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«L'Union africaine telle qu'elle existe aujourd'hui est le symbole palpable d'une Afrique sabotée»
Publié dans La Nouvelle République le 18 - 12 - 2011

«Révolutions arabes» : enjeux et répercussions sur le continent africain. L'Afrique entre guerres «humanitaires» et droits de l'homme avec une CPI clientéliste. L'Afrique entre ses paradoxes et son Union «sabotée» avec à la clé une Africom et ses visées stratégiques. Des questions complexes que La Nouvelle République a abordées dans cet entretien avec Komla Kpogli, secrétaire général de la Jeunesse unie pour la démocratie en Afrique (JUDA)...
La Nouvelle République : Un mot sur les «révolutions arabes». Pour vous, ce sont des «révolutions inabouties et sous contrôle». Qu'en pensez-vous ? Komla Kpogli : On ne peut dire que l'intention véritablement révolutionnaire soit totalement absente des rangs de ces marées humaines dans les rues des pays en question. Les régimes politiques kleptocrates, soutenus dans ces pays sous le fallacieux prétexte qu'ils constituaient des remparts anti-islamistes, avaient non seulement immobilisé le peuple par la répression, mais surtout ils l'avaient immensément paupérisé au profit de deux entités absolument parasitaires : une «élite indigène» corrompue pour qui le patriotisme est le premier des péchés à commettre et des économies capitalistes prédatrices. Cette situation ne peut que conduire tôt ou tard à des insurrections populaires. La bonne foi révolutionnaire de beaucoup de manifestants est donc à présumer. Mais laisser les choses se faire par le peuple équivaudrait à lui accorder la force de prendre sa destinée en main. Autrement dit, c'est amoindrir la mainmise occidentale sur les richesses de ces pays, c'est perdre le rôle géopolitique attribué à ces pays dans ce qui est dénommé la scène politique moyen-orientale, c'est donner la possibilité à ces peuples de désigner des interlocuteurs valables face au lieutenant de la région qu'est Israël. Dans ces conditions, les pays occidentaux, même si certains comme la France ont eu du retard à l'allumage, ont compris qu'il fallait prendre le contrôle de ces bouillonnements populaires et leur donner une direction. Canaliser ces révoltes, voire les organiser pour qu'elles servent au mieux les intérêts jusque-là défendus par les satrapes au bord du précipice. Pour obtenir ces changements dans la continuité, les parrains de ces tyrans vont les sommer de quitter le pouvoir et ils iront, pour certains, jusqu'à former des «jeunes révolutionnaires» à l'école des mouvements que la CIA via la National Endowment for Democracy (NED) avait actionnés dans les Balkans dans les années 2000. D'autres encore leur offriront des facilités médiatiques et communicationnelles au travers des réseaux sociaux. Ces «exigences» en apparence en conformité avec le vœu des masses révoltées résultent en réalité d'un calcul rigoureux : demander et obtenir avec la rue le départ des tyrans pour pouvoir mieux maîtriser la suite des évènements et conserver leur système et leurs régimes. C'est ainsi qu'après le départ du pouvoir de Ben Ali et de Hosni Moubarak, deux joyaux présentés pendant longtemps par leurs parrains comme «les meilleurs élèves de la région», le système n'a pas fondamentalement bougé. «Les rois étaient tombés, mais vivent les rois». C'est en cela que ces révolutions sont inabouties et maîtrisées. Mais, visiblement, les peuples ont compris le jeu, notamment en Egypte où ils n'ont jamais cessé de manifester en vue d'obtenir la fin d'un système et pas seulement le départ d'un homme et de son clan. Certains pensent que la guerre de Libye est une guerre contre l'Afrique. Etes-vous de cet avis ? Bien évidemment qu'elle l'est. Plusieurs projets et réalisations de la Jamahiriya arabe libyenne dans nombre de territoires africains confirment cette lecture. La Libye a investi dans beaucoup de ces territoires. Ces investissements mettaient directement en danger ceux des pays