A en croire certaines statistiques, plus de 4 millions d'Algériens travaillent dans l'informel en Algérie. Pour y remédier à ce problème, le ministre du Commerce a mis en place, ces deux dernières années, un programme national d'assainissement des activités commerciales informelles. L'opération en elle-même consiste à régulariser les faux commerçants pour mettre fin à ce phénomène dans le pays. Malheureusement, si les résultats tardent à venir, le phénomène prend de l'ampleur à travers les quatre coins du pays. En effet, ce projet consiste à endiguer ce phénomène à travers l'intégration des commerçants informels dans les circuits officiels, selon le directeur de l'organisation des marchés, des activités commerciales et des professions réglementées au ministère du Commerce. Malheureusement, on assiste de plus en plus à une recrudescence de cette activité anarchique à travers les quatre coins du pays. Selon le cadre du ministère du Commerce, les mesures ainsi prises portent, particulièrement, sur «l'élaboration d'un plan d'insertion des intervenants informels dans l'économie formelle, l'organisation et l'aménagement des espaces commerciaux réglementés et la régularisation de la situation juridique des marchés non réglementés». Elles ont trait également à «l'encadrement et la résorption de l'activité commerciale informelle par l'implication de tous les services concernés, la définition des mesures opérationnelles et la réalisation de nouvelles infrastructures. Des commissions seront créées à la suite de l''instruction interministérielle mixte -Commerce et -Intérieur de mars 2011 au niveau de chaque wilaya et seront chargées d'examiner les voies et moyens de traitement de ce phénomène. Cette instruction prévoit ainsi la prise de mesures urgentes et appropriées en vue de la résorption de l'informel, le recensement des sites informels, du nombre et de l'identification des intervenants ainsi que l'élaboration d'un plan d'insertion dans des espaces commerciaux réglementés et aménagés par un financement local. Elle prévoit aussi la contribution des collectivités locales à la réalisation de nouvelles infrastructures commerciales et au réaménagement de certaines structures existantes. Une mesure prise en charge par le ministère de l'Intérieur qui a bénéficié d'une enveloppe financière de 4 milliards de DA, à raison de 2 milliards pour 2011 et 2 milliards pour 2012. La résorption de l'informel en Algérie s'est traduite également par la réhabilitation des infrastructures existantes. Une opération pour laquelle le ministère du Commerce a dégagé un financement d'un montant de 5,9 milliards de DA. Selon le ministère du Commerce l'insuffisance d'infrastructures commerciales adéquates, a créé un système de pseudo marchés qui s'est développé au milieu d'habitations, sur des terrains vagues, et surtout dans des lieux incommodes et dangereux, dans les rez-de-chaussée des immeubles, ou de villas, vides sanitaires des cités d'habitation, routes nationales et parkings de cités. «Constitués comme principale voie d'approvisionnement des consommateurs et des ménages, ces lieux ne répondent à aucune règle ou norme de commercialité, d'hygiène et de sécurité», relève ce responsable. La disparition de la grande distribution, assurée par les ex-aswaks El-fellahs, galeries algériennes... qui approvisionnaient les citoyens en tous produits a laissé place à un système d'approvisionnement destructuré, improvisé et échappant à tout contrôle. Des experts avaient souligné la nécessité de lutter contre le fléau de l'informel, préconisant de formaliser ce phénomène par une prise en charge progressive, durable et multidimensionnelle. Le spécialiste de l'économie informelle, le péruvien Hernando De Soto, avait plaidé, lors d'un colloque international tenu à Alger, pour l'inclusion du secteur informel dans le système légal, une action indispensable pour assurer la croissance économique, avait-il estimé. Selon une enquête de l'Office national des statistiques (ONS), la population activant dans l'emploi informel en Algérie a «plus que doublé» en 10 ans, passant de 1,6 million en 2001 à 3,9 millions en 2010, dont près de la moitié (45,3%) active dans le secteur du commerce et services. Sur le terrain, le problème de l'informel est tout autre, cette catégorie de commerçants refuse de se mettre en conformité avec la loi. Des milliers de commerçants ont également résilié leurs registres de commerce pour rejoindre l'anarchie. Les raisons sont simples: travailler dans le noir rapporte plus, sans verser aucun sou aux caisses de l'Etat. Parmi cette catégorie de faux commerçants se trouvent des milliers de «Salafistes» qui ont mis main basse sur le marché de l'informel. «Nous travaillons avec notre sueur et nous nous acquittons normalement des impôts», disent-ils. En réponse à une question, sur quel impôt, ils parlent, la réponse et claire : la zakate.