Les dirigeants de la communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) en conclave, hier, à Abuja, se sont prononcés sur le plan d'intervention militaire au Nord-Mali élaboré la veille par les ministres des Affaires étrangères et de la Défense. Les participants étaient appelés à trancher la question de l'intervention militaire au Nord-Mali. Le nombre de soldats a été revu à la hausse, soit 5 500 au lieu des 3 200 dans le plan initial. A Abuja, le président de la commission de la Cédéao, Kadré Désiré Ouédraogo, avait soutenu, la veille de l'ouverture du sommet, qu'il était «déterminant», en précisant que la Cédéao «continue d'adopter une double approche pour le règlement de la crise, basée, d'une part, sur la poursuite du dialogue politique, et l'exercice d'une pression militaire sur les groupes armés, d'autre part». Par ailleurs, le sommet d'Abuja intervient avant la présentation par la responsable de l'Union européenne, Catherine Ashton, avant le 20 novembre, du son plan en direction de la crise malienne. Aussi, il est question de la tenue de la réunion du Conseil de sécurité de l'ONU sur la crise malienne d'ici fin novembre, fin du délai de 45 jours accordé par la résolution 2071. Si tout le monde s'accorde à souligner que l'approche adoptée par la communauté internationale en direction de la crise malienne est le reflet d'un consensus, il n'en demeure pas moins que les efforts déployés diffèrent. La Cédéao a dès le début de la crise promu l'approche militaire. Ce qui depuis semble être à l'ordre du jour et dont la dernière réunion des ministres des Affaires étrangères et de la Défense de la Cedéao ont modifié dans la forme l'approche adoptée initialement. L'Union africaine, partenaire de l'ONU pour la promotion de la paix et de la sécurité en Afrique, dans les opérations de maintien de la paix et la gestion des crises, à l'exemple de la crise somalienne, est tenue à peaufiner pour sa part un plan global sur fond de la résolution 2071. Il est question, notamment, d'efforts pour asseoir un processus inter-malien à même de répondre aux questions et aux besoins déterminants pour les Maliens du nord du pays. Pour l'envoyé spécial de Ban Kimoon pour le Sahel, M. Prodi, «tous les efforts seront déployés pour instaurer la paix dans le nord du Mali et éviter une intervention militaire», et d'avertir «des conséquences qui pourraient être désastreuses pour toute la région du Sahel». «Le recours à la force militaire est l'ultime recours», avait indiqué Romano Prodi à partir d'Alger. Les réunions, concertations et entretiens d'acteurs régionaux et extra-régionaux se multiplient alors que bon nombre de questions restent en suspens. La lutte contre les groupes terroristes au nord Mali par une intervention militaire est une action réductrice des causes et des éléments qui ont conduit à cette situation. Ce qui nous amène à nous interroger sur les motivations des uns et des autres. Les craintes exprimées par certains quant aux conséquences de l'intervention militaire dans le traitement de la crise malienne sur le processus politique inter-malien, d'autant plus que la lutte contre le terrorisme aboutit à des résultats effectifs, fruits de la distinction entre acteurs terroristes engagés sur la voie du chaos et les acteurs refusant l'action militaire dans le règlement des problèmes politico-socio-économiques souvent exploités par les terroristes. Et cette équation que certains œuvrent à résoudre au moment où d'autres voix s'élèvent pour plonger le nord malien dans une spirale d'opérations militaires qui, si elles venaient à commencer seraient difficiles à arrêter à moyen et long termes. D'autant plus que le plan de la Cédéao fait état d'intervention aérienne dont les conséquences ne pourront être inscrites dans un registre des «dommages collatéraux» selon le jargon militaire. Les détails du plan d'intervention, le coût, le financement et l'accompagnement des troupes dégagées, selon le schéma de la Cédéao, est loin de répondre aux critères exigés pour une intervention militaire, notamment les prévisions à court terme, si l'opération venait à se traduire. L'approche de la Cédéao ne peut répondre à elle seule à la donne géo-stratégique induite par la crise malienne.