occidentaux qui considèrent ces espaces comme les leurs. Il en est ainsi du financement en partie du satellite Rascom 1. Le fait que ce soit la Jamahiriya qui parle le plus d'une Union africaine tournée essentiellement vers les besoins africains, le fait que ce soit elle la première contributrice intérieure au budget de l'UA actuelle et qui, par ce biais, tentait de limiter la dépendance de l'Afrique entrent dans ce schéma. Les projets de création du dinar-or, qui serait une monnaie africaine, d'une nouvelle politique de redistribution des recettes pétrolières et de la constitution d'un gouvernement fédéral africain avec des attributions énumérées par Kadhafi en 2009 avec tous les pays africains ou, à défaut, un nombre restreint, selon ses propres termes, l'ont exposé à la haine occidentale, renforcée à la fois par des vérités que, côté africain, seuls Kadhafi et quelques rarissimes dirigeants puissent dire du haut de la tribune de l'ONU et par des investissements des fonds souverains libyens investis dans des pays occidentaux. Ces investissements, notamment dans l'agro-alimentaire, le pétrole, les banques et assurances et l'immobilier, rapportaient pas mal de profit à ce pays qui finançait ainsi son développement en toute autonomie. Ce qui l'avait mis aussi à l'abri du piège de la dette que recommandent le FMI et la Banque mondiale. En outre, Kadhafi vient régulièrement en aide aux pays en indélicatesse avec les Occidentaux, alias la communauté internationale. En assassinant un homme de cet acabit, il est évident que c'est toute l'Afrique qu'on vise. Au-delà de tout cela, il faut dire que l'un des objectifs les plus importants de cette guerre c'est de priver les Africains de modèle de gouvernement endogène, les empêcher d'avoir des référents sur le plan local – nonobstant leurs imperfections ou erreurs – qui puissent les inspirer de sorte qu'ils aient toujours le regard tourné vers le modèle capitaliste occidental qui les pille et les endette tout en ayant un discours sur l'aide et la coopération en bandoulière. Quelles seraient les répercussions de ces «révolutions arabes» sur le continent africain ? Leur effet sera d'une moindre importance aussi longtemps que les tyrans africains seront de «bons élèves» du FMI, de la Banque Mondiale. Au fond, la crise étant chronique en Afrique, il existe des contestations quotidiennes plus ou moins organisées contre les tyrans en place. Mais ces contestations, noyées dans le bain des répressions sanglantes, ne suscitent aucune attention si elles ne sont considérées que comme la manifestation patente des «conflits ethniques» qui seraient la mesure de toute chose en Afrique noire, selon les spécialistes autoproclamés de l'Afrique. Toutefois, certains peuvent être tentés de s'inspirer des mouvements maghrébins sus-cités ou non. A notre avis, ces tentatives seront vaines. Car il leur manquera le soutien des Occidentaux, comblés dans leurs multitudes attentes par l'état actuel de la gouvernance en Afrique noire. C'est ce que nous voyons actuellement avec le vol à main armée du suffrage populaire par Joseph Kabila au Congo. Malgré les cris de détresse de Tshisekedi, vainqueur spolié de son dû, personne ne lui volera au secours. Mieux, toutes les déclarations, que ce soit celles émanant du secrétariat général de l'ONU, des ONG ou des chancelleries occidentales, consistent à culpabiliser les victimes pour blanchir les coupables. C'est une vieille méthode que ces institutions ont inventée pour maintenir immobilisé de tout temps notre peuple, pour assassiner des millions d'Africains, surtout les plus illustres, et ainsi garder les intérêts coloniaux en l'état. Toutefois, pour éviter que cette perspective fasse dire à vos lecteurs que nous sommes d'un pessimisme sans égal, nous disons que les Africains doivent faire leur révolution en s'inspirant d'eux-mêmes, c'est-à-dire en partant d'eux-mêmes pour revenir à eux-mêmes. L'histoire montrant que les Noirs n'ayant pas d'alliés dans le monde, ils ne doivent