Le président François Hollande s'est rendu, hier, au Mali, trois semaines après le début des opérations militaires françaises, intervenues en réponse, selon Paris, «à la demande exprimée par le gouvernement malien». Annoncé la veille, le voyage éclair du président français, de Sévaré à Bamako en passant par Tombouctou, n'a pas manqué d'être une «surprise». «Je vais au Mali pour dire à nos soldats tout notre soutien, tous nos encouragements, toute notre fierté», a déclaré, à partir du Mali, François Hollande, avant d'ajouter à l'adresse des Africains que «nous avons besoin d'eux pour la force internationale». Accompagné de Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, en charge de la Défense, et de Pascal Confin, ministre délégué au développement, le président français semble donner, par cette visite, un nouveau cours aux évènements sur la scène malienne. Il est question, ainsi, des retombées politiques de l'intervention miliaire française sur la suite à donner, notamment la présence des forces militaires de la Cédéao, le processus politique inter-malien et la lutte contre les groupes terroristes. Il n'est pas fortuit de noter que la visite de François Hollande au Mali intervient le jour même où Munich abrite la conférence internationale sur la sécurité mondiale, où la question malienne occupe une place importante. Les mises en garde adressées par le patron de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, aux pays européens révèlent l'impact de la crise économico-financière sur les alliés. «Les dépenses militaires sont de plus en plus déséquilibrées entre les Alliés, non seulement entre les Etats-Unis et les pays européens mais au sein même de l'Europe.» C'est au cours de la présentation à Bruxelles de son rapport annuel de l'Alliance atlantique que Fogh Rasmussen a tenu ces propos. Il a fait savoir aux membres de l'Otan que «pendant que certains alliés européens vont continuer à acquérir des moyens militaires modernes et adaptés, d'autres devraient avoir de plus en plus de mal à le faire. Cela pourrait affecter la capacité des alliés à collaborer efficacement dans la gestion des crises internationales». Le rapport de Rasmussen sur les dépenses militaires des membres de l'Otan révèle que seuls les Britanniques, les Américains et les Estoniens ont enregistré une hausse dans leurs dépenses militaires entre 2007 et 2012. Ce qui semble avoir été à l'origine de la nature du soutien militaire de membres de l'Otan à l'effort de guerre entrepris par Paris au Mali. Le Premier ministre britannique a précisé que ce soutien ne saurait être par l'envoi de troupes militaires du Royaume--Uni- au Mali. Le soutien de Londres et Washington à l'intervention militaire française au Mali s'est traduit, en plus du soutien politique, par l'envoi de ravitailleurs en vol et d'experts militaires. Il est à rappeler que cette intervention lancée il y a trois semaines n'a pas reçu l'aval de l'ONU qui dans sa résolution sur la crise malienne fait état de déploiement de forces africaines et onusiennes (Misma). Arguant que c'est à la demande du gouvernement de Bamako que les opérations militaires françaises au Mali ont été déclenchées, et en précisant que «c'est une guerre éclair», François Hollande a souligné que «depuis le 11 janvier, nous avons déjà accompli beaucoup de travail. Il n'est pas encore complètement terminé et cela va prendre encore quelques semaines, mais notre objectif est de passer le relais». L'heure semble sonner à la gestion des retombées politiques de cette intervention. Paris devra consentir davantage d'efforts pour le déploiement des forces de la Cédéao au nord du Mali, n'ignorant pas les déclarations des responsables du MNLA de soutien à l'intervention française et leur opposition à la présence de troupes maliennes au nord. Ces dernières sont d'ores et déjà au centre d'accusations de crimes et de dépassements contre des Maliens du Nord par les médias occidentaux et des ONG. Ce qui semble donner du rythme au traitement des événements, s'agissant notamment du processus politique inter-malien.