Les premiers résultats partiels donnent les islamistes vainqueurs en Egypte. Sur neuf gouvernorats, six sont tombés dans le giron islamiste dont celui de la ville côtière d'Alexandrie. La capitale, Le Caire, a échappé toutefois à la déferlante des Frères musulmans qui se sont empressés de crier hier leur victoire à travers leur façade politique, le Parti de la liberté et de la justice (PLJ) qui arrivait en tête selon les résultats partiels du premier tour d'un scrutin étalé sur près de quatre mois. Dans un communiqué publié hier, le parti islamiste estime que les premiers résultats obtenus depuis le début du dépouillement montrent que ses listes arrivent en tête, suivies du parti Al Nour (salafiste) et du Bloc égyptien (coalition libérale). Par aileurs, le PLJ affirme avoir obtenu les meilleurs scores respectivement à Fayyoum (130 kilomètres au sud du Caire), dans le gouvernorat de la mer Rouge (sud), au Caire et à Assiout (sud), selon ce communiqué. La presse égyptienne n'est pas en reste et se fait également l'écho de cette victoire des islamistes. «Les islamistes et les libéraux en tête, recul des anciens partis», titrait hier le quotidien gouvernemental Al Ahram. «Les premiers signes montrent que le PLJ est crédité de 47% des voix, tandis que le Bloc égyptien remporterait 22%», affirmait pour sa part le journal Al Chourouq. D'après ce journal présenté comme un organe indépendant des islamistes à Louxor (Haute-Egypte) et Assiout (sud), ont «menacé de déclarer infidèle toute personne votant pour le Bloc égyptien», dont le magnat copte Naguib Sawiris est le chef de file. Il faut dire qu'une partie de la presse égyptienne a relevé plusieurs tentatives d'intimidation de la part des islamistes, à l'instar du quotidien gouvernemental Al Akhbar qui affirme que les Frères musulmans et les salafistes ont essayé «d'influencer les électeurs». Il est à rappeler qu'après deux semaines de manifestations massives hostiles aux militaires émaillées d'affrontements meurtriers, le premier tour de cette élection, s'est achevé mardi soir dans un tiers des gouvernorats égyptiens sans accrocs. Conspué par la rue égyptienne, le chef de l'armée, le maréchal Hussein Tantaoui, avait alors annoncé une date butoir - juin 2012 - pour la tenue de l'élection présidentielle après laquelle le pouvoir sera transféré à une autorité civile. La mobilisation, notamment sur l'emblématique place Tahrir au Caire, s'est essoufflée à la faveur du scrutin. Ceci dit, les risques d'instabilité demeurent présents notamment en raison de la longue durée du processus électoral et les incertitudes de la période post-électorale. Les Frères musulmans exigent d'ores et déjà de former le prochain gouvernement du pays, toujours dirigé par l'armée depuis la chute de Hosni Moubarak. A suivre.