La porte-parole du département d'Etat, Victoria Nuland, avait souligné que lors de la visite de la chef de la diplomatie américaine à Alger, il s'agira pour Hillary Clinton et les responsables algériens de «se consulter sur les questions d'intérêt bilatéral et régional». Consultations entre Alger et Washington en vue de «poursuivre les discussions» qualifiées de «fructueuses» par N. Victoria s'agissant de «la coopération économique et sécuritaire menées lors du dialogue stratégique algéro-américain» tenu le 19 octobre dernier aux Etats-Unis. Si la visite d'Hillary Clinton à Alger, pour rencontrer les responsables algériens intervient après moins de quinze jours de la tenue à Washington du dialogue stratégique algéro-américain, elle intervient aussi à moins d'une semaine de la tenue des élections de la présidentielle américaine. Si sa visite à Alger, a été en février dernier, celle effectuée hier, par Hillary Clinton risque d'être la dernière, au vu de sa déclaration dans un entretien accordé à un quotidien américain de ne pas être à ce poste même avec la réélection d'Obama pour un second mandat. Autre échéance en vue à l'origine aussi du déplacement d'Hilary Clinton à Alger, l'expiration fin novembre, du délai de 45 jours contenu dans la résolution 2071 adoptée à l'unanimité par le Conseil de sécurité, sur la crise malienne. Un délai accordé au secrétaire général de l'ONU pour élaborer avec l'Union africaine, les pays du champ et la Cédéao un projet détaillé sur l'intervention militaire au Nord Mali. Projet devant définir la mission militaire, son personnel et son coût. La résolution 2071 sur la crise malienne adoptée mi –octobre en cours a été rédigée, pour rappel par la France et adoptée à l'unanimité par le Conseil de sécurité. Si tout le monde s'accorde à souligner la portée du soutien régional et international au processus du dialogue politique inter-malien, des acteurs extra-régionaux s'emploient davantage à concrétiser en premier lieu l'intervention militaire au Nord malien. La visite d'Hillary Clinton à Alger, intervient aussi à quelques jours, après la tenue à Paris de la réunion de responsables militaires américains et français. Réunion qui s'est penchée selon des médias sur les détails et les modalités de l'intervention militaire au Nord malien. Une séance de travail a été tenue entre responsables et experts militaires américains et Français en vue d'aplanir davantage leurs rivalités en direction de la région en particulier et de l'Afrique en général face à leur principal et commun rival la forte présence économique de la Chine. Ne dit-on pas que l'action militaire est l'expression violente de l'action politique et que les visées politiques sont dictées par les intérêts économiques ? La chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, est en charge de présenter avant l'expiration du délai fixé dans la résolution 2071 d'«un plan pour une mission au Mal » pour qu'une décision finale sur le genre et type d'engagement de l'UE soit prise vers le 19 novembre prochain. Selon des déclarations de diplomates européens, la mission implique «le déploiement de 150 experts militaires européens pour former sur une période de quatre à six mois les troupes maliennes et africaines». A ce propos, l'EUTM (European Union Training Mission) est en charge de la formation depuis mai 2010 des soldats somaliens en Ouganda qui, pour les diplomates occidentaux «est un modèle pour une telle opération de formation» pour l'armée malienne. Ceci dit, Alger via son ministre des Affaires étrangères a fait savoir à propos de la crise malienne que «nous sommes confiants qu'on peut développer, à la fois, un dialogue entre les frères maliens et mener la lutte contre le terrorisme». Déclaration émise, par M. Medelci après avoir indiqué que «nous sommes aujourd'hui dans la nécessité d'en appeler également à la communauté internationale parce que nous sommes tous convaincus que la lutte contre le terrorisme est une nécessité». Cette obligation qui est précisée «interpelle l'ensemble de la communauté internationale à apporter une contribution déterminante dans la lutte contre le terrorisme et le crime organisé». De par sa position géopolitique et géostratégique et de par son processus historique, ses capacités d'ordre militaires et économiques œuvrent à peser sur le cours que devrait emprunter la voie pour le règlement de la crise malienne. Une voie qui a été explicitement précisée par Alger par le biais de M. Medelci indiquant qu'«il est certain que le moyen de prévention le plus puissant contre le terrorisme est la lutte contre le sous-développement» et que «l'Algérie est en train de développer une action dans trois directions», toutes complémentaires. Il s'agit d'abord d'opérations humanitaire, politique et de partage dans la lutte contre le terrorisme». Ceci d'autant plus que l'histoire nous enseigne amplement que l'intervention militaire n'a pas eu à régler une crise politique. Alger, ces dernières années a été pionnière avec ses partenaires des pays du champ, dans l'élaboration d'une approche globale en direction du Sahel et de la lutte contre le terrorisme dans cette région, ceci s'est traduit par la mise en place de mécanismes régionaux de divers secteurs et de l'élaboration lors de la conférence internationale d'Alger de la nature et du rôle de la coopération des acteurs extrarégionaux. L'avènement de la crise malienne, en mars dernier, par un putsch militaire à Bamako et le nord malien sous contrôle des groupes terroristes a bousculé le processus engagé par les pays du champ et consacrant par l'adoption de la résolution 2071 rédigée par Paris, le rôle premier des membres permanents du Conseil de sécurité en direction de la crise malienne et par conséquent du Sahel. C'est ce qui a été à l'origine de la nomination de l'ex-chef du gouvernement italien, Prodi au poste d'envoyé spécial de l'ONU pour le Sahel, appelé à mener des consultations avec les pays du champ, de la Cédéao de l'Union africaine et de l'Union européenne. Berlin a été consultée au cours de la visite effectuée dernièrement par M. Prodi en Allemagne. Soucieuse des conséquences immédiates et à moyen et long termes sur la région par l'empressement de lancer exclusivement une opération militaire au Nord Mali et des efforts à consentir en direction d'un réel processus de dialogue inter-malien, Alger craint de voir le scénario somalien se traduire au Mali. Ce qui constituerait du fait de la proximité géographique avec notre voisin du Sud, le Mali, une menace sur la sécurité de l'Algérie avec des rapports géostratégiques résultant par la précipitation dans une intervention militaire, au Nord malien. La Maison Blanche en dépêchant sa secrétaire d'Etat à Alger, semble répondre au souci américain de convaincre Alger à plus de souplesse dans sa position sur la crise malienne sur fond du rôle que Washington qualifie d'«Alger incontournable». Qu'il s'agisse de discussions entre Clinton et responsables algériens sur la nature de la contribution attendue par Alger qu'elle soit dans l'architecture ou les moyens logistiques à fournir à la force africaine. Ceci d'autant plus que les l'opération de 3 000 soldats dégagés par la Cédeao ne semble pas répondre aux estimations d'experts onusiens et des divergences sur les parties devant assurer son financement et son coût au vue des prévisions inscrivant la crise malienne dans la durée.