«La Syrie a décidé de déclarer persona non grata les ambassadeurs des Etats-Unis, de France, de Grande-Bretagne, de Suisse, de Turquie, d'Italie et d'Espagne, ainsi que les chargés d'affaires, belge, bulgare, allemand et canadien», a annoncé hier, le département de Walid El-Muallem. La décision de l'expulsion des ambassadeurs occidentaux accrédités en Syrie même si les concernés précités précités ne se trouvent pas sur le sol syrien est «en riposte» au renvoi dernièrement des ambassadeurs syriens. C'est ce qu'a souligné le ministère des Affaires étrangères dans son communiqué dans lequel il annonce cette décision en précisant que « la Syrie juge important le dialogue fondé sur les principes d'égalité et de respect mutuels entre Etats . Soulignant à ce propos que «la diplomatie est un moyen nécessaire de contact pour résoudre les conflits et les problèmes en suspens». Même si les 18 diplomates, principalement des occidentaux concernés par la décision d'expulsion ne sont pas en Syrie l'ayant quitté en guise de sanction contre Damas, la portée de la décision syrienne n'est pas pour autant sans impact. Ceci d'autant plus qu'elle intervient à la veille de deux rencontres, celle prévue vendredi prochain, aux Etats-Unis entre Kofi Annan et Hillary Clinton et celle de demain, jeudi, entre Nabil el Arabi et H. Clinton. Par ailleurs le déplacement du président Poutine en Chine pour une visite de trois jours, sera l'occasion de faire le point entre Moscou et Pékin sur bon nombre de questions dont la crise en Syrie. La réussite de la mission de Kofi demeure tributaire du consensus qu'il l'a dégagé entre membres permanents du Conseil de sécurité et ce, après l'échec par celui-ci d'adopter une résolution contre la Syrie suite au double veto sino-russe. Un consensus au sein du Conseil de sécurité autour du plan d'Annan mais dont les divergences de fond relatif à la crise en Syrie conditionnent leurs rôles et actions en direction de la mission de Kofi Annan. Si dans leurs appels de cessation de la violence en Syrie, Pékin et Moscou s'adressent à l'opposition armée et les forces gouvernementales, les occidentaux adressent ce même appel, mais uniquement en direction du gouvernement syrien. Autre donne survenue, ces dernières semaines, et qui semble s'inscrire comme une voie pour les occidentaux dans leur traitement de la crise en Syrie, les tensions au nord Liban. La perspective de voir des corridors humanitaires sur les frontières de avec la Syrie avec la Turquie et le Liban demeure à l'ordre du jour. Le massacre de Houla à propos duquel Moscou a invité l'ONU à mener une enquête «objective» et ses conséquences d'ordre politiques sur la scène internationale commencent à s'illustrer. Aux déclarations du président François Hollande appelant à une intervention étrangère en Syrie, les réactions de Washington, Pékin et Moscou se sont succédé. Washington aspire à voir l'instabilité et l'insécurité perdurer en Syrie pour unique objectif, la chute du régime de Bachar El Assadd. Ce qui l'a amené à opter pour la voie de sous-traitance politico-militaire dans son traitement de la crise en Syrie, via l'Arabie Saoudite, le Qatar et la Turquie et ce , sous la pression de la crise économico-financière et l'échéance de la présidentielle américaine. Moscou et Pékin à l'appel précité du président français ont réitéré leur refus à toute intervention militaire étrangère en Syrie, invitant ses partenaires au sein du Conseil de sécurité à consentir davantage d'efforts en soutien au plan Annan. La présidence de la Chine du Conseil de sécurité au cours de ce mois, n'est pas pour arranger les manœuvres de certains acteurs sur la scène internationale qui apportent des soutiens d'ordre logistique en armes et moyens de communication ou d'ordre politique. Il est à rappeler que le président du Conseil de sécurité à savoir , le représentant permanent de la Chine auprès de l'ONU, M. Li Baodong, a déclaré lundi qu'il était essentiel pour le Conseil de manifester un «soutien indéfectible» aux efforts de médiation internationaux en Syrie. Soulignant plus loin dans sa présentation à la presse du programme de travail mensuel du Conseil de sécurité, que la Syrie constituait «une des questions les plus urgentes» du calendrier de l'organe de décision de l'ONU durant le mois de juin. «Nous devons être unis et adresser un message fort», a-t-il affirmé, en insistant sur l'importance d'appuyer le plan de l'énvoyé spécial conjoint des Nations unies et de la Ligue arabe pour la Syrie, M. Kofi Annan. Pour M. Li Baodong, le Conseil de sécurité doit chercher à «préserver les principes de la Charte des Nations unies».