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Dans l'ambiance religieuse, la joie et la convivialité
Publié dans La Nouvelle République le 15 - 08 - 2012

L'Aïd El-Fitr, pour quelques-uns d'entre nous, c'est le bonheur retrouvé, les congratulations avec les proches, les amis; pour d'autres, malgré les lourdes dépenses, c'est la satisfaction d'avoir accompli dans la ferveur habituelle, l'un des cinq piliers de l'Islam.
On a jeûné courageusement pour n'avoir aucun regret pour l'avenir. Et dès qu'on se met devant la cafetière et une table bien garnie de gâteaux, sitôt que la prière et les accolades sont terminées, on commence à revivre les journées de Ramadhan. Ceux qui ont accepté de s'embrasser en se souhaitant les meilleurs vœux de bonne santé et de bonheur, vont renouer avec la froideur qui a toujours marqué leurs relations, en temps normal. Cela traduit la versatilité des humains. Aïd Esseghir, le meilleur jour de l'année On se remet à prendre son café comme à l'accoutumée. Ah! si on pouvait boire de l'eau ou une tasse de café lorsqu'on en a envie, se disent les jeûneurs de tous les temps, le Ramadhan serait merveilleux, mais hélas ! Jeûner, c'est se priver de boire et de tout. Pour la préparation de ce grand jour, il a fallu acheter de nouveaux habits pour les enfants. Aujourd'hui, avec la cherté, on se rabat sur la friperie vendue partout. Avec leur ténacité habituelle, et dès la première heure du marché, les femmes, telles des fourmis, cherchent à leurs petits de quoi les couvrir agréablement le jour de la fête. Rares sont les enfants qui comprennent l'origine de ces vêtements, qui souvent ressemblent à des neufs. Mais, tant pis ! C'est rentré dans les mœurs. Comme ce sont les enfants qui créent l'ambiance de fête, certains parents ont l'audace d'acheter tout ce qui est nécessaire pour habiller de neuf leur progéniture. Ils s'endettent et il arrive parfois que la plupart de ceux qui appartiennent à cette catégorie, ne remboursent pas un sou à leur créancier, ou refusent de reconnaître leur dette contractée pour ce jour sacré. Fini le temps où parents et enfants se contentaient d'un minimum, faute de moyens financiers nécessaires. Cela fait penser à l'attitude d'un vrai musulman qui ne vole pas les autres au risque d'aller en contradiction avec les principes d'un vrai Islam exigeant de la droiture, des sentiments humains, beaucoup de convictions religieuses, considérer que Dieu que l'on craint dans tout ce que nous accomplissons à chaque moment est omniprésent et qu'Il est le seul capable de pourvoir quiconque de moyens de vivre. Le Tout-Puissant n'a jamais dit qu'il faut tromper les autres pour procurer des habits de fête à ses enfants. Après la fête, c'est l'heure des souvenirs et des bilans Les médecins, ingénieurs, et il y en a eu, qui ont travaillé dans les zalabia, qelb elouz et autres friandises vont peut-être devoir songer à reprendre leurs activités professionnelles pour lesquelles ils ont fait des études universitaires à moins que la recette soit intéressante au point de les tenter à continuer dans ce commerce tout de même lucratif. Certains marchands qui ont beaucoup trafiqué ferment leurs commerces pendant le mois qui suit l'Aïd sachant que leurs clients habituels n'ont plus rien à acheter. Les marchands ont usé des pires tricheries pour écouler des denrées avariées, comme les fruits. On en connait qui ont même osé retourner des fruits gâtés pour n'en faire apparaître que les parties saines. Il n'y a pas de loi interdisant la vente de produits impropres à la consommation. Lorsqu'on repasse au lendemain du Ramadhan par la place du marché, on a l'impression de voir dans le vide qui s'y est installé un champ de bataille après la bataille. Et que de mauvais souvenirs. Un vieux s'est vu refuser quelques citrons sous le prétexte qu'il n'en voulait que ce que son portefeuille lui permettait d'acheter, des citrons jaunes à 280 DA le kilogramme que le marchand ne vendait pas à moins d'une livre. Même les marchands de plantes n'ont pas vendu comme à l'accoutumée, à cause des intermédiaires tricheurs et assoiffés d'argent. Cela s'est remarqué par les bottes de plantes amaigries. Ce sont tous ces sujets qu'on aborde autour de la meïda de l'Aïd remplie de gâteaux, uniquement de gâteaux. «Il n'y a plus de msemene, plus de beignets», dit un vieillard qui en a la nostalgie, face à cette grande variété de friandises. Parmi les souvenirs égrenés pour animer la journée de l'Aïd, il y en a des tristes à rapporter, tel celui d'un jeûneur impatient de boire de l'eau pour étancher sa soif et qui s'est tué en buvant de l'eau glacée au moment où les autres prennent la cuiller pour la chorba. C'est un brave, répétait-on, mais qui n'avait pas la maîtrise de soi. Il a bu de l'eau du frigidaire au moment où il ne le fallait pas. On ne va pas terminer sans citer une catégorie de gens, pour ne pas dire d'individus, qui fêtent l'Aïd alors qu'ils ne font jamais carême. Apparemment, ils sont comme les autres, ils évitent de se faire connaître comme tels et arrivent à se faire passer pour de vrais croyants. Pourtant, ils sont solides comme des rocs. Mais l'Aïd Esseghir n'a de sens et de goût que pour ceux qui ont prié, jeûné, donné l'aumône à ceux qui la méritent et ont fait l'effort de se rapprocher de Dieu par l'acceptation dans la joie et la bonne humeur des épreuves imposées malgré la canicule et grâce à la foi qui les anime. En définitive, qui est le gagnant ? Lorsque toutes les cérémonie rituelles, les retrouvailles sont terminées, on déguste quelques restes de victuailles qu'on se permet par caprice : viande, fruits, gâteaux. Après, il faut se préparer à une autre manière de vivre. Comme on a beaucoup dépensé, on se contente des pâtes, couscous sans viande, soupe aux herbes sauvages, pizza, tous ces aliments ne sont pas à la portée de tout le monde. Le jour de l'Aïd comme ceux qui suivent, chacun fait ses comptes. Les commerçants malhonnêtes étalent leurs paquets de billets pour voir ce qu'ils ont amassé illégalement. Les fausses mendiantes qui ont passé tout le Ramadhan, matin et soir, aux abords des mosquées en font autant. On n'aurait jamais imaginé leur appartenance à des entreprises de mendicité, qu'elles sont transportées dans de belles voitures par des hommes qui viennent les déposer le matin à l'entrée des mosquées et qui le soir, au moment de rentrer, sont prises en charge par ces mêmes hommes ou d'autres à bord de leur véhicule grand luxe. Les musulmans généreux qu'elles ont trompés n'ont rien perdu en leur donnant de l'argent vis-à-vis de Dieu. Les mêmes trafiquants sans foi ni loi auront inventé, parce qu'ils y pensent déjà, pour le Ramadhan 2012 des méthodes plus sophistiquées pour devenir riches. La plupart d'entre eux ont même l'audace de faire le Ramadhan et d'aller à la prière des tarawhih. Mais «bien mal acquis ne profite jamais», les hommes sincères comme les voyous repentants connaissent bien ce proverbe pour en avoir fait l'expérience, sachant qu'en définitive le gagnant est celui qui a fait preuve d'une propreté morale exemplaire, en s'évertuant à se rapprocher de Dieu par de bonnes actions et une parfaite honnêteté.

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