En cette Journée mondiale de la presse, nos pensées convergent vers les dizaines de nos collègues et confrères assassinés durant la tragédie qu'a traversée le pays durant les années 1990. Nos journalistes ont donné leur vie pour défendre la liberté d'expression et pour sauver la République. N'importe quelle presse au monde n'aurait pas survécu devant la barbarie des ennemis de la démocratie et de la liberté d'expression. La liste des martyrs de la plume est longue, dépassant la centaine. C'est par leur intelligence, leur savoir et leur courage que les défenseurs de liberté d'expression ont contré l'obscurantisme des intégristes. Face à la haine, aux couteaux et à la Kalachnikov des groupes armés, nos valeureux martyrs se sont défendus avec leurs plumes. Les intimidations, les menaces et les assassinats ne les ont jamais fait plier. «Il n'est pas question de se taire alors que notre pays est en danger», ont-ils clamé. «C'est une grande lâcheté de rester neutre alors que les artistes, médecins, enseignants, sportifs et des simples citoyens se font égorger par les hordes sauvages», ont-ils ajouté. Prenant leur courage en main, les journalistes algériens ont suivi à la lettre le dicton de Tahar Djaout qui a dit à l'époque : «Si tu parles, tu meurs. Si tu tais, tu meurs. Alors, dis et meurs.» Hommes et femmes de la presse écrite et de l'audiovisuel ont tous juré de parler et de mourir en héros pour permettre à l'Algérie de rester debout. La réplique des criminels a été des plus barbares. Les groupes armés n'ont pas fait de différence entre un journaliste de sexe masculin ou féminin, d'un francophone ou un arabophone. Les sanguinaires avaient pour objectif d'anéantir les «témoins» pour camoufler leurs méfaits et dissimuler les massacres et les carnages dont le peuple faisait l'objet. Le mot d'ordre a été donné aux groupes terroristes de faire taire les radios, de noircir les écrans et d'immobiliser les plumes. C'est une véritable chasse à l'homme. Appliquant les directives de leurs émirs, les groupes terroristes ont multiplié les enlèvements, les assassinats individuels et collectifs dans les milieux des journalistes. Ni le premier assassinat, ni la 100e victime et ni les attentats à l'explosif n'ont fait abdiquer les courageux journalistes. Bien au contraire, cette barbarie a donné du courage à la famille de la presse qui a élevé la voix pour dire haut et fort : Non à l'intégrisme. Non à un état théocratique. Vive l'Algérie libre et démocratique. C'est grâce à ces journalistes et aux sacrifices des milliers d'hommes et femmes intègres que l'Algérie est restée debout alors qu'elle était déjà donnée pour morte et enterrée par nos «frères» et nos ennemis. A toutes et à tous, nous leurs rendons hommages et nous leur disons : Reposez en paix, vous avez écrit vos noms en lettre d'or et le peuple algérien vous en est reconnaissant.