Les réserves de change de l'Algérie sont en hausse cette année, grâce à l'enregistrement d'un excédent de la balance commerciale de plus de 26,93 milliards de dollars, contre 16,58 milliards de dollars en 2010, ce qui a permis de porter les réserves de change à 176 milliards à la fin du mois de septembre 2011 ; d'après un communiqué de la Banque centrale d'Algérie l'excédent de la balance des paiements en terme de recettes est le deuxième plus important jamais réalisé après celui de 2008. Une augmentation de 62,46% en une année est venue reposer le problème de la rentabilité de ces fonds souverains, et du choix de leur placement en monnaies étrangères. Nous savons que l'essentiel des réserves en devises sont placés en T Bonds du Trésor américain ou en Europe dans des placements garantis par les Etats. Jusque-là il n'y a pas de quoi s'inquiéter, sauf que la crise économique frappant ces deux continents remet sur la table la question de la sécurisation de ces placements. Les risques de faillite de certains pays avec l'aggravation de la crise de l'endettement sont bien réels, plus particulièrement dans la zone euro dans un contexte de crise économique mondiale. Deux problèmes se posent : l'un est relatif à la rentabilisation et l'autre à la sécurisation. Un de nos partenaires économiques des plus importants, la France, vient de perdre son triple A, pas seulement puisque l'Espagne, l'Italie, la Belgique et la Grande-Bretagne se préparent à entrer en récession avec l'aggravation de la crise de l'endettement public. Certes, les marchés financiers continuent à permettre à ces pays, ainsi que pour les Etats-Unis de lever des fonds sans difficulté, mais l'obstacle, c'est que les emprunts selon le pays sont bien plus chers, ce qui contribue à alourdir la dette. La baisse des taux d'intérêt reste très discutable car ils se sont faits sur la base de taux usuraires dépassant pour certains pays les 6% et les 7%, alors que l'Allemagne n'est imposée que de 1,88% sur 10 ans. La France a un taux qui dépasse les 3,14%, et nous n'évoquons pas encore les cas des autres partenaires économiques de l'Algérie que sont la Grèce, le Portugal ou l'Irlande susceptibles d'être en défaut de paiement d'un moment à l'autre. La probabilité d'une faillite généralisée est plus que jamais d'actualité. Les besoins en liquidités pour le FMI et pour les banques ne cessent de croître. Le Mécanisme européen de stabilité a besoin de 1 000 milliards d'euros pour contrer les actifs toxiques déjà en circulation ou en phase de placements, ce qui à terme risquerait de provoquer un effondrement des monnaies, donc des économies. Une crise majeure n'est donc pas de la fiction, avec l'affichage d'un défaut de paiement qui serait consécutif à des hausses des taux d'intérêt et à un ralentissement des investissements porteurs à maturation lente, d'où l'impérieuse nécessité pour les pays qui ont des excédents en monnaies de change de contribuer à aider les économies tributaires des crédits. Basés sur la consommation et le crédit, l'Europe et les USA restent des partenaires économiques essentiels pour le reste du monde. Les placements d'argent peuvent se faire de manière très diversifiée. En 2010, les placements de nos réserves de change à l'étranger ont rapporté 4,60 milliards de dollars, représentant plus de deux fois et demie les recettes des exportations hors hydrocarbures pour l'année 2011. En 2008, ces mêmes placements ont rapporté plus de 5 milliards de dollars. Parallèlement à la bonne tenue du solde global des paiements de l'Algérie, qui a atteint 9,11 milliards de dollars, soit un rythme de 4 milliards de dollars par trimestre. Cette performance, le gouverneur de la Banque d'Algérie (BA), Mohamed Laksaci, la doit à la hausse des recettes d'exportation des hydrocarbures qui, à la faveur de l'augmentation des prix sur le marché international, passent de 27,6 milliards de dollars au 1er semestre 2010 à 35,85 milliards de dollars à la même période de l'année 2011. Si en valeur, le pétrole et le gaz exportés ont connu une hausse, leur volume, en revanche, a subi une diminution de 3%. Incompréhensible Ce qui apparaît comme incompréhensible dans le calcul de la parité du dinar par rapport aux principales devises, c'est qu'avec une augmentation du PIB de plus de 2% en 2011, et dans le même laps de temps le fait que l'Algérie a enregistré une hausse de l'épargne financière des ménages, et des entreprises privées, sans que soit prise en compte la masse de réserve en or et en droits de tirage spéciaux (DTS), le dinar perd au change. A en croire la Banque centrale d'Algérie : «Le cours du dinar s'est apprécié par rapport au dollar pendant qu'il s'est déprécié vis-à vis de l'euro», précisant que les paiements extérieurs se font à concurrence de 45% en euro contre 51% en dollar. «En moyenne, sur le 1er semestre 2011 en comparaison à la même période de l'année 2010, le taux de change effectif réel du dinar s'est légèrement déprécié à 1,33% après une appréciation de 2,6% en 2010». Ce que M. Laksaci ne nous dit pas, c'est comment au moment même où les deux monnaies occidentales connaissent de significatives érosions, et un ralentissement de l'activité économique, la nôtre, en dépit de la croissance, de l'augmentation du PIB, recule, alors que la logique aurait voulu une bien meilleure appréciation du dinar pour nous garantir un taux de change conforme à la santé économique de l'Algérie. Si la valeur des richesses créées se comprime, pourquoi alors inciter les Algériens à faire plus d'efforts quand ils doivent payer au prix fort, donc travailler encore davantage pour acquérir les produits notamment importés. Comment réduire le fossé séparant les pays riches des pays pauvres en terme d'élévation du niveau de vie, si, en dépit des déséquilibres budgétaires chroniques des nations supposées riches, accusant des disparités importantes de leurs revenus gardent des privilèges disproportionnés dans les échanges avec les nations en voie de développement. Les dirigeants politiques, les économistes et les chercheurs devraient se mobiliser pour ouvrir un débat sur les risques que courent le monde non seulement sur l'éventualité d'une récession mondiale, mais également sur un système de calcul des valeurs monétaires qui ne repose sur rien de sérieux, et de crédible. Toutes les opinions officielles soutenant qu'une réévaluation du dinar pousserait à une incontrôlable poussée inflationniste sont aujourd'hui démenties par une dévaluation qui a généré une inflation, et une baisse de la consommation. Il y a lieu dès lors de s'interroger sur les nécessités de faire fructifier les fonds souverains algériens à l'étranger quand des pays moins nantis possédant des économies faibles comme celles de nos voisins possèdent des monnaies autrement plus fortes en terme de pouvoir d'achat sur les marchés internationaux. Le dinar tunisien est proche de l'euro (1 euro-1,9042 dinar tunisien), la monnaie marocaine se change à 1 euro pour 11,1476 dirhams, alors qu'1 euro est à 130 dinars. Un tel écart est proprement scandaleux quand on sait que les finances tunisiennes ont un pied dans le précipice.