D�savou� par l�opinion publique, ouvertement critiqu� par l�opposition, le Premier ministre isra�lien reste sourd aux appels au cessez-le-feu. Profitant des dissensions entre Fran�ais et Am�ricains et de l�incapacit� des pays membres du Conseil de s�curit� de l�ONU de faire adopter une r�solution imposant l�arr�t des hostilit�s, l�arm�e continue son offensive contre le Liban. Hier, le Hezbollah a fait savoir que ses hommes avaient coul� une vedette avec � son bord douze soldats isra�liens. Les Etats- Unis, qui font mine de s�activer pour convaincre le gouvernement isra�lien de cesser son agression, projettent de livrer � Isra�l des roquettes � fragmentation M-26. La vente de ces roquettes antipersonnel qui a �t� approuv�e risque de provoquer la mort davantage de civils. Pendant ce temps, la diplomatie bute. Tandis que Fran�ais et Am�ricains tentent d�aplanir leurs diff�rends, la Russie a d�pos� son propre texte. Les Libanais ont quant � eux fait part de leur scepticisme quant � l�adoption prochaine d�une r�solution imposant le cessez-le-feu. Le Conseil des droits de l'homme a condamn� les attaques isra�liennes contre les civils et demand� une enqu�te sur les attaques contre les civils. L�ONU plus que jamais divis�e L�espoir de voir l�arm�e isra�lienne cesser son offensive s�amoindrit. L�accord franco-am�ricain sur un �ventuel projet de r�solution s�est av�r� �ph�m�re. Les discussions � l�ONU qui devaient d�boucher sur une d�cision ont finalement �chou�. C�est dans cette cacophonie que la Russie a pr�sent� une autre version dudit texte. �Les Am�ricains et les Fran�ais n'ont pas r�ussi � s'entendre, ils continuent leurs discussions. La F�d�ration de Russie introduira au Conseil de s�curit� un projet de r�solution pour un cessez-le-feu humanitaire, appelant � une cessation imm�diate des hostilit�s pour 72 heures�, avait fait savoir l'ambassadeur russe qui a promis que ledit texte sera rapidement finalis� pour �tre pr�sent� aux autres membres de l�ONU. M Tchourkine a fait part de l'impatience de son pays devant la lenteur des n�gociations entre la France et les Etats-Unis. �La guerre fait rage au Liban et la situation humanitaire devient catastrophique. Le processus diplomatique suivi jusqu'ici � l'ONU ne permettait pas une action imm�diate�. la Russie, qui n�avait jusque-l� fait aucune proposition, justifie son initiative par l�urgence de la situation. �Il est temps d'appeler � un cessez- le-feu humanitaire et de tenter de profiter de l'occasion pour faire aboutir l'initiative politique et diplomatique. Il n'est pas dans notre intention d'entrer en comp�tition avec quiconque �, a indiqu� le diplomate. Anticipant sur les r�actions des Fran�ais et des Am�ricains, il a ajout� que son pays �ne souhaitait pas interf�rer dans la tentative francoam�ricaine de trouver une solution � plus long terme�. Des explications qui n�ont pas convaincu l�ambassadeur des Etats-Unis, John Bolton, qui a critiqu� la d�cision russe. �Je ne pense pas qu'il soit positif de d�tourner l'attention. Avec l'approche que nous et les Fran�ais avons choisie, nous tentons de trouver une solution permanente et durable.� M�me son de cloche du c�t� des Isra�liens. Le repr�sentant isra�lien � l'ONU Dan Gillerman a fait savoir que son pays s�opposait � la proposition de la Russie appelant � un cessez-le- feu de 72 heures pour des raisons humanitaires. �Ce serait une tr�s mauvaise solution � la crise, car cette r�solution permettrait au Hezbollah de reprendre ses forces et de se r�organiser. Cette proposition refl�tait avant tout le d�sir de Moscou de manifester une politique ind�pendante�. De son c�t�, le chef de la diplomatie libanaise, Fawzi Salloukh, a rejet� les propositions de r�solution �labor�es par Paris et Washington, expliquant qu'elles n'appelaient pas � un cessez-le-feu imm�diat. �Nous avons re�u le texte du projet de r�solution, les deux versions de la France et des Etats-Unis. Des r�unions sont actuellement en cours pour r�soudre les diff�rences entre les deux c�t�s mais aucun des deux textes ne r�pond aux aspirations libanaises, surtout qu'ils conviennent de ne pas stipuler un cessez- le-feu imm�diat�, a d�plor� le diplomate