Il faut continuer à subventionner les produits agricoles ou de large consommation, c'est-à-dire le pain, le lait et dernièrement, en 2011, le sucre et l'huile, estime Rachid Benaissa, ministre de l'Agriculture et du Développement rural, dans un entretien accordé à la Chaîne III de la Radio nationale dont il était l'invité de la rédaction. C'est une volonté de protéger les revenus du consommateur et de participer à la politique nutritionnelle arrêtée par les pouvoirs publics depuis longtemps, explique-t-il. C'est une question de fonds, dit-il. Exemple : quand l'Algérie a décidé, dans sa politique nutritionnelle, de faire du lait un produit de large consommation, c'est une décision souveraine, fait remarquer le ministre. Le lait doit, donc, être disponible à des prix abordables dans toutes les contrées du pays pour l'ensemble de la population. C'est un choix qu'il est important de maintenir, souligne-t-il. Idem pour le pain, dit-il. Il rappelle que la politique sociale du pays s'exprime dans la volonté de participer à protéger les revenus des citoyens et en même temps développer la production nationale. Ces apports de l'Etat doivent être mieux gérés, ajoute-t-il. C'est aussi la conclusion de la commission d'enquête de l'Assemblée populaire nationale sur le marché du sucre et de l'huile. Le ministre dit partager cette démarche. Il faut en débattre, ajoute-t-il. Il rappelle, à ce propos, le grand recentrage opéré en 2008. Avant 2008, le dogme qui dominait était que le marché allait tout régler, qu'il s'auto-régulait lui-même, etc. Il y a eu la crise alimentaire mondiale et la question s'est posée à tout le monde à propos de la régulation, rappelle le ministre. D'où, fait-il observer, le retour à l'idée que pour réguler, il faut réhabiliter les offices interprofessionnels, il faut réhabiliter certaines unités de production, il faut lutter contre le monopole. C'est cette politique de recentrage qui a été exposée par le président de la République en juillet 2008 devant les présidents d'APC. Rachid Benaissa précise que l'enveloppe des subventions qui passe par le ministère de l'Agriculture, pour 2011, s'élève de 160 à 170 milliards de dinars, 110 à 120 milliards de dinars pour le soutien au blé et le reste pour la poudre de lait importée et livrée à des transformateurs qui ensuite mettent le sachet de lait sur le marché à un prix subventionné de 25 DA le litre. En ajoutant les 100 milliards de dinars donnés annuellement directement au soutien à la production agricole, on atteint les 300 milliards de dinars, précise-t-il, mais là, ajoute-t-il, il ne s'agit pas du soutien aux prix à la consommation. L'objectif, fait-il savoir, est que ce soutien qui va aux prix des produits importés aille à la production nationale, c'est tout l'enjeu de la politique de renouveau agricole et rural. Cette politique est construite pour répondre, par nous-mêmes, à la crise alimentaire mondiale structurelle qui aura encore des retombées sur les deux années à venir, souligne-t-il, par la mise en place des systèmes de régulation, y compris les cellules de veille ainsi que le développement de l'industrie agro-alimentaire. Il y a, dit-il, une prise de conscience pour la sécurité alimentaire nationale, pour renforcer la prise de décision souveraine, pour la paix sociale. Il cite l'expérience d'El-Goléa sur la production de maïs. Autre information livrée par le ministre : 500 000 constructions rurales ont été réalisées durant 2005-2009 et 900 000 sont en cours, avec l'activité sociale et économique de ces constructions .