que compter sur eux-mêmes en toute chose. Les Occidentaux prétextent mener ces guerres au nom des droits de l'homme (guerre humanitaire). A considérer ce qui se passe en Palestine, au Bahreïn, au Yémen, en Afghanistan et sur les bases militaires de Guantanamo et d'Abou Ghraïb, peut-on encore parler de droits de l'homme ? Il n'y a pas de guerre humanitaire. C'est un mythe. Ces guerres sont du business. Non seulement la dépendance politique du pays agressé s'implante mais encore ses richesses sont drainées vers les pays agresseurs et leurs multinationales. Les «soldats humanitaires» de l'Occident, accompagnés de quelques ravitailleurs locaux africains ou arabo-musulmans de pacotille et de décor, détruisent l'aviation et le matériel militaire, mais le gouvernement fantoche et obséquieux à venir devra acquérir de nouveaux matériels de guerre. Les «guerriers et les bombardiers humanitaires» détruisent les infrastructures dont s'est dotée le pays agressé au prix d'énormes sacrifices, mais les préfets locaux à venir devront en reconstruire. Et qui sont ceux qui vont avoir les contrats pour la prétendue reconstruction ? Les multinationales des pays envahisseurs. Comme en Irak et partout ailleurs. Ainsi, le profit sera doublé, voire triplé : détruire ce qu'on avait vendu, faire payer le reste de la facture si tout n'avait pas été réglé par l'ancien régime et «reconstruire» ce qu'on avait détruit. On a vu clairement ces pratiques aux lendemains immédiats de la chute de Tripoli. Après Sarkozy et Cameron, une bande dite d'hommes d'affaires conduite par le secrétaire d'Etat français au commerce extérieur Pierre Lellouche a débarqué en Libye. Les déclarations faites par des membres de ce cortège, surtout celles de Pierre Lellouche, étaient très décomplexées. Ils étaient venus, déclaraient-ils, prendre leur part, car il n'y avait qu'eux (les Français) et les Anglais à avoir combattu aux côtés du fameux CNT. En ce qui concerne les droits de l'homme, il serait grand temps de se demander, au vu de l'histoire et de la politique internationale, qui est cet homme qui a des droits, quels sont ces droits et pourquoi ce sont seulement les Occidentaux, leurs officines et leurs ailes marchantes locales agréées et affublées du titre d'organisation de protection ou de défense des droits de l'homme qui en parlent en direction d'autres pays, notamment ceux qui ne leur sont pas totalement soumis. Au demeurant, lorsque des pays qui se livrent à des actes inhumains ou les cautionnent dans des pays que vous venez de citer et qui, malgré leur CV d'exterminateurs de peuples entiers aussi bien ailleurs qu'en Europe où ils ont tenté
d'exterminer les juifs, d'esclavagistes, de colonialistes, de pillards, de voleurs récidivistes les armes au point, viennent vous parler des droits de l'homme, vous devez savoir qu'il y a escroquerie. Vous considérez les droits de l'homme, la liberté et la démocratie venant de l'Occident comme une arnaque que les Africains ne comprennent pas pour le moment. Entendez-vous par là les gouvernants ou les peuples ? C'est une arnaque pour deux raisons. Tout d'abord, l'Occident intrinsèquement individualiste, conquérant et dominateur ne peut œuvrer pour le bien d'autres peuples. Il suffit de faire un bon dans l'histoire mondiale ancienne et contemporaine pour s'apercevoir que l'Occident ne s'est jamais soucié que de son propre bien-être. Les rares moments où il a eu à partager ses réussites avec les autres se sont déroulés dans un rapport de force qui lui est défavorable ou marqué par un équilibre. C'est le cas, par exemple, de ses relations avec la Chine aujourd'hui. Ensuite, en s'octroyant la paternité de ces concepts, l'Occident s'autorise le pouvoir de s'immiscer directement dans les affaires intérieures des pays qui ne lui sont pas soumis. De ce fait, les Occidentaux s'accordent le monopole de l'exportation de ces notions par des injonctions, des pressions de toutes sortes et des guerres. Ces concepts sont des outils que l'Occident puise