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Lutte de libération au Clos Salembier (I)

En ce mois de juin 1954, Didouche Mourad était dans son quartier de la Redoute, actuellement El-Mouradia, chez son ami Lamrani Hassène dit «le tailleur» qu'il entretenait de choses importantes, puisqu'il était passé 18 heures lorsqu'il entra au magasin.
Dès l'apparition de Didouche, Hassène renvoya Rachid l'ouvrier, qui, tout en étant un militant de confiance, ne pouvait assister à ce genre de rencontre et aux discutions qui en découlait. Rachid baissa à moitié le rideau du magasin et s'en alla en direction du Clos Salembier, actuellement El Madania, cité Nador où il habitait. Devant le magasin, Debbih Chérif «l'ombre» de Didouche, était de garde avec Salah. A l'intérieur, les deux hommes parlaient des conditions que devait réunir le lieu qui pourrait abriter une importante réunion des «frères». Lamrani écoutait attentivement. Mourad Didouche lui parlait du frère Liès Derriche, lui aussi enfant de La Redoute, dont il se rappelait le parcours militant, pour confirmer la confiance que placer en lui Bouadjadj qui l'avait proposé pour accueillir chez lui l'importante réunion qui se préparerait. Il se confirma que Derriche est un homme digne d'une totale confiance. Néanmoins Hassène «le tailleur» aurait souhaité que la réunion se face chez lui, il craignait qu'elle ne présente pas assez de sécurité vue que son voisinage est à forte concentration française. Didouche pensait de même et voyait plus de sécurité à ce que la réunion se tienne à Salembier, soit chez le neveu Mohamed «yeux bleus» ou chez Si Athmane Madani, ou alors chez Liès Derriche, tous trois militants de la cause nationale. La maison de Mohamed «yeux bleus» avait une seconde issue, une porte qui donnait sur une ruelle de l'autre côté de la cité, mais elle était cimentée et la rouvrir aurait nécessité des travaux de maçonnerie, qui pouvaient attirer l'attention de quelques mouchards, qui se seraient empressés de le rapporter à la police. Quant à la maison de Si Athmane Madani, elle était trop connue pour être celle d'une famille de nationaliste et, n'ayant aucune issue de secours, elle présentait trop de risque. Celle qui présentait toutes les commodités, était la maison de Derriche. Récemment construite, elle se trouvait plus à l'écart, avait deux entrées, la première se situait à la rue 3 et la seconde à la rue Roger-Cardonna. Le choix s'imposa de lui-même ; il fut porté sur cette dernière proposition, dont le propriétaire, contacté à cet effet, avait donné son accord. L'endroit devant abriter la réunion exigeait avant tout d'être un lieu sûr. Le Clos Salembier convenait mieux à la clandestinité que La Redoute parce que le premier était un quartier populaire à forte population indigène. Lieu réputé malfamé pour sa fréquentation par des repris de justice en tous genres, qui ont fait des grottes, existant un peu partout, que la municipalité n'a pas fermé, leurs repaires. Le choix du lieu où se tiendrait la rencontre des frères de l'organisation s'imposait de lui-même et «se devrait être la maison de Derriche», Inchallah, à moins d'imprévue, dit Didouche à Hassène. Cette maison de par la rue «3» donne directement vers le Ravin de la femme sauvage. Celle-ci surplombait la route du Ruisseau et, à sa gauche, il y avait la meilleure planque qui soit, «un cimetière pour musulmans» où beaucoup de réunions clandestines s'était déjà tenues ainsi qu'à la forêt des Arcades qui se trouve un peu plus haut, sur l'autre versant du cimetière. Le Clos Salembier était une butte stratégique, d'où l'on pouvait par la petite forêt des Arcades descendre jusqu'à Belcourt. Un autre quartier populaire à forte densité de militants nationalistes. Choix judicieux que la maison de Liès Derriche, car elle présentait toutes les garanties qu'exigeaient les organisateurs de la future réunion. Cette maison allait donc accueillir l'assemblée choisie par les membres du CRUA, Mostefa Ben Boulaïd, Mohamed Boudiaf, Mourad Didouche, Larbi Ben M'hidi et Rabah Bitat. Chacun de ses hommes en avait proposé quatre autres, jusqu'à accord du groupe sur l'ensemble des futurs membres de la réunion. C'est un dur et pénible travail de sélection qui devait se faire puisqu'il s'agissait, avant toute autre chose, de rassembler les militants les plus engagés dans le mouvement et qui soit aussi et surtout enclins au déclenchement de la lutte armée. Pour éviter le pire, il fallait se prémunir des positions contraires, qui auraient pu avoir de fâcheuses répercussions sur le projet. Aussi, il fallait imaginer qu'une personne qui, après avoir assisté à la réunion, pouvait déclarer : «Je suis d'un avis contraire, je ne participe pas au déclenchement de la lutte armée !» Si pareil cas devait se produire, que fallait-il faire avec un homme au courant du secret mais n'y adhérant pas ; il aurait certainement fallu l'exécuter sur-le-champ. C'est pourquoi la mission de sélection était délicate, il ne fallait pas d'imprévu. Toutes les situations avaient été envisagées jusqu'aux extrêmes. Tous les cas de figure avaient été pensés, imaginés, mesurés et pesés. La liste des militants qui pouvaient assister à la réunion s'éclaircissait en s'allongeant au fur et à mesure du tri. L'étude du lieu de la future réunion donnait à peu près ceci : la maison de la famille Derriche chevauchait deux passages : la