La Syrie a brandi jeudi la menace d'une riposte «surprenante» face à Israël après une mystérieuse attaque de l'Etat hébreu en territoire syrien que la Russie a qualifiée de violation flagrante de la charte des Nations unies. Selon des diplomates, des insurgés syriens et des sources sécuritaires régionales, l'aviation israélienne a bombardé mercredi un convoi circulant en Syrie non loin de la frontière libanaise, visant apparemment une cargaison d'armes destinées au Hezbollah libanais. Tandis que le gouvernement israélien se cantonne dans le plus grand mutisme, Damas a réfuté cette version des événements en affirmant que la cible visée était un centre de recherche militaire situé au nord-ouest de Damas. La Syrie pourrait «prendre une décision surprenante pour riposter à l'agression de l'aviation israélienne», a fait savoir l'ambassadeur de Syrie au Liban, Ali Abdoul-Karim Ali. «La Syrie est engagée dans un processus de défense de sa souveraineté et de son territoire», a ajouté le diplomate sur un site internet du mouvement chiite Hezbollah. Damas a convoqué jeudi le chef de la Force de l'Onu chargée d'observer le désengagement (Fnuod, qui est déployée au Golan), le général indien Iqbal Singha, pour élever une protestation officielle. Aux Nations unies, un porte-parole du secrétaire général Ban Ki-moon a déclaré que la Fnuod n'avait observé aucun survol suspect du Golan, comme s'en est plaint Damas, invoquant de mauvaises conditions atmosphériques. Dans une lettre à l'Onu citée par la télévision officielle, le ministère syrien des Affaires étrangères a déclaré : «La Syrie tient Israël et ceux qui le protègent au Conseil de sécurité pour responsables des conséquences de l'attaque et confirme son droit à défendre son territoire et sa souveraineté.» En 2007, l'aviation israélienne avait bombardé un site nucléaire présumé syrien sans que Damas ne déclenche de représailles. Le Hezbollah, qui soutient le régime du président syrien Bachar al Assad et a brièvement combattu Tsahal en 2006, a pour sa part exprimé jeudi «(...) sa solidarité totale envers les dirigeants, l'armée et le peuple syrien». Pour le Hezbollah, le raid montre que le conflit syrien s'inscrit dans le cadre d'un plan «visant à détruire la Syrie et son armée et à mettre en échec son rôle-pivot dans le front de résistance (à Israël)».