La campagne électorale pour les législatives de 2012 tire à sa fin, sans pour autant susciter l'intérêt escompté chez le citoyen, blasé par tant de promesses et d'engagements non tenus. Le spectre de l'abstention plane à quelques jours du rendez-vous du 10 mai, qualifié de crucial pour la crédibilité de l'Etat et celle de la classe politique. En dépit de leurs activités intenses, depuis le début de la campagne, les leaders des partis politiques en lice pour le scrutin du 10 mai n'ont pas séduit grand monde. Les salles réservées aux rencontres et meetings électoraux restent vides pour la plupart. Il y en a même qui ont été annulés, faute de public. Les citoyens déversent leur colère en arrachant les affiches des candidats, seul moyen d'expression qui leur restent pour dire ce qu'ils pensent de la politique, notamment du discours mielleux des politiciens, qui a évolué, au fil de la campagne, dans une totale indifférence, en reflétant parfaitement l'état de déliquescence du champ politique algérien. Les discours servis durant cette campagne confortent cette thèse. Conscient de son impopularité, le chef de file d'un parti au pouvoir multiplie ses sorties en vue de courtiser les électeurs par des propositions en relation avec leur quotidien. L'augmentation des salaires, les aides publiques, le loyer, les bourses scolaires, les primes des fonctionnaires, etc., tout y est, dans son programme électoral, pour satisfaire les plus récalcitrants, mais cela suffira-t-il pour que le citoyen oublie que le malaise dans lequel il patauge est dû en partie aux décisions prises par cet homme quand il était aux commandes. Les partis au pouvoir ne cessent de brandir la menace d'une intervention étrangère, dans le cas où les Algériens ne votent pas masse. Vivant une crise sans précédent depuis des mois, le FLN, à sa tête Belkhadem, mène une campagne insipide. Le SG du FLN s'appuie sur le discours idéologique pour défendre le bilan de son parti au pouvoir depuis cinquante ans, faisant de la révision de la Constitution son cheval de bataille. Cela dit, il ne rate aucune occasion pour dénigrer les autres partis politiques, les qualifiant de «baratineurs», affirmant qu'à l'exception du FLN, «aucune formation politique ne se soucie des intérêts suprêmes de la nation». Les islamistes, portés par la victoire de leurs congénères dans les pays voisins, croyant dur comme fer qu'ils s'acheminent vers le même destin, multiplient les promesses à outrance, dénuées de réalisme et frisant le ridicule. Djaballah promet d'éradiquer la pauvreté et le chômage en une année, et croit savoir que ce qui est mieux pour le pays, c'est d'exporter de l'huile d'olive à la place du pétrole. Amar Ghoul, candidat de l'Algérie verte, s'affiche à tous les coins d'Alger, promettant monts et merveilles, et exhibant fièrement dans son affiche électorale le projet de l'autoroute Est-Ouest. Un projet qui a tant fait parler de lui suite au scandale de corruption qui a conduit plusieurs cadres de son département en prison. Pendant ce temps-là, le peuple est plongé dans un marasme moral sans précédent : chômage, crise de logement, flambée des prix... Un fossé très profond le sépare désormais des décideurs ! L'Algérien a déjà fait son choix.