La signature par deux groupes armés occupant le nord du Mali, le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) et Ansar Dine, d'un engagement pour cesser les hostilités et négocier avec les autorités maliennes, sous l'égide d'Alger, porte une double signification. D'abord, le choix de la date : survenant au lendemain même de l'adoption par le Conseil de sécurité de l'ONU d'une résolution autorisant l'envoi d'une force internationale au Mali, cet accord ôte ainsi toute justification à une offensive massive. Autrement dit, si offensive doit y avoir, elle doit viser seulement les groupes islamistes (Aqmi et Mujao) qui détiennent encore des otages européens et algériens. La décision des deux groupes touareg peut donc aider à éviter l'embrasement généralisé dans ce pays voisin et dans la région. Aussi, le fait que cet accord ait été couvert par Alger montre la cohérence de l'Algérie sur cette question. C'est en ce sens que le gouvernement algérien a toujours privilégié la voix du dialogue pour amener les groupes armés occupant le nord du Mali à se désolidariser des groupes djihadistes affiliés au réseau Al-Qaïda. Les efforts fournis par Alger auprès du MNLA et Ansar Dine ont donc porté leurs fruits. Pour preuve, les capitales occidentales ont salué l'initiative d'Alger et pensent déjà à adapter l'intervention envisagée incessamment à la nouvelle donne. Pour rappel, Alger a été la première capitale à condamner le coup d'Etat militaire qui a évincé le président démocratiquement élu, en mars dernier, et à appeler au rétablissement rapide de l'ordre constitutionnel dans ce pays. Cet appel pressant était bien sûr aussi lié à la conjoncture régionale. Car une situation chaotique au Mali risque, non seulement d'accélérer le délitement de la cohésion nationale, déjà en butte à de graves fractures à cause de la crise targuie et de l'activité terroriste d'Al-Qaïda sur son territoire, mais surtout d'attirer les immixtions étrangères qui, comme en Côte d'Ivoire, en Libye et partout ailleurs, ne feraient qu'aggraver la crise interne et y semer le désordre. Ces puissances, mues par leur instinct de prédateurs, guettent la moindre brèche pour s'y introduire. L'Algérie a toujours compté sur la coopération du Mali dans la lutte antiterroriste dans la région du Sahel, et dans les démarches soutenues, que traduit cette tradition de concertation entre les deux pays, pour trouver une solution pacifique et négociée au conflit qui oppose Bamako au mouvement Azawad, au nord du pays, avant l'introduction programmée des groupes islamistes qui sèment aujourd'hui le chaos dans cette région et menacent de déborder sur les pays voisins.