La conférence sur «le déplacement des populations algériennes dans des camps de regroupement» sous le colonialisme français tenue, hier, au forum du quotidien El Moudjahid, a été marqué par la présence de Noureddine Yazid Zerhouni. Pour la circonstance, le vice-Premier ministre a troqué sa casquette de représentant du gouvernement pour témoigner de la guerre de Libération nationale. «Je suis parmi vous pas en tant que témoin, pas en qualité de ministre», prévient Yazid Zerhouni. Dan son intervention, il a tenu a rappeler quelques pans de son parcours de moudjahid. «Je fais partie du groupe des militants chargés d'organiser les services de renseignement de l'ALN dans le maquis», dira-t-il pour étayer ses propos sur le nombre d'Algériens retenus dans les campements. Sur ce point, «la population algérienne qui vivait dans les campements érigés par l'armée française est estimée à 3,5 millions», souligne Zerhouni. Ce n'est pas tout. Il ajoute un autre chiffre non moins important. Il s'agit de la population ayant fui l'armée française. «1,5 million d'Algériens ont quitté leurs domiciles pour se réfugier ailleurs et dans les villes», selon l'orateur. En tout, «près de 5 millions sur les 8 millions d'Algériens ont été déplacés sous le colonialisme», conclut l'ex-ministre qui était en charge du renseignement au profit de l'ALN dans la région de Mostaganem durant la guerre d'Algérie. Ce nombre émane de l'armée française dont les communications sont interceptées quotidiennement par les cellules de renseignements de l'ALN. «Nous interceptons quotidiennement les communications de la gendarmerie, de l'armée et de la police françaises», révèle Yazid Zerhouni pour appuyer la véracité de ses statistiques relatives à la population algérienne barricadée dans les campements de l'armée coloniale. «Nous avons des informations sur l'armée coloniale en temps réel», s'enorgueillit Yazid Zerhouni. Ces campements dans des zones faciles à surveiller obéissent à une logique militaire française. Elle vise à contrecarrer la Révolution algérienne, en séparant la population des moudjahidine. «Pour tuer un poisson, il suffit de retirer l'eau où il vit. Pour tuer l'action des moudjahidine, il faut les séparer de sa population», explique Yazid Zerhouni. L'orateur est revenu ensuite sur la nécessité de relire les ouvrages écrits par des historiens étrangers, notamment français. Dont des contre-vérités sont prises pour des faits réels et admis par tous. «J'espère que les historiens algériens se pencheront davantage sur cet épisode colonial», souhaite Yazid Zerhouni lequel conseillera aux «jeunes chercheurs algériens la maîtrise de la langue française pour mieux comprendre le contenu des archives de l'armée française. En paraphrasant Kateb Yacine, «la langue française est un butin de guerre». Sur le contexte de contre-vérité qui se résume à «l'inexistence de l'Etat algérien» avant la colonisation, Yazid Zerhouni s'inscrit en faux et réfute «ces mensonges» pris pour une vérité absolue. Si on parle de la naissance d'un Etat algérien, «il faut placer cette problématique dans le contexte de l'époque», affirme l'intervenant en citant l'Italie et l'Allemagne. «L'Etat allemand a été fondé en 1870. L'unification de l'Italie a eu lieu en 1830», alors que «le roi Massinissa a unifié le pays et les peuples d'Afrique du Nord depuis l'Atlas jusqu'en Egypte, avant l'ère chrétienne».