Depuis la chute de Hosni Moubarak, les relations diplomatiques entre l'Egypte et Israël se sont détériorées entre les deux pays. Ces derniers jours, la situation s'est dégradée brusquement surtout après l'annulation par l'Egypte d'un contrat gazier signé avec Israël. Cet état de fait est considéré par l'Etat hébreu comme étant une violation flagrante des accords de Camp David. Il intervient quelques heures seulement après le début des manœuvres militaires dans le Sinaï. Même si cette opération militaire grandiose est organisée chaque année pour célébrer la libération du Sinaï le 25 avril, tout laisse à croire que quelque chose se préparait dans la région. Les déclarations émanant du ministre des Finances d'Israël n'ont pas été digérées par les responsables égyptiens, qui ont réagi également violemment. Le ministre israélien a indiqué que l'annulation du contrat gazier jetait, selon lui, une ombre sur les accords de paix et les relations pacifiques entre l'Egypte et Israël. Répliquant aux déclarations du ministre, le maréchal Mohamed Hussein Tantaoui, chef du Conseil suprême des Forces armées, a déclaré : «L'armée égyptienne défendrait sa frontière avec Israël si la situation l'exigeait», rapporte la presse officielle. «La situation à nos frontières, notamment celles situées au Nord, est tendue. Nous n'attaquons pas les pays voisins mais nous défendrons notre territoire. Nous briserons les jambes de quiconque nous attaquera ou s'approchera de nos frontières», a prévenu Tantaoui, dont les propos ont été rapportés par la presse officielle égyptienne. Tantaoui a ajouté que «les Egyptiens sont en état d'alerte et sont constamment prêts à combattre». Ainsi, quatorze mois après la démission de Hosni Moubarak, les relations se sont détériorées entre les deux pays et le traité de paix signé n'a jamais été menacé comme il l'est actuellement. Pour rappel, ce traité de paix a été signé le 17 septembre 1978 par Anouar Essadate et le Premier ministre israélien Begin Menahem, sous la médiation du président américain Jimmy Carter. Il consiste en deux accords-cadres qui furent signés à la Maison-Blanche après 13 jours de négociations secrètes à Camp David. Ils furent suivis de la signature du premier traité de paix entre Israël et un pays arabe : le traité de paix israélo-égyptien de 1979. Grâce à ce traité de paix, Menahem Begin et Anouar Essadate ont reçu le prix Nobel de la paix en 1978. Ces accords ont été dénoncés par plusieurs pays arabes et surtout par les islamistes égyptiens. Ces derniers ont considéré cet état de fait comme étant une capitulation, accusant le président égyptien d'avoir trahi non seulement le peuple égyptien mais la nation arabe toute entière. Ce traité de paix a été payé très cher par Anouar Essadate qui fut assassiné par les islamistes en 1981. Il en est de même pour l'Egypte qui a été écartée de la Ligue arabe de 1979 à 1989. Pourtant, c'est grâce à ces accords que l'Egypte a récupéré le Sinaï en 1982, après le retrait de l'armée israélienne. En contrepartie, Israël a obtenu une normalisation des relations diplomatiques israélo-égyptiennes et des garanties sur la liberté de circulation sur les voies d'eau du canal de Suez et du détroit de Tiran. Aujourd'hui, il semble que tout est remis en cause, chose qui pourrait embraser le Proche-Orient à n'importe quel moment. Selon des observateurs, la remise en cause des accords de Camp David était l'objectif principal des événements ayant ébranlé l'Egypte durant la révolution, par laquelle Hosni Moubarak a été destitué. Hier, le Parlement égyptien à majorité islamiste s'est félicité de la rupture de l'énergie gazière avec Israël.