dans sa boîte à outils pour abattre des régimes insoumis. Dans cette boîte à outils, aux côtés de ces concepts, on trouve, pêle-mêle, le droit international, le discours humaniste, l'aide humanitaire, les ONG, les médias, la justice internationale, l'ONU, les organisations militaires telles que l'OTAN Les fameux réseaux sociaux à géométrie variable entrent également dans cette boîte à outils. Ces concepts dont nous parlions sont des alibis, des prétextes qui servent à l'Occident pour niveler le monde à sa mesure, s'offrir de nouveaux marchés, briser toute tentative d'émancipation qui ne veut pas s'inspirer du modèle occidental, détruire toute réflexion autonome au sein d'un pays, étrangler toute idée de répartition juste et équitable des biens au sein d'un pays et de contraindre des sociétés à abandonner leur culture. Au nom de la liberté, des droits de l'homme et de la démocratie, l'Occident tue la liberté, les droits et le choix des peuples. Tous ceux qui luttaient pour une Afrique autonome ont été chargés par la propagande occidentale d'être des communistes, ennemis de la «liberté» qui n'est que la liberté pour l'Occident de s'emparer des richesses de l'Afrique et, donc, des tyrans pour qui l'assassinat physique est l'issue. Dans les pays latino-américains, tous les régimes issus de la volonté populaire étaient et sont considérés comme des dictatures les plus féroces traquées et matraquées à longueur de journée par un Occident pour qui le tyran est celui qui veut que les richesses de son pays servent prioritairement à répondre aux besoins de ses habitants. Le tyran qui viole les droits de l'homme, la liberté et la démocratie c'est celui qui veut renégocier les contrats miniers de son pays avec les multinationales, c'est celui qui essaie de limiter la casse du libéralisme orchestré par l'OMC, le FMI, la Banque mondiale... Lorsque le vote d'un peuple ne correspond pas au vœu de l'Occident, il est antidémocratique ou alors c'est la fraude. Des exemples existent à profusion : Gaza avec le Hamas, l'Afrique avec des élections ici et là. Lorsque le vote est fraudé et entaché de violences les plus sanglantes en faveur du poulain de l'Occident, il est, selon la formule consacrée, «malgré quelques légers incidents qui n'entament pas son issue, libre, démocratique et transparente». On «prend acte des résultats» au nom du principe de la souveraineté qu'on nie aux autres et les diplomates et autres commentateurs occidentaux disent : «Pourquoi voulez-vous qu'on intervienne dans leurs affaires intérieures ? » ou «Si l'on intervient, on critique l'interventionnisme occidental, et si l'on n'intervient pas, on nous accuse d'inaction» ou encore «On ne peut leur demander d'accomplir en quelques dizaines d'années ce que nous avons, nous Occidentaux mis des siècles à construire.» Dans leur sphère immédiate, les Occidentaux refusent aux peuples ce qu'ils prétendent apporter à ceux qui sont à des milliers de kilomètres. On vient de le voir en Grèce, où l'ex-Premier ministre Papandreou a commis, selon les deux premières puissances de l'UE, le crime de vouloir demander l'avis de son peuple sur un accord qui prescrivait un traitement de choc à cette économie en faillite. De la même façon, les gouvernants qui livrent des guerres à d'autres pour soi-disant leur faire écouter la voix du peuple étaient ceux-là mêmes qui avaient contourné la vox populi concernant l'adoption du traité de Maastricht. Donc, aussi bien par omission que par commission, aussi bien dans son espace qu'ailleurs, l'Occident n'agite ces notions que pour répondre à ses intérêts et ceux de ses classes dirigeantes, toutes tendances confondues. Partout où l'Occident est intervenu au nom de ces notions, que les sceptiques ressassent l'histoire, le chaos total s'installe à l'intérieur avec un tyran qui organise parfaitement la canalisation des richesses du pays vers l'extérieur. Ce sont donc les peuples qui ne comprennent pas encore cet attrape-nigaud. C'est pour cela que des organisations