Le processus d'adhésion de l'Algérie à l'Organisation mondiale du commerce, dirigée par le DG Pascal Lamy depuis le 1er septembre 2005, traîne en longueur depuis les années 1980. Les multiples négociations entre les délégations algériennes et l'OMC ne se comptent plus. Malgré quelques avancées, ce dossier s'enlise à fur et à mesure que le temps passe, et pour cause ! Il n'est pas sûr que notre économie, et l'organisation structurelle de notre commerce intérieur soient en mesure de s'intégrer dans une mondialisation des marchés, sans s'asphyxier. Le ministre du Commerce éprouve déjà toutes les peines du monde à organiser, protéger et contrôler la distribution intérieure pour que les consommateurs algériens puissent avoir accès à des produits locaux de qualité répondant au juste prix. De plus, les services phytosanitaires aux frontières sont très mal armés pour faire leur travail convenablement, se contentant souvent de consulter la composition du produit sur la nomenclature imprimée sur les emballages. Quant à détecter les organismes génétiquement modifiés, ou la viande aux hormones de croissance, cela relève de l'impossible. Les enjeux sont nombreux. Des profits énormes peuvent être dégagés; mais avons-nous les ressources humaines formées à ces genres d'exercice pour annihiler les velléités malveillantes des fraudeurs étrangers en mesure de falsifier la traçabilité. Une adhésion à l'OMC de l'Algérie est de ce point de vue suicidaire, ne serait-ce que par l'absence de cette culture de la communication qui est capable de faire à elle seule la promotion d'un produit pour le rendre compétitif, donc fructueux. L'autre problème rendant difficile une adhésion à l'organisation de Pascal Lamy est le fait que nos outils de production tournent à 40% de leur capacité de production en moyenne, qu'ils appartiennent au secteur privé ou public, nonobstant leur caractère obsolète. Quand on n'arrive même pas à satisfaire la demande locale, il serait présomptueux de se lancer dans la conquête de marchés extérieurs. Il y a maldonne La mondialisation du commerce devait permettre à l'économie mondiale d'aider au développement de tous les pays, selon le principe «gagnant-gagnant»; or, nous savons qu'il n'en a rien été. Le monde des affaires est basé sur les performances que l'on calcule sur les gains, pas sur l'humanisme. L'accord d'association avec l'Union européenne illustre parfaitement ce qui attend l'Algérie s'il elle venait à adhérer à l'OMC. Cet accord avec l'U.E a rendu possible un déséquilibre de la balance commerciale au profit des Européens, et ils s'en réjouissent. L'intérêt de l'Algérie est d'attendre que sa mise à niveau se fasse, et de revenir au vieux principe de l'équilibre de la balance commerciale, avec tous ses partenaires commerciaux. M. Pascal Lamy appuie l'idée d'un consensus, pour ouvrir les portes de l'OMC à un grand nombre d'adhérents, pour élever le niveau de vie, et lutter contre la pauvreté, en réglementant les marchés au niveau mondial, mais l'opposition des principales puissances économiques est vive. Les dernières négociations de Genève se sont soldées par des échecs retentissants sur l'absence de consensus entre les USA, la Chine et les pays émergents. L'adhésion, lors du dernier round de la Russie, est présentée par les organisateurs comme un exploit à l'élargissement de l'OMC. Or la Russie depuis 20 ans se prépare à ne pas se laisser conter fleurette par les Européens, les Américains et les Chinois. Outre les problèmes liés aux monnaies de change, celui des subventions des productions, il y a les risques de banqueroute et de mise en veilleuse des économies nationales. La Chine a peur de voir ses marchés inondés de riz, et les Américains redoutent les produits manufacturés chinois, qui pourraient fermer des milliers de PME sur le sol américain, sur lesquelles reposent l'emploi et la croissance. Même s'il existe au sein de l'OMC un système démocratique donnant le droit de vote aux grands et aux petits, aux faibles et aux forts, et un système pour réglementer les marchés, et les possibilités de négociation des préalables, et des différends, il n'empêche que la question de la mise à niveau des pays vulnérablesn'est pas à l'ordre du jour. La crise des économies libérales a fortement pénalisé par le truchement de la mondialisation les pays qui n'étaient pas responsables de son déclenchement. La crise n'a profité qu'à la spéculation des institutions financières mondiales. Nous verrons bien après Genève qui des banquiers, ou des hommes politiques l'emportera. Pour l'instant la préoccupation pour l'OMC est de ne pas disparaître. La longueur des processus de négociations et d'adhésion des pays, et le peu de crédibilité à accorder aux dirigeants du G20 illustrent parfaitement le malaise entourant l'OMC. En 2010, les dirigeants du G20 regroupant les principales économies s'étaient fixé pour objectif à Pittsburgh en septembre 2009 de boucler en 2010 le cycle des négociations de Doha. A ce jour le monde attend toujours le repli des protectionnismes empêchant une concurrence loyale permettant aux pays les moins riches d'être compétitifs.