Convaincu de la légitimité de leurs droits, le syndicat du personnel navigant d'IBC ne cesse de multiplier les efforts pour aboutir à des résultats concrets. Après dix semaines consécutives de sit-in devant le siège du ministère des Transports à Alger, des promesses de la part du ministre Amar Tou, en personne, ont été enfin obtenues lundi dernier. Il a fallu dix semaines de présence du personnel navigant d'IBC devant le siège du ministère de tutelle, soit deux mois et demi, pour que le syndicat obtienne un entretien avec le ministre des Transports. Ils ont été reçus dans son cabinet et ont pu ainsi exposer leur situation en détail. Le secrétaire général dudit syndicat, Rabah Youtichène, nous a contactés ce jour-là pour nous faire part de cette rencontre. «Nous nous sommes entretenus avec le ministre durant deux heures. Nous lui avons fait part du profond désarroi et de la vive colère des marins et qu'il s'agissait là d'une véritable urgence sociale et d'une question de dignité humaine, de justice pour tous les marins, chefs de famille», précise le responsable du syndicat. Tout en mettant en exergue la bonne volonté du ministre à rétablir la situation des marins concernés, le SG a souligné que le ministre les avait informés qu'une procédure pour dégager une enveloppe couvrant les frais de rapatriement des navires et le paiement de leurs arriérés de salaires est en cours. Quant à leur retour à la société mère, le Groupe Cnan, le ministre leur a promis d'étudier ce cas «conformément aux décisions de transfert, lettres d'engagement et la législation en vigueur». En attendant le rétablissement de leur situation, Amar Tou leur a proposé aussi un redéploiement provisoire qui se fera désormais par une décision co-signée par la direction générale d'IBC et de Cnan Group. Le secrétaire général du syndicat du personnel navigant d'IBC avait évoqué à maintes reprises la situation de ses confrères soulignant des cas désespérés allant jusqu'à la mendicité. Résultat d'un délaissement des employeurs, sans indemnités ni couverture sociale. Bon nombre d'eux vivraient des problèmes familiaux, sociaux et de santé complexes. D'autres ont perdu la raison et passent à un stade avancé de dépression. «On a enregistré deux morts, six malades dans un état grave et quatre dépressifs parmi les 17 otages de MV Blida dont un s'est apprêté à s'immoler par le feu au niveau de l'UGTA, il y a quelques jours avant de l'en empêcher», a-t-il soutenu. Plus d'une année que les marins vivent un quotidien de misère. Ces marins ou plutôt ces ex-marins du Groupe Cnan, entament leur dixième semaine de sit-in devant le ministère des Transports à Alger. Le président du syndicat a évoqué par l'occasion, la dernière rencontre tenue avec le directeur général d'IBC. Ce dernier leur a proposé de signer «une lettre d'engagement sans date butoire d'exécution comportant des termes vagues et imprécis», avait-il expliqué. Les marins refusaient toute suggestion ou solution provisoire qui ne garantit en rien leur avenir. Cet accord a été logiquement garanti auparavant dans des consentements signés entre IBC, en tant que filiale du groupe Cnan et ses nouveaux associés privés : le Groupe Pharaon, CTI et Laradji lors de l'ouverture du capital en 2007. Eux, qui faisaient partie du personnel navigant du Groupe Cnan depuis des années, avaient complétement confiance en leur société qui par son caractère étatique inspirait tranquillité et sérénité, et cela même si la société mère avait l'intention de privatiser à 51% sa filiale IBC. Ils ne se sont pas méfiés, ce moment-là, du changement qu'il va y avoir après que la gestion des navires est passée au groupes privés. Ce dernier devait, selon les accords signés, assurer la gestion des navires ainsi que celle du personnel. Chose qui n'a pas été honorée après le conflit qu'il y a eu entre les associés par faute d'engagement d'une partie ou d'une autre et dont le conflit est au niveau du tribunal de Paris et de Londres pour y trancher. Rappelons que le Groupe Pharaon avait demandé à IBC de payer les frais de réparation des navires et que la filiale algérienne a estimé que la somme demandée est trop exagérée. Les huit navires d'IBC sont alors désarmés un par un et par conséquent les marins sont depuis en chômage technique, sans aucun revenu.