Le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, M. Rachid Benaïssa, a défendu mardi le maintien de la subvention par l'Etat des produits de large consommation, en insistant toutefois sur la nécessité de ''mieux gérer ce soutien''. ''Oui, nous pensons qu'il faut continuer à subventionner les produits de large consommation'', a affirmé le ministre à la radio nationale, en réponse à une question sur la nécessité de ce soutien au vu des sommes importantes dégagées par l'Etat annuellement pour soutenir le pouvoir d'achat des consommateurs. Soutenir les produits de base (lait, pain, huile de table et sucre) ''relève d'une volonté de protéger les revenus du consommateur et de participer à la politique nutritionnelle arrêtée par les pouvoirs publics depuis longtemps'', a souligné le ministre. M. Benaïssa intervient en fait deux jours après la publication du rapport de la commission d'enquête parlementaire sur la pénurie de certains produits de large consommation au début de l'année. Ce rapport sur la pénurie et la hausse des prix de certains produits de large consommation a conclu que des dysfonctionnements liés à la "mauvaise" organisation du marché national et la "non maîtrise" des mécanismes d'importation et de distribution étaient les principales causes de la pénurie de ces produits enregistrée début 2011. ''Maintenant, faut-il mieux gérer ces apports de l'Etat? Oui'', estime encore M. Benaissa, qui a relevé que ''beaucoup de mesures ont été prises dans ce sens et beaucoup d'autres doivent l'être''. La commission parlementaire a également estimé dans son rapport que ''la prise en charge, par l'Etat, de la subvention des produits de large consommation est une nécessité impérieuse dictée par la sécurité nationale et l'intérêt du pays (à). La préservation de l'argent public et son utilisation rationnelle est une question liée à la bonne gouvernance et à l'avenir des générations futures''. Elle recommande par ailleurs ''d'ouvrir un débat national pour la révision des méthodes de gestion des ressources financières destinées au soutien du pouvoir d'achat de la couche sociale ciblée ainsi que les secteurs économiques productifs afin de créer une concurrence loyale en vue de créer de la richesse et d'améliorer la sécurité alimentaire''. L'Etat consacre annuellement 300 milliards de DA (mds) au soutien des produits de large consommation dont 160 à 170 mds de DA consacrés au lait et aux blés et 100 mds de DA au soutien de la production agricole, indique M. Benaissa. Selon le ministre, cette enveloppe, gérée par son secteur, a pour objectif d'arriver graduellement à ce que ce soutien qui va aux produits importés aille au produit national. ''C'est tout l'enjeu de la politique du Renouveau agricole et rural'', a-t-il dit. ''L'Algérie avait pris une décision souveraine de faire du lait un produit de large consommation parce que la protéine la moins chère se trouve dans le lait. Nous pensons qu'il est important de maintenir cette politique'', a insisté M. Benaïssa. Il a estimé, dans ce sens, que le rapport de la commission est ''tellement important qu'il vient conforter fortement un grand recentrage qui a eu lieu en Algérie en 2008 en plein crise alimentaire mondiale''. Avant 2008, ''la logique disait que le marché allait tout réguler. Mais le monde s'est rendu compte de la nécessité de créer des mécanismes de régulation au niveau national comme les offices et le soutien des entreprises nationales'', a-t-il expliqué. Interrogé sur la hausse de la facture céréalière en 2011, qui a atteint 3,1 mds de dollars durant les neuf premiers mois de l'année, M. Benaissa l'a expliqué par la hausse des prix sur le marché international et par les achats importants effectués par l'Algérie compte tenu de la conjoncture sociale traversée par le pays en 2011. Cette augmentation s'explique également par le fait que l'Algérie avait modifié son système d'achat de céréales en anticipant ses commandes sur le marché ainsi que par le besoin de constituer ses stocks stratégiques lui permettant d'être à l'abri d'une éventuelle pénurie. Selon lui, l'Algérie est ''en train d'améliorer son système de régulation, d'autant que la crise alimentaire mondiale est devenue structurelle''. ''Toute la politique du renouveau agricole et rural est venue comme réponse à cette crise, donc il faut compter d'abord sur nous même'', a t-il ajouté.