dites de défense des droits de l'homme et de promotion de la démocratie fleurissent en Afrique avec le financement des Etats occidentaux, des multinationales, des fondations et des organisations dites internationales. Et en bénissant ces concepts que les Occidentaux portent à la bouche, les peuples attirent le loup dans la bergerie africaine. Sans doute leur restera-t-il la liberté et la démocratie, ainsi que le droit de compter les cadavres. Lorsque les peuples auront compris, ils chercheront des solutions endogènes aux problèmes auxquels ils sont confrontés au lieu d'appeler les loups surnommés «la communauté internationale» au secours. Récemment, Laurent Gbagbo a été «déporté» devant la CPI, des organismes des droits de l'homme ont salué ce transfèrement ; or, si l'on comptabilise les crimes commis par les Israéliens, les Américains, les Français, leurs leaders méritaient également de comparaître devant cette CPI. Pourquoi cette politique de deux poids deux mesures ? Cette situation s'explique par le fait que la CPI est une institution politique au sens propre du terme. La propagande veut la faire passer pour une justice. Malheureusement, des Africains toujours les premiers à être impressionnés par l'industrie du leurre occidental y croient vivement. Or, la CPI, qui n'est une justice que de nom, très sélective, cible et pourchasse certains hommes qui ne sont coupables de rien sauf d'avoir refusé de se soumettre au colonialisme et garantit l'impunité la plus absolue à de véritables criminels. La CPI distingue donc deux types de crimes : les mauvais, qui sont commis par ceux qui sont du mauvais côté ou qui s'opposent à l'Occident, et les bons, qui sont le fait de ceux qui sont du bon côté car ils sont Occidentaux ou leurs alliés. En plus de cette distinction, la CPI fabrique des crimes contre d'autres personnes que l'Occident entend punir. De par son origine, son financement et ses pratiques, la CPI montre bien qu'elle est une institution des pays que vous venez de citer. La quasi-totalité des ONG qui ont été créées ou activées pour lui donner un vernis citoyen parrainé par l'ONU sont fondées ou financées par l'Union européenne, le gouvernement britannique, la NED, c'est-à-dire la CIA, Open Society la fondation de George Soros qui se décline en Afrique par OSIWA, OSF-SA, OSISA et OSIEA. L'inénarrable Luis Moreno Ocampo, le fameux procureur de la CPI, qui a connu des accusations d'abus sexuels de la part d'un de ses collaborateurs, a été enseignant aux universités de Stanford et de Harvard, consultant à la Banque mondiale et aux Nations unies puis membre consultatif de Transparency international dont il a présidé la délégation Amérique latine. On comprend donc le canevas idéologique de cet homme qui n'a durant tout son mandat donné au crime contre l'humanité que le visage noir des Africains triés soigneusement sur le volet. L'Afrique, c'est le continent le plus riche de la planète, avec une profusion de ressources naturelles, mais aussi 57% de personnes vivant sous le seuil de la pauvreté, c'est-à-dire avec moins d'1,25 dollar par jour. Comment expliquer cette contradiction ? Cette contradiction s'explique par le fait que l'Afrique continue d'être un continent colonisé dont les richesses nourrissent d'autres peuples. Il n'y a pas d'Etats en Afrique pour organiser l'économie et l'orienter vers la résolution des problèmes endogènes. Il existe dans chaque espace délimité un semblant de territoire, une population, mais pas un pouvoir organisé. Ce dernier est institué et organisé pour drainer les ressources africaines vers d'autres cieux. L'Afrique est confrontée à ce que vous décrivez car elle est un continent extraverti, son économie est une économie coloniale conduite à produire ce qu'on lui demande et non ce qui correspond aux besoins de son peuple, son système éducatif, une construction coloniale, produit une cargaison des cadres aliénés, des cadres encadrés dont les rêves les plus fous sont non pas de transformer l'Afrique