Sont-ce les Américains qui imposent à leurs alliés et à leurs supplétifs le cadre de la réflexion stratégique, et donc les concepts qui structurent celle-ci ? Ceux qui ont la haute main sur la réflexion stratégique sont ceux-là même qui influencent les gouvernants. Ce sont les producteurs américains des stratégies au service de leurs pays qui ont diffusé des idées de façon à justifier des frappes qui servent leurs intérêts. Rappelons les contre-vérités américaines reprises dans le monde à propos de l'Irak. Etat voyou, armes de destruction massive, gazage des populations, quatrième puissance militaire mondiale, liens avec Al-Qaïda… Aucun pays arabe ne doit se considérer hors de toute menace de ce genre, même s'il vendait son âme aux puissances occidentales. Quadrature du cercle. Plus les Etats-Unis et à un degré moindre l'Union européenne disent renforcer la coopération internationale contre le terro-risme, plus il apparaît que celui-ci se donne les moyens d'augmenter sa réaction sur le terrain, celui où les groupes mobiles et clandestins s'assurent une supériorité opérationnelle, à savoir les prises d'otage. C'est sur ce terrain que les pays occidentaux accusent leur extrême faiblesse. Accepteraient-ils de ne pas prendre en compte leurs opinions publiques qui exigent le retour de leurs concitoyens pris en otage, et ce, quels qu'en soient les moyens ? La focalisation mon-diale sur le Sahel et sur les pays arabes donne l'impression que le sort du terrorisme et celui de la sécurité énergétique mondiale se jouent dans ces deux espaces.