libanais. Le gouvernement am�ricain va livrer des M-26 � Isra�l Pendant que la diplomatie agonisante tente un sursaut, Washington ne perd pas de temps. Selon le quotidien The New York Times d�hier, le gouvernement am�ricain r�fl�chit � la livraison � Isra�l de roquettes � fragmentation M-26 que l'Etat h�breu veut utiliser contre des sites de missiles du Hezbollah au Liban. Un haut responsable am�ricain a indiqu� au journal que la livraison serait approuv�e prochainement. Mais d'autres responsables ont d�clar� que le d�partement d'Etat retardait son accord, en raison de craintes que ces munitions ne provoquent des victimes civiles et que leur livraison ne complique les efforts diplomatiques visant � mettre un terme au conflit. Les M-26 sont des roquettes antipersonnel de courte port�e. Elles contiennent des centaines de sous-munitions semblables � des grenades qui se dispersent et explosent sur une vaste superficie. La vente de roquettes M-26 � Isra�l a �t� approuv�e il y a quelque temps, mais elles n'avaient pas encore �t� livr�es lorsque le conflit actuel a d�but�, ajoute le quotidien am�ricain. Les combats font rage Sur le terrain, pas de r�pit. Les combats font rage. Les raids de l'aviation isra�lienne ont repris, hier, avec intensit� contre le Liban-Nord, la banlieue sud de Beyrouth, l'est et le sud du pays, tuant 11 civils et faisant 9 bless�s. Les chasseurs F16 ont pilonn� le pont de Hissa, dans le plateau du Akkar, limitrophe de la Syrie, � une vingtaine de kilom�tres au nord-est de Tripoli, principale ville du Liban-Nord. Un troisi�me raid a �t� men� pr�s de la localit� voisine de Habchit, dans le Akkar, � une vingtaine de kilom�tres au nord-est de Tripoli. Les appareils isra�liens ont �galement cibl� la banlieue sud de Beyrouth. Douze raids y ont �t� effectu�s en une heure. A l'est du Liban, les appareils isra�liens ont une nouvelle fois bombard� la route menant au poste fronti�re de Masnaa, sur la voie internationale Beyrouth- Damas, celle de Qaa, qui relie le Liban � la ville syrienne de Homs, plus au nord, et celle de Rachaya, reliant le sud de la B�kaa � la route Beyrouth- Damas. Des blind�s isra�liens tentaient, par ailleurs, d�encercler Khiam, plaque tournante du Hezbollah dans le sud-est du Liban. Arriv�es � Metoulla dans le nord d'Isra�l, les unit�s isra�liennes ont avanc� dans la nuit de mercredi � jeudi de sept kilom�tres en territoire libanais et sont arriv�es aux portes de Khiam, de violents combats ont oppos� les forces isra�liennes au Hezbollah � l'entr�e ouest de la ville. Une colonne isra�lienne a pris le contr�le de la ville chr�tienne de Marjayoun, � 10 km au nord-ouest de Khiam, suite � de brefs combats. Ripostant � ces attaques, le Hezbollah a tir� une salve de roquettes sur la ville isra�lienne de Ha�fa, faisant quelques bless�s. Par ailleurs, seize militaires isra�liens ont �t� bless�s dans des accrochages avec les combattants du Hezbollah dans le sud du Liban. Quinze ont �t� l�g�rement bless�s et le seizi�me plus gri�vement dans les combats autour de la localit� de Rachaf. A Marjayoun, des centaines de soldats et de civils libanais ont �t� �vacu�s. Beyrouth a d�cid� d'�vacuer 350 soldats et gendarmes stationn�s dans la caserne de Marjayoun, que les Isra�liens ont occup�e jeudi lorsqu'ils ont lanc� leurs colonnes de blind�s � l'assaut des bastions du Hezbollah. Ce dernier a fait savoir hier qu�il a frapp� et coul� une vedette isra�lienne rapide Super Dvora au large des c�tes sud du Liban. Dans un communiqu� lu � la t�l�vision du mouvement chiite libanais, Al Manar, le Hezbollah a indiqu� que �� 14h05 vendredi (11h05 GMT), alors qu'une vedette de guerre isra�lienne Super Dvora croisait au large de Mansouri, au sud de la ville de Tyr, les hommes de la R�sistance islamique ont frapp� le bateau avec les armes ad�quates. Ils ont fait coup au but, d�clench� un incendie et l'ont coul�e. D'autres bateaux et zodiacs isra�liens se sont pr�cipit�s � la rescousse de l'�quipage, compos� de douze officiers et soldats qui ont �t� tu�s, bless�s ou se sont noy�s�. 