A la question de la "tendance à l'achat massif des céréales" dont on accuse la politique alimentaire algérienne au regard des dernières acquisitions de 200 000 tonnes de blé dur importées récemment et une prochaine livraison de 500 000 autres tonnes de blé dur, M. Benaissa Rachid, ministre de l'Agriculture et du Développement rural, l'a attribué à la nécessité de la constitution de stock stratégiques, chose qu'il est loin de considérer comme exceptionnelle. "Elle n'est pas une demande exceptionnelle ", dira-t-il, ajoutant que celle-ci s'inscrit dans une politique sociale visant à protéger les consommateurs algériens. " Ce sont là des mesures pour sauvegarder la cohésion sociale ", dit-il. Au-delà de cette entreprise d'achat de la paix sociale, le ministre a mis l'accent, durant son passage au Forum El Moudjahid hier, sur la nécessité de développer toutes les régions du pays loin soient-elles, en se focalisant sur toutes les richesses humaines et naturelles que compte le pays. " Le développement ne peut être durable et complet que s'il touche toutes les régions, sans exclusion aucune ", dit-il niant, dans ce sens, le fait qu'il puisse y avoir " des régions sans avenir ", mais, celles-ci, " si elles existent, le seraient par manque ou absence de projets ". Il a insisté, à cet effet, sur la nécessité de la mise à profit de toutes les compétences nationales, à commencer par " le fellah qu'il faut tirer de son isolement imposé, en premier, par la nature de son métier ". Dans le même contexte, il a plaidé, en mettant la lumière sur le manque flagrant dans l'animation dans le secteur agricole, pour une " pression " sur les encadreurs qui doivent aller vers le petit producteur et de là " découvrir les capacités et les potentialités existantes ". Pour ce qui est, de l'intervention de l'Etat dans le secteur, M. Benaissa dit préférer, " de loin ", l'accompagnement des investisseurs et les intervenants dans le secteur agricole que " la subvention ", qui (l'accompagnement) rime mieux avec la politique du renouveau rural, qui " repose sur l'écoute des vrais agriculteurs et la " réconciliation " avec les capacités et les compétences, ainsi qu'avec tous les moyens dont dispose le pays. " La modernisation, la protection des richesses et celle du patrimoine naturel, sont, selon le ministre, les socles du développement durable qui doit s'appuyer sur l'harmonisation et la conjugaison des efforts des uns et des autres ". Préférant se positionner sur un plus ou moins long terme, il qualifiera de " conjoncturels les différents problèmes et contraintes que vit le secteur ". Concernant le renouveau agricole auquel l'on a consacré une enveloppe annuelle de 200 milliards de dinars, décidé par le Président de la République, le ministre du secteur assurera qu'il ne peut se faire sans le " recentrage des efforts sur les créateurs des richesses ", mais reconnaîtra qu'il y ait des divergences d'intérêts entre les agriculteurs les industriels et les acteurs de l'agro-alimentaires en prônant un système de régulation propagé à toutes les filières et les produits, ainsi que la réhabilitation du fellah. " La régulation est un sujet actuel dans le monde entier et s'impose à tous les pays qu'ils soient développés ou non ", dira-t-il. Concernant la production de la betterave sucrière en Algérie qui a longtemps alimenté les chroniques et dont le ministre lui-même avait promis le développement de la culture dans le cadre du renouveau agricole et rural, il dira tout juste que les conditions n'étaient pas encore réunies et que " la conjoncture ne l'a pas permis ". il assurera, néanmoins, le fait que " nous devons produire de tout si l'on veut assurer notre sécurité alimentaire" omettant néanmoins d'expliquer la déstructuration et la fermeture des Enasucre qui devaient justement investir dans la production de la betterave sucrière. Sur un autre sujet très actuel qui est la filière lait, il refusera de parler de " pénurie " de ce produit attribuant les manques enregistrés au dysfonctionnement dans la distribution, " ce qui a nécessité quelques temps pour la réorganisation de la filière ". Assurant " encourager tout acteur pouvant apporter un plus à la filière ", il s'insurgera contre le diktat des transformateurs qui désirent le beurre et l'argent du beurre. C'est là, probablement la manière du ministre de l'Ariculture d'exhorter ces derniers à se conformer aux lois et cesser de faire cavalier seul, puisque le produit est, à grande échelle, subventionné par l'Etat. Concernant les dernières mesures prises par le ministère du Commerce qui, de l'avis de tous, encouragent l'importation et pénalisent les producteurs locaux, notamment celles ayant trait à la défiscalisation de l'importation des produits suffisamment en Algérie, le ministre de l'Agriculture, tirera le terroir la loi sur la concurrence stipulant l'interdiction de la détention de plus de 40% des parts du marché. Par ailleurs et dans le cadre de la régulation, le ministre annoncera la constitution de conseils interprofessionnels à l'instar des 6 conseils pour les céréales et les 9 pour la pomme de terre. Ces conseils, dira-t-il, seront des espaces de discussion et de concertation entre les différents acteurs intervenants dans toute la chaîne production/transformation/distribution.