Malgré la cascade de désertions et autres défections en série des personnalités proches de son régime, Bachar Al Assad continue à foncer tête baissée dans sa guerre contre son peuple. Le jeune dictateur semble avoir été réconforté hier par l'émissaire du guide suprême iranien Ali Khamenei, Saïd Jalili, qui l'a assuré du soutien de la République islamique. Le président Al Assad, dont les opposants tapent aux portes de son palais à Damas depuis quelques jours, a donc redoublé de férocité verbale en empruntant un lexique éradicateur propre à tous les malades du pouvoir. «Le peuple syrien et son gouvernement sont déterminés à purger le pays des terroristes», a lâché Al Assad, visiblement exalté voire fantasmé par les propos de son invité du jour, pendant que, au loin, les explosions déchirent le silence solennel de sa forteresse à Damas. L'émissaire de l'ayatollah, dont on devine la mission de (solidarité sectaire), ne s'est évidemment pas privé de bomber le torse. «L'Iran ne permettra jamais la destruction de l'axe de la résistance dont la Syrie est un vecteur essentiel.» Comme Téhéran était capable de faire face à la puissance de feu des alliés si d'aventure une intervention armée est décidée. Et comme pour justifier sa volonté de fourrer son nez en Syrie comme il l'a fait au Bahreïn où il y a une forte communauté chiite, l'émissaire iranien, Saïd Jalili, a jugé que «la situation en Syrie n'est pas une crise interne, mais un conflit opposant l'axe de la résistance dans cette région» contre Israël et les Etats-Unis. L'invité d'Al Assad a souhaité titiller l'ego de ceux qui peuvent encore se nourrir de ce discours éculé tenu par les potentats pour justifier toute forme d'arriération politique qu'ils imposent à leurs peuples au niveau interne. Mais pour Al Assad, dont les lieutenants commencent à le quitter à la queue leu leu, l'arrivée de l'envoyé «très spécial» du guide suprême de l'Iran au palais présidentiel constitue une bouffée d'oxygène. Un envoyé très spécial Ce tête-à-tête lui a permis de poser pour une fois depuis une vingtaine de jours devant les caméras de la télévision et dire à ses supporters qu'il maintient le cap même si l'horizon annonce plutôt une tempête. Cette sortie médiatique intervient au lendemain de la mort, selon une ONG syrienne, de 265 personnes à travers le pays, un des bilans les plus élevés depuis le début de la contestation il y a plus de 16 mois. Hier encore, l'armée a poursuivi ses bombardements intensifs sur Alep (nord), deuxième ville du pays et enjeu crucial du conflit. Washington cherche un moyen de «hâter» la fin des combats et le processus de transition politique en Syrie, a déclaré hier à Pretoria la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, au lendemain de la défection du Premier ministre syrien, Riad Hijab, qui a rejoint l'opposition. L'Iran accuse les Etats-Unis, l'Arabie Saoudite, le Qatar et la Turquie d'aider les rebelles à faire tomber le régime Al Assad. Les insurgés et les Etats-Unis accusent en retour l'Iran de soutenir militairement Damas. Le centre d'Alep était le théâtre de violents combats entre les rebelles et l'armée qui bombardait l'est de la ville, a indiqué l'OSDH. Ailleurs dans le pays, les forces rebelles syriennes ont perdu quatre combattants et tué six soldats en attaquant un champ pétrolier dans la province orientale de Deir Ezzor, a indiqué l'OSDH. A Damas, un cinéaste allaouite, Bassam Mohieddin, a été tué dimanche à proximité de son domicile, a indiqué l'Institut cinématographique général de Syrie, accusant des «mains traîtresses», sans plus de précision.