La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a lancé, hier, lundi 3 décembre, à Prague, un «avertissement sévère» au régime du président syrien Bachar Al-Assad, concernant l'éventuelle utilisation d'armes chimiques contre son peuple. La banlieue de Damas était hier lundi sous le feu de l'aviation syrienne qui tentait d'en déloger les rebelles, avant une rencontre cruciale entre le président russe Vladimir Poutine, allié du régime, et le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, partisan de la rébellion. «C'est une ligne rouge pour les Etats-Unis», a-t-elle déclaré devant la presse. «Une fois de plus, nous lançons un avertissement très sévère au régime d'Assad, son comportement est condamnable. Ses actions envers son propre peuple sont tragiques.» Mme Clinton s'exprimait à l'issue d'un entretien avec son homologue tchèque Karel Schwarzenberg. «Je ne vais pas entrer maintenant dans les détails et parler de ce que nous envisageons de faire en cas de preuve crédible que le régime d'Assad a recours aux armes chimiques contre sa propre population», a déclaré la secrétaire d'Etat américaine. «Il suffit de dire que nous sommes bien sûr prêts à prendre des mesures au cas où cette éventualité se produirait.» La visite de M. Poutine intervient dans un contexte de tensions entre les deux pays, notamment après l'interception en octobre par Ankara d'un avion de ligne syrien venant de Moscou et soupçonné de livrer des armes à Damas. La Russie, l'un des soutiens du régime syrien qui bloque les projets de résolution du Conseil de sécurité le condamnant, a affirmé qu'il s'agissait d'équipements radar qui n'étaient pas interdits par les conventions internationales. Moscou a également critiqué la demande d'Ankara de déployer des missiles Patriot de l'Otan le long de sa frontière avec la Syrie, déchirée depuis 20 mois par des violences, estimant que cela augmentait le risque de contagion du conflit. Les ministres des affaires étrangères de l'Alliance devraient sans surprise répondre positivement aujourd'hui à la demande turque formulée après la mort de cinq civils dans un village limitrophe atteint par des obus syriens, selon des sources diplomatiques. Un délai de plusieurs semaines sera toutefois nécessaire pour la mise en place des batteries anti-missiles, selon un haut responsable américain. Sur le terrain, l'armée syrienne bombardait les quartiers sud de Damas ainsi que sa banlieue où son aviation menait des raids, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). La banlieue de Damas est désormais au cœur des combats, le régime ayant lancé jeudi une opération militaire pour reconquérir un rayon de huit kilomètres autour de la capitale, qu'il veut à tout prix conserver pour être en position de négocier une issue au conflit, selon les experts. Le journal proche du pouvoir Al-Watan avait promis dimanche «l'enfer» à ceux qui songeraient à attaquer Damas. Hier lundi, il faisait état de nouvelles «opérations de qualité de l'armée» qui a tué de nombreux «terroristes», terme par lequel Damas désigne les rebelles. «Pour continuer de sécuriser la route de l'aéroport international de Damas du côté sud, l'armée poursuit sa progression sur l'axe al-Houjeira, Aqraba, Beit Sahem», a rapporté le quotidien. Al-Watan évoque également Hama, une ville du centre du pays où semble s'ouvrir un nouveau front, avec des combats qui ont éclaté dimanche et des renforts militaires envoyés lundi, selon l'OSDH. Le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane, a expliqué que ces affrontements étaient «très significatifs car ils montrent que malgré le contrôle total de l'armée et des forces de sécurité sur la ville [après des manifestations monstres à l'été 2011], les rebelles sont parvenus à s'infiltrer".