L'eau c'est la vie, dit l'adage. Cette modeste contribution est une synthèse de nombreux rapports internationaux qui posent la problématique de la gestion de l'eau qui peut être un facteur de tensions planétaires, voire de graves conflits, au milieu du XXIe siècle. Risque de pénurie d'eau dans le monde Au plan mondial, la question de l'approvisionnement en eau devient chaque jour plus préoccupante. Le constat unanimement partagé est simple : déjà précaire dans certaines régions du globe, la situation ne pourra qu'empirer dans les années à venir. Le formidable essor démographique que va en effet connaître notre planète dans les vingt-cinq prochaines années va nécessairement s'accompagner d'une explosion de la consommation en eau et d'une dégradation de sa qualité. Cela risque de mettre gravement en péril le ravitaillement en eau douce d'une grande partie de l'humanité. Au cours du XXe siècle par exemple la population mondiale est passée de 1,7 milliardd'individus en 1900 à plus de 6 milliards en l'an 2000, atteignant en 2012 plus de 7 milliards, et 8 milliards à l'horizon 2025, alors que la population a été multipliée par 4,11 la consommation en eau de l'humanité était multipliée entre 6/7. Mais fait important, il existe une répartition inégalitaire de la population humaine sur Terre et celles des ressources en eau. L'eau est ainsi mal répartie et est inégalement exploitée. Ainsi, selon les études de l'ONU, l'Asie concentre 60% de la population humaine, mais ne dispose que de 30% des réserves en eau disponibles. Les régions arides qui reçoivent moins de 250 mm d'eau par an couvrent près de 20% des terres émergées et 1/5e des continents ne dispose d'aucune ressource propre en eaux fluviales. La consommation d'eau croît avec le niveau de vie des populations, les nombreux équipements qui apparaissent dans les foyers facilitant l'usage de l'eau. Ainsi, les Européens consomment aujourd'hui 8 fois plus d'eau douce que leurs grands-parents pour leur usage quotidien. Un habitant de Sydney, par exemple, consomme en moyenne plus de 1 000 litres d'eau potable par jour, un Américain de 300 à 400 litres, et un Européen de 100 à 200 litres, alors que dans certains pays en développement, la consommation moyenne par habitant ne dépasse pas quelques litres. En moyenne, si un Tunisien se contente de 100 m3 d'eau par an, un Français en consomme cinq fois plus, soit 1 400 litres par jour (2). Comme il existe des modalités opératoires différentes dans l'usage de l'eau. Ainsi, toujours selon l'ONU, la Grande-Bretagne consacre 27% de son eau aux besoins domestiques, 71% à ses industries et seulement 2% à son agriculture, et l'Inde 2% pour ses besoins domestiques, 2% pour son industrie et 96% pour son agriculture. Si parallèlement la tendance actuelle à l'augmentation des prélèvements en eau se poursuit, entre la moitié et les deux tiers de l'humanité devraient être en situation dite de stress hydrique en 2025, seuil d'alerte retenu par l'Organisation des Nations unies (ONU) et correspondant à moins de 1 700 mètres cubes d'eau douce disponible par habitant et par an. Aujourd'hui, déjà un habitant sur cinq n'y a pas accès. Or, selon l'ONU, sur les 33 mégapoles de plus de 8 millions d'habitants qui existeront dans 15 ans, 27 seront situées dans les pays les moins développés et donc les moins à même de pouvoir répondre aux besoins. Le risque d'une pénurie d'eau douce existe donc bel et bien. L'un des problèmes majeurs en matière d'eau douce et d'alimentation humaine est posé par l'irrigation, car pour nourrir toute la population de notre planète, la productivité agricole devra fortement augmenter. Alors que l'irrigation absorbe déjà aujourd'hui 70 % des prélèvements mondiaux, une consommation jugée très excessive, celle-ci devrait encore augmenter de 17 % au cours des 20 prochaines années. D'où l'importance d'utiliser d'autres techniques d'irrigation plus appropriées comme le goutte-à-goutte car le facteur déterminant de l'approvisionnement futur en eau douce sera le taux d'expansion de l'irrigation. Autrement dit, seule une nette amélioration de la gestion globale de l'irrigation permettra de réellement maîtriser la croissance de la consommation. Risque de conflits mondiaux pour le contrôle de l'or bleu Selon une étude des Nations unies, l'eau pourrait même devenir, d'ici à 50 ans, un bien plus précieux que le pétrole. C'est dire toute l'importance de cette ressource que d'aucuns appellent «l'or bleu». Avec l'essor démographique et l'accroissement des besoins en eau, ces tensions pourraient se multiplier à l'avenir. D'où l'importance d'une gestion commune comme facteur de pacification. Avoir accès à l'eau est donc devenu un enjeu économique puissant à l'échelle planétaire qui pourrait devenir, dans le siècle à venir, l'une des premières causes des tensions internationales. Plus de 40 % de la population mondiale est établie dans les 250 bassins fluviaux transfrontaliers du globe où ces populations doivent partager leurs ressources en eau avec les habitants d'un pays voisin. Or, une telle situation peut être à l'origine de conflits récurrents, notamment lorsqu'un cours d'eau traverse une frontière, car l'eau devient alors un véritable instrument de pouvoir aux mains du pays situé en amont. Aujourd'hui, les contentieux à propos de l'eau sont nombreux à travers le monde, notamment au nord et au sud de l'Afrique, au Proche-Orient, en Amérique centrale, au Canada et dans l'ouest des Etats-Unis. Au Moyen-Orient, des tensions peuvent s'accélérer. Au Proche-Orient, selon l'ONU, une dizaine de foyers de tension existent. Ainsi l'Egypte, entièrement tributaire du Nil pour ses ressources en eau, doit néanmoins partager celles-ci avec dix autres Etats du bassin du Nil : notamment avec l'Ethiopie où le Nil bleu prend sa source, et avec le Soudan où le fleuve serpente avant de déboucher sur le territoire égyptien. Quant à l'Irak et à la Syrie, ils sont tous deux à la merci de la Turquie, où les deux fleuves qui les alimentent, le Tigre et l'Euphrate, prennent leur source. Grâce aux nombreux barrages qu'elle a érigés sur le cours supérieur du fleuve, la Turquie régule le débit en aval. En conclusion, la pénurie d'eau guette l'humanité, pouvant entraîner des guerres pour la survie. De nos jours, plus d'un tiers de l'humanité, soit plus de 2 milliards d'habitants survivent avec moins de 5 litres d'eau par jour, moins de 1 700 litres par an (1.7 m3), c'est ce qu'on appelle le «stress hydrique» concentré en Asie, au Moyen-Orient et en Afrique. Selon l'ONU, au taux actuel de croissance de la population et de ses besoins en eau douce, en 2025 la quantité moyenne d'eau douce disponible devrait chuter de 6 600 à 4 800 m3 par habitant et par an, soit une réduction de près d'un tiers. A cette date, les experts estiment que 5 fois plus d'habitants qu'aujourd'hui seront touchés par la pénurie d'eau, ce qui représentera 2.8 milliards d'habitants, soit 35% de la population estimée de la Terre à cette époque. (Suite et Fin)