à partir de ses valeurs intrinsèques, mais plutôt de maintenir et de vulgariser la version falsifiée de l'histoire africaine, de violer le peuple noir, de lui imposer toutes sortes de greffes ou de travailler dans des institutions dites internationales qui ont toujours œuvré contre l'Afrique, à savoir l'ONU, l'UE, la Banque mondiale, le FMI, l'OMC… Bref, cette «élite indigène» désire ardemment s'emparer du costume des hauts fonctionnaires qui mystifient leur monde par ce qu'ils considèrent comme un brillant parcours ou une réussite extraordinaire. Pour monter les étages de ces proto-Etats et conserver ses petits privilèges, cette
«élite indigène», fière de son statut, immobilise tout le reste de la société. L'école africaine, qui confirme cet état de chose, ne donne à l'Africain ni les bases théoriques nécessaires à la compréhension de ses problèmes, encore moins les outils pour les résoudre. Elle déprogramme l'Africain dès le bas âge, le reprogramme contre lui-même. Une reprogrammation consolidée par le catholicisme colonial qui chemine avec un protestantisme acculturateur et un islam rabougri, perturbateur et qui, en terre africaine, ne s'illustre que par la consommation effrénée du mouton et le cérémonial de la prière incessante. Ces religions importées à coups de canon, d'épée et de ruses de la «bonne nouvelle» et du «salut» sont concurrencées par un mouvement évangélique «born-again» financé par l'axe américano-israélien qui ajoute de la confusion à la confusion dans une ambiance de show américain avec des pratiques mystificatrices servant à racketter des populations médusées dont les pensées sont orientées vers un paradis dont l'accès est conditionné par la pauvreté sur Terre. Tout ceci fait que les Africains ne maîtrisent pas du tout leur espace dont ils ont perdu d'ailleurs la possession depuis des millénaires si nous remontons à l'Egypte pharaonique. Que faudrait-il faire pour inverser la situation ? Lorsqu'on ne maîtrise pas son espace, on ne peut le transformer. La condition sine qua non pour remédier à ce drame, c'est de comprendre que l'Afrique n'est pas africaine. Qu'elle n'est en rien indépendante et que les Africains, qui ne décident de rien du tout, vivent sur des territoires qu'ils ne maîtrisent pas. Mais déjà ce premier constat est nié et combattu farouchement par quelques Négro-Africains trépanés dans les écoles et universités occidentales. Ceux-ci le font soit par naïveté, soit par intérêt. Et quels intérêts ? Des miettes qui tombent de la table des maîtres au travers du financement du business associatif ou des miettes du pouvoir colonial que ces Négro-Africains gèrent. Or, sans ce diagnostic, les solutions à prescrire seront du cautère appliqué sur une jambe de bois. Donc, il faut poser clairement le diagnostic et aboutir à la conclusion que l'Afrique demeure sous colonisation. Pour preuve, elle produit toujours des matières premières contre des produits finis et dans les deux cas les prix ne sont pas fixés par elle. Elle subit des guerres coloniales, son système monétaire est contrôlé de l'extérieur… Une fois ces faits établis, il faut dire aux Africains que le développement est impossible dans des cadres étatiques extravertis, cloisonnés et construits à la conférence de Berlin entre 1884-1885 pour résoudre les problèmes liés aux rivalités entre pays occidentaux impérialistes. Qu'en conséquence seule une insurrection générale qui démolira ces proto-Etats pour les reconstruire sur les valeurs négro-africaines passées à la loupe de notre douloureuse histoire, avec une idée fédérale comme principe et des outils de défense des plus robustes peut sortir l'Afrique de la misère imposée à elle. Mais pour y arriver, il faut former et informer les Africains, les organiser efficacement. N'est-ce pas sous un leadership éclairé et courageux, les peuples les plus médiocres ont pu faire des bonds dans l'histoire et qu'en conséquence l'attitude typiquement négro-africaine qui nous pousse à haïr, à détester et à isoler