments ou la matière première. Le président de l'Ordre national des médecins estime qu'il faut revoir la loi sur la santé qui date de 1985, pour l'adapter aux évolutions en cours.