rue «3» et la rue Roger-Cardonna, ayant sur chacune d'elle une porte. Ces deux portes sont faciles d'accès, celle du bas est une parfaite issue de secours, quant à celle du haut, elle avait sur le côté une petite forêt de pins et un bosquet de mimosas où l'on pouvait abriter des guetteurs, les deux passages ne présentant aucun empêchement à un départ précipité. Cette maison est une villa à un étage, qui avait suffisamment d'espace pour contenir une trentaine de personnes à l'aise. Les habitations de l'entourage étaient occupées pour la plupart d'Algériens , des nationalistes connus du nidam (l'organisation) et aucun mouchard n'y a été signalé. La famille Derriche étant nouvelle dans le quartier, les voisins, ne connaissant pas ses habitudes, ne pouvaient distinguer une réunion d'une réception familiale. Tout ces éléments d'appréciation avaient amené Didouche et ses frères du CRUA à se fixer sur cette maison pour le conseil de guerre qu'il aller tenir, parce que c'est d'un conseil de la Révolution qu'il s'agit, et ce conseil allait se prononcer sur la grave décision du «Oui» ou «Non» pour le déclenchement contre les forces d'occupation coloniale française de la lutte armée de libération nationale. Quant à Liès Derriche, chez qui cette importante décision allait se prendre, cela faisait plus de dix ans qu'il militait pour la cause national. Adhérent à la section jeunesse du PPA dès les années 1942-1943, il a ensuite activé au sein du MTLD et de l'Organisation spéciale. Fils de La Redoute comme eux, Didouche Mourad, Hassène «le tailleur» et Debbih le connaissaient bien et avaient tous donné de bons renseignements sur lui. Le seul qui ne le connaissait pas, Larbi Ben M'hidi, avait été mis en contact avec lui pour l'évaluer. Lui ayant fait une bonne impression, il en sera satisfait, et Liés en gardât un bon souvenir. C'est ainsi que de l'avis de tous Liès Derriche méritait une totale et entière confiance. Et sa maison fut retenue pour la réunion historique qui avait été décidée. Finalement, Didouche le connaissant très bien, ce serait lui qui irait le trouver pour s'entretenir avec lui. Et quelques jours plus tard, en début de soirée du 15 juin, Didouche Mourad en compagnie de Ben M'hidi, Saïd Halès et Zoubir Bouadjadj,allèrent à la rencontre de Liès Derriche pour lui demander s'il acceptait que son domicile serve à abriter une réunion des frères, ce dont Ben M'hidi, l'avait déjà brièvement entretenu. C'est vrai que Liès Derriche avait eu tout le temps de réfléchir à la question et sa décision était, dès le premier contact, un grand oui. Ce qu'il confirma encore et sans hésitation aucune. Ils étaient d'accord pour recevoir les frères, et sa maison fut mise à leur disposition, comme si c'était la leur, avait-il souligné. Satisfait, Didouche Mourad dit à Liès Derriche : «Je savais que l'on pouvait compter sur toi. Nous restons en contact, si tu remarques le moindre changement dans les mouvements et la vie quotidienne des habitants de ton quartier, tu m'en informes par le biais de Bouadjadj». Et sur ces propos ils se quittèrent. Didouche s'en était remis à Hasséne «le tailleur» pour qu'il mette sous haute surveillance le secteur de Derriche, ce qu'il fit transmettre par le biais de son neveu Mohamed «yeux bleus» à Madani pour exécution. Il faut dire ici que Mohamed «yeux bleus» ne quitte plus l'atelier de son oncle depuis qu'il a cessé ces études et qu'il devint apprenti tailleur chez lui. Depuis la création de l'Organisation spéciale, Mohamed «yeux bleus», autodidacte polyvalent, homme à tout faire, était aussi bien garde du corps qu'agent de liaison ou transporteur d'armes. Très bon tireur, il était devenu le bras armé de son oncle Hassène. Homme de type européen, il passait partout sans se faire contrôler. Ce beau garçon aux yeux bleus pouvait être pris pour n'importe qui, sauf pour un fellagha. Pour l'instant, Mohamed écoutait attentivement son oncle lui donner ces instructions : «Tu diras à Madani Saïd que le grand jour arrive, qu'une importante réunion doit se faire dans le secteur. Il faut mettre les frères en état d'alerte 24h/24. Vigilance jour et nuit. Si Mourad (Debbih Chérif) va le rencontrer pour organiser la surveillance du secteur.» Sans chercher à comprendre, le neveu acquiesça et quitta le domicile de son oncle, pour aller directement chez Saïd Madani, au Clos Salembier, à proximité de La Redoute, où habite Hassène, rue des Mimosas. Prenant à travers champs, au centre du passage qui séparait les deux secteurs, Mohamed avançait sur ce chemin rocailleux mal éclairé et dans le noir complet par endroits ; seule la lumière de la lune brillait, éclairant le pas allongé, pressé et régulier du militant allant remplir sa mission. Il marchait en chantant les chansons de Abderahmane Aziz, celles que lui avait composées son ami Laala. Puis arrivé chez les Madani, le neveu de Hassène fut reçu comme d'habitude par le joyeux Saïd, qui prenait plaisir à mêler au sérieux des
situations une touche de plaisanterie contraire à ce qui été entendu. Aîné de trois frères, Madani Saïd, fine bouche, fin limier et fine lame, faisait partie des premiers groupes formés dans le cadre de l'OS. Il avait reçu une instruction paramilitaire et une formation politique au bois des Arcades, au domaine Lung et d'autres endroits bien protégés. (A suivre)


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