Le secteur avicole bénéficiera durant une année à partir du 1erseptembre 2012 d'une exonération des droits de douanes ainsi que de la TVA pour les intrants et les produits finis de la filière dans le cadre de sa promotion du secteur ainsi que de la protection du pouvoir d'achat du consommateur. Cette initiative annoncée jeudi denier à Alger par le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa, a été décidée par le gouvernement en vue de la flambée des prix du maïs et du soja sur le marché international, et cela en contrepartie de l'engagement des professionnels pour assurer un approvisionnement «satisfaisant». «La communauté nationale à travers les pouvoirs publics s'est engagée pour la sauvegarde de la filière avicole par l'exonération des droits de douanes et de la TVA pour le maïs, le soja et les autres aliments de bétail ainsi que les produits finis pour la période allant du 1er septembre 2012 jusqu'au 1er août 2013», a indiqué le ministre lors de la réunion du conseil interprofessionnel de la filière tout en soulignant les efforts entrepris par le gouvernement pour développer ce secteur. Il a annoncé l'éligibilité des acteurs de la filière aux différents dispositifs de crédits bancaires à taux d'intérêt zéro, notamment «R'fig», «Ettahadi» et le crédit fédératif. M. Benaïssa a noté que les exonérations visent à sauvegarder la filière et lancer le processus de sa structuration et de sa modernisation, ainsi que la protection du pouvoir d'achat du consommateur, a-t-il précisé, soulignant que cette filière, qui est actuellement en difficulté à cause de la conjoncture internationale nécessite plus que jamais d'efforts «massifs et concertés» pour permettre de la développer «durablement». D'ailleurs, dans le cas où cette opération, «fruit d'un effort énorme de la communauté nationale dans des conditions difficiles», enregistrera des résultats satisfaisants, elle pourrait être prolongée après l'expiration de sa durée de validité. Cette aide est subordonnée ainsi aux efforts qui seront fournis par les acteurs privés et publics de l'aviculture, notamment les importateurs et producteurs de matières premières, fabricants d'aliments de bétail, accouveurs et éleveurs, gérants d'abattoirs, vétérinaires, pour la structuration de leur filière et garantir un approvisionnement du marché à des conditions satisfaisantes pour le consommateur. «Cette décision permet d'alléger l'effet de l'augmentation du coût de la production sur les prix des produits avicoles, notamment le poulet, en les stabilisant en premier temps avant de les pousser progressivement vers la baisse», a déclaré M. Benaïssa. La filière soufre depuis plusieurs semaines d'une envolée des prix du maïs et du soja sur le marché international qui ne se stabilisera pas avant le printemps 2013, selon le ministre. Cette hausse est causée principalement par les mauvaises conditions météorologiques qui ont affecté les récoltes des grands producteurs, notamment les Etats-Unis. Les professionnels de l'aviculture, de leur part, ont annoncé leur engagement à agir, chacun dans son métier et dans son segment d'intervention d'une manière professionnelle et compétente et à travailler en concertation et de manière permanente pour assurer l'approvisionnement du marché à des conditions «covenables» pour le consommateur. Les professionnels s'engagent ainsi à lutter contre le gaspillage des aliments de bétail en réduisant l'indice de consommation de manière à diminuer le coût de revient du prix du kilogramme de viande blanche (chair et dinde). Les aviculteurs algériens utilisent actuellement 3,5 kg d'aliments, alors que les aviculteurs des pays développés et maghrébins utilisent 1,6 à 2 kg pour 1 kg de poulet grâce à la maîtrise des techniques modernes de production. Cette perte explique partiellement le prix du poulet qui coûte deux fois plus cher en Algérie qu'en Tunisie ou au Maroc. Les professionnels de la filière ont promis également d'agir sur la modernisation des bâtiments et sur l'amélioration des conditions d'élevage, et de s'entraider pour l'application et le respect des normes techniques et sanitaires d'élevage en vue d'améliorer les performances et réduire les mortalités. En outre, ils s'engagent à la prévention des tentatives de spéculation et détournement des objectifs visés, au développement de la production nationale de matières premières et à l'encouragement de la production de matières de substitution de l'aliment en remplacement partiel du maïs et du soja. Les aviculteurs ont affiché aussi leur volonté d'agir en synergie pour la création de groupements d'intérêts communs (GIC), «nécessaires pour la durabilité de la filière», selon le ministre qui estime que la création de 50 GIC est suffisante pour régulariser le marché des produits avicoles. Le GIC est une filière avicole organisée autour d'une structure d'abattage et pouvant regrouper tous les autres acteurs de cette activité. Concevoir, initier et enclencher un processus de réduction de la dépendance nationale, préserver la santé des élevages, renforcer le parc des abattoirs avicoles, respecter les conditions d'hygiène de l'élevage, de l'abattage, du transport et de la vente, sont aussi des engagements pris par les aviculteurs. «Cet engagement est collectif et non pas individuel, même si des sanctions pourraient être prises si les choses tournent mal», a expliqué le ministre. Avec plus de 100 000 postes d'emploi permanents et 300 000 emplois non permanents, cette filière «importante» rassemble plus 35 000 producteurs, qui réalisent un chiffre d'affaires dépassant 1,5 milliard de dollars, selon le ministre.