celles et ceux de nos enfants qui sont lucides et capables d'imprimer un rythme de marche, relève de la folie qui conduit au suicide. C'est uniquement sous un leadership capable que nous relèveront la tête et, dans ce cas, il faut dénoncer les mesquineries qui nous minent, braquer la torche sur les petits coups bas, éclairer les petits arrangements nocturnes pour isoler, détruire ou court-circuiter les gens les plus vaillants parmi nous et saboter les initiatives les plus audacieuses, ne plus confier aux plus incapables mais qui par la ruse et le torpillage des autres accaparent des tâches qu'ils se précipitent à couler dans l'immobilisme le plus paralysant. C'est dans cet ordre d'ailleurs que nous avons lancé depuis février 2005 l'idée d'un Front africain contre le néocolonialisme (FAN) qui, au regard des évènements récents, est plus que nécessaire. Ce n'est que suite à un bouleversement de cet ordre immobile établi entraînant une maîtrise effective du sol africain que les Africains pourront construire une économie conforme à leurs besoins et à leurs aspirations. Pour vous, l'Union africaine telle qu'elle existe aujourd'hui est le symbole palpable d'une Afrique sabotée. Par qui ? L'Union africaine dans sa forme actuelle est la forme la plus perfectionnée de la non-Afrique. Car, l'idée d'une unité continentale telle qu'elle a été envisagée par Nkrumah, Sekou Touré, Nasser, Modibo Keita, Olympio et bien d'autres était assassinée dès lors que le groupe de Monrovia s'était joint au groupe de Brazzaville. Ce dernier étant, par origine et par destination, un outil de la France, lorsqu'il a rejoint le groupe de Monrovia, a fait naître une organisation continentale tronquée, inefficace, absolument parasitaire et paralysante. Les idées du groupe de Casablanca, plus en conformité avec l'esprit des pères fondateurs du panafricanisme sont ainsi mises en minorité et tuées. Quelles seraient d'après-vous les conséquences de l'Africom pour le continent africain ? Africom est le dispositif militaire que les Européens qui occupent les terres indiennes d'Amérique ont conçu pour encadrer l'Afrique. Ce commandement militaire opère actuellement depuis Stuttgart en Allemagne. En dépit de toutes les explications des responsables d'Africom notamment celles de son premier commandant, un général noir – la précision vaut le coup – nommé William Ward qui est remplacé depuis mars 2011 par le général Carter Ham qui veulent le faire passer pour inoffensif et l'intérêt des Africains, ce déploiement militaire a et aura trois conséquences majeures. Il vise avant tout à renforcer la présence des Européens occupant l'Amérique en Afrique et donc à agrandir leur sphère d'influence politique. Ce qui signifie qu'ils influenceront plus directement et plus lourdement la politique en faisant des coups d'Etat, des guerres et du contrôle direct des populations. Ils auront des troupes et leur commandement à portée de la main comme la France qui, avec ses bases militaires au Gabon, à Djibouti et au Sénégal ainsi qu'avec des opérations extérieures (opex) fait des guerres, opère des changements de régime, soutient les régimes qui défendent ses intérêts contre le peuple et contrôle les populations. Ensuite, Africom vise à sécuriser les sources de matières premières nécessaires à l'économie des USA, en particulier le pétrole, dont l'importation aux Etats- Unis devrait, selon les termes mêmes de la CIA, supplanter en volume dans les dix prochaines années celles en provenance de l'Arabie saoudite. Ce qui veut dire que les ressources africaines vont échapper davantage aux Africains qui contrôleront encore moins leur espace qui leur a déjà énormément échappé. Enfin, et ceci n'est pas la moindre des conséquences, ce commandement militaire visant à contenir l'influence chinoise sans cesse grandissante en Afrique, entraînera une rivalité qu'on peut qualifier de choc des titans et dont les victimes ne seront que des africains.


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