Hier devait avoir lieu la première rentrée sociale pour les deux Chambres du Parlement après les élections du 10 mai, dont la portée historique pour l'Algérie avait été mise sur un pied d'égalité, dans les autres pays, avec le printemps arabe. Les interventions des présidents des deux Chambres, on s'en doutait bien, ont consisté dans des bilans-perspectives, s'arrêtant d'abord sur le chemin parcouru par l'Algérie dans le cadre des efforts de restauration de l'Etat, éprouvé par le terrorisme, et conforté, dans sa lutte républicaine, par le rôle de l'ANP et l'engagement et les sacrifices des citoyens algériens. Pour ce qui est des perspectives, le président de l'APN, Larbi Ould Khelifa, s'arrêtant sur des différences entre les perceptions et les diagnostics établis par les sensibilités qui composent le paysage politique algérien, s'en est félicité, y voyant un signe de bonne santé de la démocratie algérienne. Mais il a nuancé cette perception optimiste en appelant les différentes parties à s'éloigner du discours nihiliste du désespoir qui a tendance à brosser un tableau noir de notre pays, lequel, malgré les problèmes qu'il connaît encore, ne s'est jamais aussi bien porté. Le défi, selon l'orateur, est plutôt à un approfondissement du dialogue entre les différentes sensibilités politiques au sein de l'Assemblée populaire nationale, mais également à une implication, la plus large possible, des membres de la société civile. Il faut préciser que l'Algérie vit sa septième législature qui est un autre jalon qui s'ajoute dans un processus de démocratisation et d'édification institutionnelle, dont on peut dire aujourd'hui qu'il a atteint une forme de maturité avec une somme d'acquis qui sont à la fois les faits d'une volonté politique du sommet et des réponses appropriées à des attentes populaires urgentes. Le rajeunissement évident des cadres élus, mais aussi la féminisation conséquente des personnels politiques au sein de la Chambre basse devraient contribuer à une meilleure et une plus grande représentativité auprès des bases populaires. Mais ces acquis d'un ordre global et symbolique ne font pas perdre de vue les défis qui attendent, de 2012 à 2017, une assemblée qui doit faire ses preuves, imposer sa place parmi les autres institutions et jouer pleinement son rôle qui est celui de donner, au moment qu'il faut et de la manière qu'il faut, des choix législatifs adéquats qui répondent aux impératifs de développement et de préservation du pays, et aux nombreuses aspirations des citoyens dans leurs différences et leurs diversités. Pour le moment, l'APN est attendue sur une prérogative qui lui est dévolue, à savoir l'élaboration d'une nouvelle Constitution qui assoie, de manière autrement plus affirmée, les bases de l'Etat républicain et de ses constantes pérennes. Aujourd'hui, la vie politique semble avoir toutes les conditions pour se mener au sein des institutions élues et, d'ores et déjà, l'activité parlementaire est devenue une tradition que les élus doivent raffermir par des actions quotidiennes concrètes qui affectent de manière sensible le vécu des citoyens, celui des opérateurs économiques, des autres acteurs politiques y compris les plus marginaux. C'est de cette manière et à force d'efforts louables et de projets concrets aboutis, qu'il est possible de voir la véritable action politique de l'élu se substituer au dire nihiliste du «on» et du «x», et le discours transparent des politiques ressortir blanchi et respecté dans les colonnes de la presse.