A son 4e jour aujourd'hui, la grève de la faim entamée par les 16 officiers supérieurs des Douanes devant le siège de la centrale syndicale UGTA n'est pas un simple saut d'humeur de syndicalistes en conflit avec leur hiérarchie. Ce n'est pas aussi une action isolée de douaniers excédés par les dépassements dont ils ont été victimes. Il s'agit d'une affaire étroitement liée avec la défense des intérieurs supérieurs du pays mis à mal par la corruption, passe-droits et autres trafics et contrebandes. Avec le quadrillage systématique, hier, des alentours du lieu où les douaniers grévistes ont établi leur campement, les gens de la presse ont éprouvé quelques difficultés à y accéder. Tout autant que leurs collègues de différentes structures douanières et autres citoyens. Ce qui n'a pas empêché plusieurs centaines de douaniers de différents grades de leur rendre visite pour exprimer de vive voix leur soutien. Il s'agit notamment de ceux venus d'Alger-port, de la direction générale des Douanes, de Aïn Taya, Souk Ahras, Tébessa et Constantine. Visite aussi de responsables de différents services de sécurité et de ministères dont le conseiller du ministre des Finances ainsi que Maîza, le chargé de l'organique et Telli le chargé des conflits à la centrale syndicale UGTA. Ces derniers étaient en réunion ad hoc avec Sidi Saïd quelques minutes auparavant sur justement le dossier des Douanes pour décider de l'entame de l'enquête. Cependant, le plus fort des soutiens émane certainement du complexe sidérurgique d'El Hadjar à Annaba. Par la voix de Smaïl Kouadria le secrétaire général de leur syndicat d'entreprise ArcelorMittal, les 5 300 travailleurs apportent leur «soutien indefectible» aux douaniers grévistes. «Nous soutenons ces officiers douaniers qui, par cette grève de la faim, ont démontré qu'ils sont prêts à sacrifier leur vie pour l'Algérie. Les corrompus et ceux qui portent atteinte aux intérêts de notre pays ne passeront pas» a tenu à souligner Kouadria. Il faut dire que bien avant d'entamer leur action extrême à hauts risques sur leur état de santé, les garants de l'économie à nos frontières victimes de l'arbitraire avaient informé toutes les institutions de la République y compris la centrale syndicale UGTA dont le perron du siège avait été choisi pour le piquet de grève. Le tort de ces douaniers est d'avoir osé briser la loi de l'omerta sur les actes de corruption sévissant dans ce corps constitué et braver l'arbitraire au contact duquel les douaniers activent quotidiennement. Arguments chiffrés à l'appui, ils ont cité comme étant impliqués dans différentes affaires certains supérieurs hiérarchiques. Pour toute réponse, ils ont fait l'objet de suspension de fonctions et de salaires, des affectations et mutations arbitraires. Cette situation est intervenue au moment même où, sous la direction de M. Mohamed Seghir Babès, le Conseil national économique et social (Cnes) entamait une opération de charme à destination des populations de toutes les régions du pays. Le thème prometteur «Pour le développement local» avait été retenu. Cette contradiction flagrante avec la réalité du terrain vécue par les douaniers dénonciateurs d'actes de malversations, trafics et contrebandes à nos frontières et les promesses de développement du Cnes n'est pas passée inaperçue du côté du commun des citoyens. L'on s'est même interrogé s'il est opportun d'organiser des assises nationales sur le développement local alors que nos frontières économiques sont transformées en passoire par les corrompus et les ripoux. «Nous allons voir de quoi il en retourne dans cette affaire. Une situation pareille est inadmissible pour des douaniers dont le seul tort est de vouloir défendre les intérêts du pays» a affirmé M Mohamed Seghir Babès, à Annaba, dans le cadre des assises régionales organisées ce dernier lundi par le Cnes, Institution qu'il préside, il répondait à une question posée par un journaliste sur la grève de la faim illimitée, entamée par les officiers supérieurs des douanes. L'autre soutien, émane du «collectif douanier de soutien aux camarades grévistes de la faim au siège de la centrale UGTA. Emis hier mardi, il indique qu'un film vidéo sera mis en ligne sur internet dans les prochaines heures. «Nous venons de transmettre aux camarades douaniers grévistes une vidéo. Elle montre le déroulement de la fameuse réunion de la commission exécutive fédérale tenue le 19 octobre 2011 au siège de la direction générale des Douanes à laquelle a participé le directeur général et Djenouhat, un membre influent à la centrale syndicale UGTA. Les séquences révéleront à l'opinion publique nationale et internationale les propos teintés de mépris aux travailleurs et aux dockers du port d'Alger» tenus par ces deux personnages. Aujourd'hui, mercredi, les grévistes se préparent à entamer leur 4e jour de privations. Au moment où ils affirment entamer la 2e phase de leur action consistant en la révélation de différentes affaires de corruption, la santé de plusieurs d'entre eux prête à l'inquiétude.