1 115 Libanais morts Au 31e jour de l�agression isra�lienne, les bombardements isra�liens ont fait au moins 1 115 tu�s, dont plus de mille civils, et 3 600 bless�s. Au moins 1 014 civils, dont 30% d'enfants de moins de 12 ans, ont p�ri, ainsi que 30 militaires et gendarmes libanais depuis le d�but de l'offensive le 12 juillet, a indiqu� la Commission des secours du gouvernement libanais. Par ailleurs, les combats ont fait plus de 915 792 d�plac�s, dont 220 000 ont quitt� le territoire libanais, selon la Commission des secours. La situation humanitaire est catastrophique. Un navire transportant de l'aide humanitaire pour le compte du Comit� international de la Croix-Rouge � Tyr �tait toujours bloqu� � Chypre faute d'avoir obtenu l'autorisation des Isra�liens d'accoster dans ce port du sud du Liban coup� du monde. Selon le porte-parole du CICR � Tyr, Roland Huguenin, le b�timent, avec � son bord plus de 100 tonnes de vivres, aide m�dicale et kits d'urgence, attend depuis deux jours � Larnaca le feu vert des autorit�s isra�liennes qui imposent un blocus au Liban. En attendant, le CICR organisait l'acheminement de quelques tonnes de nourriture depuis Sa�da, plus au nord, au moyen de deux camions jusqu'au fleuve Litani, au nord de Tyr. Les deux ponts enjambant le fleuve ayant �t� d�truits par les bombardements isra�liens. �Les cartons seront transport�s � dos d'hommes � travers le fleuve puis de nouveau charg�s sur d'autres camions, ce qui nous fait perdre un temps pr�cieux �, a d�plor� un repr�sentant du CICR. La seule ville de Tyr, qui abrite actuellement 16 000 personnes � dont 4 000 d�plac�s � contre 50 000 en temps normal, est isol�e depuis lundi, apr�s de nouveaux bombardements des ponts et des routes qui la relient au nord. Dans ce contexte, le Haut- Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Louise Arbour, a r�clam� hier une enqu�te de l'ONU sur les attaques contre les civils au Liban et dans le nord d'Isra�l, avertissant que les responsables pouvaient �tre poursuivis pour crimes de guerre. �Il y a un besoin clair et urgent de clarifier la situation dans ce domaine en menant un examen syst�matique, ind�pendant, cr�dible et approfondi. Quand les obligations l�gales r�gissant la conduite des hostilit�s sont viol�es, a-t-elle averti, la responsabilit� personnelle et juridique des responsables peut �tre engag�e, en particulier pour ceux qui occupent des postes de commandement�. Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a adopt� hier une r�solution d�non�ant les op�rations militaires isra�liennes au Liban et demandant une enqu�te sur les attaques par Isra�l contre les civils. Olmert sous les feux de la critique Soutenu au d�but de l�offensive par la quasi-majorit� de la classe politique, le Premier ministre est aujourd�hui d�savou�. S�enlisant dans le bourbier libanais, Olmert qui avait tabl� sur une guerre �clair a finalement �t� surpris par la r�sistance du Hezbollah. Les pertes dans les rangs de l�arm�e isra�lienne ont fini par faire douter les politiques. L'opposition de droite, qui jusqu'� pr�sent s'�tait rang�e derri�re le gouvernement, a repris en fin de semaine ses attaques contre le Premier ministre Ehud Olmert auquel elle impute les revers militaires et diplomatiques de l�offensive contre le Liban. La presse est de plus en plus critique, l'opinion de plus en plus sceptique, selon des sondages, et au sein m�me du pouvoir les frictions apparaissent au grand jour. �Olmert doit d�missionner�, n�a pas h�sit� � �crire un �ditorialiste. Selon deux sondages publi�s hier, les Isra�liens croient de moins en moins � une victoire sur le Hezbollah et sont de plus en plus critiques sur la conduite de la guerre au Liban. 43% des Isra�liens estiment qu'il n'y aurait ni vainqueur ni vaincu si les combats s'arr�taient � ce stade et 30% croient qu'Isra�l n'aurait pas gagn�. Seuls 20% estiment que l'Etat h�breu l'aurait emport�, selon cette enqu�te. �S'il accepte ce cessez-le-feu, le gouvernement devra d�missionner car il aura donn� une victoire sans pr�c�dent au Hezbollah et � tous ceux qui r�clament la destruction d'Isra�l�, a estim� un d�put�. C�est dire la situation inconfortable dans laquelle se retrouve Olmert qui tente n�anmoins de sauver la face en justifiant ses attaques par l�imp�ratif de la s�curit� d�Isra�l.