La visite qu'effectue, depuis hier à Alger, le chef de la diplomatie marocaine, même si elle intervient en réponse à l'invitation de son homologue algérien, Mourad Medelci, s'inscrit dans le sillage des déplacements effectués entre les deux capitales par des responsables marocains et algériens, et des opérateurs économiques. Si beaucoup d'encre a coulé des deux côtés sur la visite du ministre marocain, M. Othmani, bien avant son arrivée, hier à Alger, les lectures des uns et des autres sur la teneur de cette visite ont porté sur deux niveaux. La perspective d'un dégel dans les relations bilatérales entre Rabat et Alger pour certains s'appuyait sur l'argumentaire économique dont l'intégration maghrébine via la relance du rôle effectif de l'UMA. Ceci au moment où d'autres inscrivaient la visite du chef de la diplomatie marocaine et ses entretiens avec les responsables algériens sur la perspective de consolider ce qui a été déjà accompli récemment dans certains secteurs économiques, sans plus. Pour ces observateurs, les divergences de fond et d'ordre objectifs entre Rabat et Alger en vue de leurs approches politiques respectives sur des questions, d'ordre bilatéral, régional et international rythment la teneur limitée dans leurs relations bilatérales. La visite à Alger du nouveau chef de la diplomatie marocaine dans le nouveau gouvernement de Benkirane, intervient après celle effectuée par son prédécesseur à ce poste en 2003, à savoir M. Benaïssa. Aussi la visite de Orhmani qui s'achève aujourd'hui, intervient à quelques jours après la nomination de son prédécesseur dans l'ex-gouvernement, au poste de conseiller du Roi Mohamed VI et la lecture de déclaration de politique générale par M. Benkirane, jeudi dernier, devant le Parlement marocain. Si au cours de sa campagne électorale, M. Benkirane a fait état de la possibilité de son parti à hisser à 7% la croissance dans le royaume et dans sa déclaration de politique générale devant le Parlement, il a fait état de 5,5%. Ce qui renseigne amplement sur la complexité des défis posés à l'équipe de Benkirane faisant face à une situation socio-économique déjà difficile qui s'est accentuée par les effets gravissimes directes et indirectes de la crise économico-financière qui touche principalement ses partenaires traditionnels, la France et l'Espagne et l'UE en général. Par son secteur touristique, le Maroc tout en générant des profits considérables, arrivait aussi à offrir des postes d'emploi, une situation qui a tendance à enregistrer un recul au rythme d'une régression du nombre de touristes, principalement des occidentaux qui ont vu leur niveau de vie chuter à cause de la crise économique et ses effets. Une donne qui est au cœur des nouvelles orientations de Rabat et ce bien avant l'arrivée du Benkirane, illustrée par son adhésion au conseil de coopération des pays du Golfe dont l'un des objectifs fixés est de combler le recul du touriste occidental par le touriste en provenance des pays du Golfe. En attendant, il est notamment question de miser sur le touriste algérien, principalement habitué à se rendre en Tunisie, en pleine mutation enregistrant des tensions de contestation sporadiques. L'appel de Rabat, en direction de son voisin de l'Est, pour l'ouverture des frontières terrestres, fermées par Alger, n'est pas à l'ordre du jour selon Alger. A la veille de son arrivée, le ministre délégué en charge des Affaires africaines et maghrébines, a sur cette question, souligné dans une déclaration à la presse «c'est une question qui n'a pas été évoquée lors des différentes réunions entre les parties algérienne et marocaine» selon Abelkader Messahel. Tout en indiquant plus loin que la réouverture des frontières terrestres entre le Maroc et l'Algérie «trouvera sa solution un jour». Il est à rappeler qu'Alger a pris la décision en 1994, de fermer les frontières terrestres avec le Maroc en réaction à la décision unilatérale de Rabat, d'instaurer les visas aux Algériens. Suite à quoi, des années après, le Palais royal évoque dans ses appels pour l'ouverture des frontières, son souci des liens fraternels qui lient les deux peuples, algérien et marocain et aussi pour l'intégration régionale, faisant fi par ailleurs des dossiers lourds devant être au préalable traités avec une réelle volonté politique pour y parvenir efficacement. Il est utile de noter que les retombées de la place qu'occupe le Maroc sur la scène internationale, selon des organismes internationaux spécialisés, le mettant au premier rang des pays producteurs du kif est synonyme d'inquiétudes et de préoccupations réelles pour l'Algérie. Ce qui ne peut laisser Alger indifférente sur la question au vu des retombées et des risques qu'encourt notre pays et voire la région entière, par l'écoulement de la production du kif marocain. Si Alger et Rabat affiche une volonté politique en vue de renforcer leurs relations bilatérales, ceci est loin d'être un objectif à atteindre à travers la visite de deux jours, à Alger, du chef de la diplomatie marocaine. Et le rythme de la coopération économique entre les deux pays reflètera la teneur du dialogue politique divergent entre Rabat et Alger sur des questions de fond. Ce qui a été rapporté par M. Othmani dans ses propos tenus hier, à son arrivée à l'aéroport international Houari Boumedienne déclarant «nous ne pourrons pas tout trancher lors de cette visite ni de discuter de tous les programmes».Aussi, il est à noter que M. Othamni rencontrera aujourd'hui le chef du MSP, en marge de sa visite officielle qui s'achève aujourd'hui, l'occasion pour Bouguerra Soltani de féliciter de vive voix son homologue du PJD après ses félicitations exprimées au mouvement Ennahada de Tunisie lors de sa victoire aux élections de l'Assemblée constituante.