Le cancer du pancréas a un pronostic effroyable, puisque le taux de survie à 5 ans est de 3 à 4% seulement. C'est d'ailleurs la pire des localisations tumorales. Et si la chirurgie reste le meilleur traitement possible pour les 15 à 20 % de patients dont la tumeur est opérable, cela n'empêche pas l'apparition fréquente de métastases malignes après l'intervention. Une fois les métastases formées, la longévité ne dépasse guère 3 à 6 mois, en moyenne. Il faut encore ajouter à ce sombre tableau le fait que la chimiothérapie et la radiothérapie ne sont que peu efficaces. D'où l'impérieuse nécessité de trouver de nouveaux moyens de lutter contre cette maladie qui touche plus de 10 000 personnes par an en France, le plus souvent après 65 ans. Les travaux de l'équipe du docteur Juan Iovanna, au Centre de recherche en cancérologie de Marseille (le CRCM qui regroupe l'Inserm, Aix-Marseille Université, le CNRS et l'Institut Paoli-Calmettes), vont peut-être contribuer à mettre au point de nouvelles approches thérapeutiques. Dans un article publié le 23 juillet sur le site de la revue EMBO Molecular Medicine, ces chercheurs expliquent avoir découvert un processus d'ingestion et d'élimination de cellules tumorales, qui évite la formation de métastases. Ils révèlent également le mécanisme et les molécules impliquées, ce qui permettra de moduler leur activité avec des composés pharmaceutiques. Dans leur communiqué, les spécialistes expliquent que les cellules de cancer du pancréas (plus exactement celles des carcinomes pancréatiques, car il existe un autre type de tumeur plus rare) présentent des particularités morphologiques : elles contiennent en particulier de grandes vacuoles, des cavités qui renferment d'autres cellules. «Ces structures de cellules dans la cellule sont dues au cannibalisme par les cellules cancéreuses (les cellules hôtes) d'autres cellules cancéreuses (les cellules cibles)», précisent-ils. «Ce phénomène pourrait jouer un rôle dans la prolifération des tumeurs en nourrissant les cellules cancéreuses aux dépens des cellules cannibalisées ou, au contraire, agir contre la propagation tumorale, quand d'autres cellules cancéreuses sont cannibalisées et détruites dans la cellule hôte.»n