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L'Algérie a tout à perdre avec l'OMC
Publié dans La Nouvelle République le 10 - 10 - 2012

L'Algérie n'a rien à gagner en adhérant à l'Organisation mondiale du commerce. A con-trario, elle a tout à perdre. L'Organisation mondiale du commerce a été créée pour trouver des débouchés extérieurs à des économies de consommation en état de saturation.
Produire toujours plus, vendre davantage, faire de super profits est l'abécédaire de la politique commerciale actuelle. Le commerce international est en difficulté, car il se heurte à des luttes d'intérêts farouches entre les concurrents qui doivent nécessairement trouver des valeurs ajoutées, sans pour autant mettre un terme aux politiques protectionnistes des Etats. De plus, les marchés libres échappent aux politiques commerciales, ce qui procure de fréquentes volatilités des prix des produits de base, et de consommation essentielle comme les produits alimentaires. A cela, il faut revoir toute la politique monétaire de change. Pour entrer dans les marchés extérieurs, l'impérieuse exigence serait d'abord de se mettre en conformité avec les standards internationaux, et de trouver un environnement des affaires où la concurrence serait loyale. Ce n'est pas le cas actuellement, à commencer par le rôle dévolu aux Chambres de commerce et aux Chambres d'agriculture pour orienter ne serait-ce qu'au niveau de l'information les impétrants au commerce extérieur. Même si les opportunités existaient, l'information marketing demeure désespérément faible, voire inexistante pour orienter en aval la production destinée aux marchés extérieurs porteurs. Nous avons les institutions, mais nous n'avons pas une harmonisation des compétences nationales, ni les relais indispensables dans les pays ciblés, constituant la base à toutes les études stratégiques à réunir avant de se lancer à la conquête des marchés extérieurs. De plus, il faut définir les objectifs et dégager les fonds indispensables, ce qui n'est pas évident dans un pays où les PME/PMI ont de la peine à trouver auprès du secteur bancaire un accompagnement financier à la hauteur des enjeux. Quand au recours à l'épargne publique ou aux financements privés, la Bourse d'Alger a accusé bien des retards pour assurer la diversification des moyens de financement des projets. Alors, de se demander si le voyage de Benbada à Genève est utile dans le contexte actuel. Contexte qui n'a pas préparé les agrégats macroéconomiques, et les supports microéconomiques à soutenir durablement les filières à l'exportation. De l'aveu même des exportateurs, l'Algérie n'arrive que péniblement à placer des produits agricoles, pourtant d'excellente qualité, sur les marchés extérieurs. L'Algérie réalise des scores en matière de recettes hors hydrocarbures médiocres. On aimerait bien savoir par quelle entourloupette magique, l'Algérie demain va opérer les réformes obligatoires à la mutation du commerce contrôlé vers le commerce du libre-échange !? Le challenge ne pourra qu'être en défaveur de l'Algérie. Les évolutions ne pourront s'opérer que vers l'import-import au détriment des industries et des produits agricoles locaux qui sont déjà étranglés par les exigences des réglementations internationales imposant des normes drastiques, à commencer par le respect du calibrage, des compositions de l'emballage. Les responsables algériens devraient avoir une vision claire des enjeux stratégiques. L'OMC, c'est bien, à condition d'être outillé pour ne pas se laisser racler les fonds de nos réserves de change.

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