S'il y a bien une disposition, même votée à l'ONU, qui sera susceptible de bien de divergences, c'est bien celle qui criminalise le paiement des rançons contre la libération des otages. Les Etats ne répondent pas tous de la même façon. Ceci d'une part. Les pays démocratiques ont une autre conception de la vie de leurs citoyens que les pays autoritaires. Les premiers sont près de leur opinion publique et les pouvoirs en place s'investissent de la mission de sauvegarder la vie de leurs citoyens quel qu'en soit le coût. Leur opinion publique est d'autant à respecter que les gouvernants tiennent leur pouvoir du choix de leurs peuples et que ces pays sont constamment en campagne électorale ou en publication de sondages de popularité. D'autre part, que signifie criminaliser le paiement des rançons, ou plutôt quelles sont les limites de l'exercice de cette criminalisation ? Criminaliser signifie soumettre au pénal. Comment sanctionner par exemple une puissance occidentale qui se soumettrait au chantage du paiement de la rançon ? La prise en charge de cette criminalisation n'est pas prévue à deux niveaux. D'abord, qui doit initier le processus de sanction ? Quelles sanctions ? Qui doit sanctionner ? Il est sûr qu'un petit pays, africain par exemple, subira la sanction en cas de paiement de la rançon, mais qu'en serait-il de la France, de la Grande-Bretagne, de l'Allemagne, des Etats-Unis, si ces grandes puissances acceptaient de payer des rançons ? Le débat n'a pas porté sur les implications d'une violation de la disposition votée aux Nations unies. Parler du terrorisme est toujours d'actualité tant que les «racines du mal» ne sont pas extirpées. Quand on apprend que des puissances étrangères qui prétendent lutter contre le terrorisme par tous les moyens entretiennent des contacts et des négociations avec le terrorisme dénommé Al- Qaïda au Maghreb pour contribuer à son financement en échange d'otages, il y a de quoi craindre que le terrorisme sera tout le temps entretenu. Pourquoi alors ne pas croire que ce sont les grandes puissances qui «fournissent» des otages aux terroristes puis leur fournissent de l'argent pour récupérer leurs ressortissants ? Ainsi, le terrorisme peut être entretenu pour des raisons d'intérêts.