Le début d'une épopée de combats de résistance a été indubitablement marqué par la mutinerie de «Hassi Saka» qui a eu lieu le 15 octobre 1957 dans la région de Timimoun que les autochtones connaissent et baptisent «la bataille de l'Erg». En effet, pour mieux situer le lecteur, il serait judicieux de rappeler les faits historiques tels qu'ils se sont déroulés et les situer dans leur contexte. Les montures de réserve de la compagnie méhariste du Touat, paissaient paisiblement dans la région de Hassi Saka, à 80 km environ au Nord-Est de Timimoun. Cinquante musulmans sont chargés de leur surveillance encadrés par huit Français qui furent retrouvés plus tard assassinés et tous les méharistes se sont volatilisés. Le Figaro du 21 octobre 1957 en parle dans son édition en s'étalant sur les faits qu'il qualifie de mutinerie. Cet événement allait marquer le début de nombreux combats menés par nos 63 méharistes de 1957 à 1962 et les autres groupes, le gouvernement français n'en resta pas là et décide de mener une grande offensive en novembre 1957 sous le commandement du général Bigeard et de toute une division de plus de 1 500 soldats, 1 000 parachutistes, 200 légionnaires, 100 commandos, 100 méharistes motorisés, 11 avions de chasse et 6 hélicoptères. Une véritable petite armée pour damer le pion à ces prétendants mais c'était sans compter sur l'abnégation, l'intrépide, la foi et le courage de nos vaillants combattants qui ont brillé durant les combats. Les autorités françaises avant de déclencher cette vaste opération ont quand même mis plus de deux jours avant de se rendre compte de la disparition des méharistes et de l'assassinat de huit des leurs. Mais le groupe de nos 63 méharistes forts de cette avance et de ce gain de temps considérable ont fini par rejoindre un autre groupe de l'ALN à Hassi Djedid. A Adrar, l'un d'eux en survivant raconte : «cette opération fut le fruit d'une longue préparation de plusieurs mois, nous faisions partie de la compagne MT composés de 120 soldats et le mois de février fut retenu pour déserter les rangs de l'armée française et rejoindre ceux de l'ALN. Au mois de mai, la visite de Si Omar, connu sous le nom de Ferhat Belaïd, allait sonner le déclic de l'opération prévue pour le mois d'octobre. Les plus vieux, sachant dès le départ, qu'ils pouvaient constituer un handicap pour leurs partenaires ont décidé de se sacrifier. Les autres animés de bonne foi et d'une forte conviction de mener la vie dure à l'envahisseur sont restés. Le 15 octobre c'est le jour J, juste après la descente des couleurs, au crépuscule on se charge d'exécuter les soldats français. Sitôt l'acte accompli nos méharistes se dirigent vers Hassi Chergui vers l'est à 90 km, s'ensuivit une longue marche de trois jours et deux nuits en emportant avec eux, 250 chameaux, 120 fusils, 3 mitrailleuses, des munitions, des vivres et de l'eau. Au troisième jour, le troupeau de chameaux est repéré par des avions de chasse qui survolaient la région. Les deux avions sont abattus. Le quatrième jour, un autre avion qui parvint à décimer une partie du troupeau fut abattu à son tour. Sur les 250 dromadaires, seuls 18 ont survécu. La troupe finit par atteindre Hassi Tasselgha à 60 km au nord de Timimoun. Une stèle fut érigée par les autorités françaises au lieudit Hassi Saka qui fut remplacée à l'indépendance par une autre portant les noms des martyrs de la région. Cette attaque de Hassi Saka eut l'effet d'une bombe puisqu'en 1956, le pétrole est découvert à In Aménas et la France craint pour ses gisements menacés. Les compagnies pétrolières craignant pour leur propre sécurité demandent l'appui de l'armée qui se veut et se montre rassurante ridiculisée par une poignée de méharistes qui ont combattu l'ennemi et aujourd'hui ils méritent notre reconnaissance et notre admiration.