Des hommes du Mujao ont pris Douentza, ville stratégique sur la route de Tombouctou. Des combattants islamistes armés sont entrés samedi matin dans la ville de Douentza, située dans la zone frontière poreuse entre le sud et le nord du Mali. Le champ était libre depuis le départ de l'armée malienne, il y a près de cinq mois. Arrivés en 4/4, les hommes en armes du Mujao (Mouvement pour l'unicité et le djihad en Afrique de l'Ouest) se sont aussitôt dirigés vers la base de la milice Ganda Iso, dite «d'autodéfense» qui entend protéger les populations. «Vers 9 h du matin, témoigne un habitant qui tient un campement à une centaine de mètres du camp Ganda Iso, on a vu leurs voitures passer sur le goudron (la route, ndlr). Ils ont encerclé la base et sont entrés pour désarmer les hommes.» Aucun coup de feu n'aurait été tiré. Les combattants du Ganda Iso, une quarantaine de personnes, auraient été libérés après avoir été ligotés puis désarmés. Les hommes du Mujao ont ensuite établi leur quartier général dans un hôtel situé à l'entrée de Douentza. Après avoir sillonné la ville une partie de la journée, la plupart des combattants se sont retirés, laissant sur place suffisamment d'hommes pour établir un «dispositif sécuritaire.» Dans l'après-midi, une délégation de notables locaux a rencontré les hommes du Mujao devant le palais de justice, quelques minutes.«Nous allons rester longtemps», a affirmé à Jeune Afrique le chef de la brigade du Mujao entrée dans Douentza. Oumar Ould Hamaha clame depuis plusieurs années son appartenance à Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique). Il se présente également comme le chef d'état-major du Mujao et comme un cadre militaire d'Ansar Dine (Les Partisans de l'Islam). Il est connu pour sa barbe roussie au henné et son fanatisme extrême. Dans une vidéo diffusée début août, il déclarait : «Il n'y a qu'un pays au monde qui a pratiqué l'islam, c'est l'Afghanistan des talibans pendant cinq ans.» Un diplomate algérien exécuté au ministère de la Défense, on ne prévoit aucune intervention de l'armée, dont les troupes les plus proches sont actuellement repliées dans la ville de Sévaré, à 172 kilomètres de Douentza. «Le problème, c'est que nous ne pouvons pas agir sans stratégie ordonnée», reconnaît un porte-parole.