Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a signé, jeudi 8 décembre 2011, le décret de création et d'installation de l'Organisme national de prévention contre la corruption, et de l'Office central de répression de la corruption, soit à la veille de la célébration de la Journée internationale contre la corruption, précédée par celle, aujourd'hui, de la Journée des droits de l'homme partout à travers le monde. Les malversations financières et l'empoisonnement des structures institutionnelles publiques par les pratiques liées à la corruption ont pourri les relations d'affaires entre les opérateurs économiques et les représentants d'organismes étatiques. La corruption est devenue un fléau mondialement reconnu comme une calamité publique en mesure non seulement de freiner les objectifs des financements du développement, de pourrir les relations sociales par la généralisation de la fraude et du gaspillage des deniers de l'Etat, autrement dit l'argent des contribuables, elle facilite également la constitution de groupes mafieux, nonobstant le blanchiment d'argent sale. L'Algérie souvent citée par les ONG comme étant un pays où l'indice de corruption reste très élevé, vient dans le cadre de la lutte contre la corruption de prendre des mesures exceptionnelles face à des dépassements tout aussi exceptionnels, en consolidant l'autonomie de la justice et son intégrité pour lutter plus efficacement contre ce fléau par le renforcement de structures spécialisées. Ces réformes visent à travers la promulgation d'un statut de la magistrature et d'un Conseil supérieur de la magistrature, outre la multiplication du nombre de magistrats et des auxiliaires de justice, et leur formation dans plusieurs spécialités, à doter l'arsenal législatif d'instruments pour respecter les principes fondamentaux des droits de l'homme par l'adoption des lois internationales, partant de la ferme conviction que la sécurité judiciaire est une condition sine qua non pour assurer la sécurité sociale, la stabilité et la protection de la société contre toutes les formes de criminalité et les fléaux dangereux, notamment la corruption ; c'est ce qui ressort de l'intervention du ministre de la Justice, Tayeb Belaïz. On peut lire dans la dépêche de l'APS rapportant les propos du ministre que «la corruption peut semer l'anarchie, causer l'instabilité des transactions et influer sur l'efficacité du travail de l'administration, la concurrence loyale, la transparence, et ce, en affaiblissant l'esprit d'initiative et de créativité, outre la propagation de la fraude pour le gain facile ainsi que l'augmentation du coût des projets de développement. La corruption se répercute également sur la qualité et la rentabilité, détruit la croissance économique et sociale des nations, et entrave les perspectives de développement ; elle peut traduire un dysfonctionnement dans l'organisation et la gestion de l'administration générale, ou dans les mécanismes de contrôle et les dispositions juridiques d'investigation sur les crimes de corruption et la sanction des corrompus». Belaïz a appelé dans le cadre de la lutte contre la corruption et ses différents corollaires, à l'association de tous les membres de la société civile. Soulignant que le code de procédures pénales comprend des méthodes spécifiques d'investigation et des juridictions spécialisées avec compétence territoriale étendue chargées de traiter le crime organisé dont la corruption. A travers l'amendement du code pénal, le concept du groupe criminel organisé a été défini et le principe de responsabilité pénale de la personne morale et d'incrimination du blanchiment d'argent a été adopté. Plusieurs lois ont été amendées dont le code des marchés publics, la loi sur le crédit, la loi sur la répression de l'infraction à la législation et à la réglementation des changes et des mouvements de capitaux de et vers l'étranger et la loi sur la Cour des comptes pour les «imprégner de principes et mécanismes de garantie de l'intégrité et de la prévention contre la corruption». L'Algérie a adopté la convention de l'Union africaine (UA) sur la lutte contre la corruption et la convention arabe de lutte contre la corruption. Elle a également signé 37 conventions bilatérales de coopération judiciaire dans le domaine pénal et en matière d'extradition des criminels. Par ailleurs, le ministre a souligné que la volonté politique et les efforts consentis pour la prévention et la lutte contre la corruption ont besoin d'une volonté politique et de la conjugaison des efforts de tous les citoyens et l'ensemble des acteurs de la société, notamment les médias et la société civile. Les travaux de cette conférence organisée par le ministère de la Justice à l'occasion de la Journée mondiale de la lutte contre la corruption ont été ouverts en présence de quelque 1 000 participants représentant des organismes officiels, la société civile et les secteurs économiques public et privé d'après l'APS.