En quatre années d'existence, «Cinéma sous les étoiles» a su se placer dans l'univers local du 7e art à Annaba. Et pourtant, certains avaient prédit qu'il ne ferait pas long feu devant d'autres manifestations culturelles comme le festival du film court métrage et autres «jeudis culturels». Ces deux rendez-vous, parrainés par le ministère de la Culture, ont disparu comme les Journées cinématographiques méditerranéennes d'Annaba dont on entend plus parler parce que notre ministre l'a décidé. Ce vide n'a pas duré longtemps. Il a été compensé par «Cinéma sous les étoiles», une manifestation organisée du 28 juin au 4 juillet par l'Institut français d'Annaba (IFA) en partenariat avec l'Ecole préparatoire en Sciences économiques et l'Université Badji-Mokhtar. Elle semble avoir pris un véritable envol puisqu'elle s'étend à Constantine, Oran et Tlemcen. Les gestionnaires actuels de l'IFA ont su compléter les apports de leurs devanciers en enrichissant la manifestation de conférences débats. Cerise sur le gâteau, elles se feront en présence de réalisateurs et d'acteurs de plusieurs œuvres cinématographiques primées et de concerts de groupes algériens et français. Sans doute faut-il, comme Patrick Garaug, le directeur de l'IFA, et son proche collaborateur, Djamel Marir, avoir visionné Rouge Parole de Elyes Baccar montrant des Tunisiens écrasés par l'ancien régime avant le soulèvement populaire du 14 janvier. Fausse note de Majdi Smiri qui est allé fouiner dans le milieu des manipulateurs impitoyables impliquant dans un jeu de trafic Mahdi, un jeune architecte. Kadach Thabni de Fatma Zohra Zamoum. Samia le titre du film de Philipe Faucon qui s'est intéressé à une jeune fille de 15 ans, Marseillaise d'origine algérienne issue d'une famille très conservatrice. Intouchables d'Olivier Nakache qui a côtoyé le riche et le pauvre pour faire naître une amitié. La trahison de Philipe Faucon souligne l'absurdité de la «guerre sans nom» en mettant en conflit un sous-lieutenant français stationné dans un village de l'Est algérien à Taïeb, un jeune soldat de souche nord-africaine. Omar m'a tuer de Rochdy Zem qui déroule les conditions du procès de Omar Raddad condamné par la justice française parce que parlant peu et comprenant mal le français. Coupable aux yeux de cette justice d'avoir assassiné Ghislaine Marchal, découverte morte dans une cave. Il s'agit là de quelques titres d'une liste de quatorze films pétaradant de péripéties dramatiques, d'imbroglios parfois bouffons et de mots de scénaristes souvent sublimes. En deux mots sur les projections, les organisateurs clarifient les unités de temps et de lieu où se mêlent la rectitude morale, la constante exigence de la réussite, des palinodies de certains scénaristes, la condescendance des réalisateurs. Il faut dire que les 14 films retenus pour être projetés à Annaba d'abord, à Constantine ensuite du 10 au 14 juillet puis à Oran et Tlemcen du 14 au 18 juillet sont des échos imagés et sonores des émotions de chacun marquées par les amours, les deuils, les foucades du destin et des liaisons tumultueuses. El Manara de Belkacem Hadjadj titille sur sa pellicule la sensibilité de 2 jeunes amis, l'un journaliste engagé dans la presse indépendante et l'autre sensible à la doctrine islamiste durant la décennie noire. Joel Farges, quant à lui, fera vivre l'espace de la projection de son film Serko, l'exploit réalisé par un jeune cavalier et son cheval à la fin du 18e siècle. Et si Zim and Co de Pierre Jolivet met en relief les miracles d'une solide amitié entre 4 jeunes. Le Repenti de Merzak Allouache met en relief les efforts d'un terroriste pour retrouver une vie normale. Dans cette 4e édition de «Cinéma sous les étoiles», les organisateurs ont également prévu des conférences animées par des professionnels du 7e art. Quotidiennement et durant toute la manifestation, Jean- Michel Frodon, Elyse Baccar, Bensalah Mohamed, Anis Lassoued, Merzak Allouache évoqueront les uns l'inconfort de la proscription, les autres feront jaillir de leurs interventions des bouquets d'images, de thèmes talisman, des symboles et de superbes chimères qu'ils ont laissé entrevoir dans leurs idées ou films. Les concerts sont également partie prenante de ce grand rendez-vous culturel d'Annaba. L'on reprendra la bande annonce des organisateurs qui parle de «la formule quotidienne» : concert à 18h, projections à 20h30 et à 22h30, un spectacle permanent de plus de 6heures, de quoi plonger dans les crépuscules d'Annaba pour goûter la douceur des premières nuits d'été. En journée, ce sont des rencontres dans l'institut qui permettront d'approcher le monde du 7e art en présence des professionnels, pour prolonger l'immersion dans cet univers au travers des débats autour de projections en salle. L'IFA d'Annaba ponctue son invitation à tous de participer à cette rencontre conférences, concerts et cinéma sous les étoiles en annonçant au titre de partenaires artistiques la présence du Conservatoire de musique de Lyon et du label le Cri du Charbon.