La Russie a affrété hier, mardi deux avions vers la Syrie qui pourraient rapatrier des Russes dans la journée et annoncé l'envoi de quatre navires de guerre supplémentaires en mer Méditerranée pour une éventuelle évacuation de plus grande ampleur de ses ressortissants. Deux avions russes du ministère des Situations d'urgence, un Iliouchine-62 et un Iliouchine-76, avec à bord 46 tonnes d'aide humanitaire, ont décollé dans la matinée de la banlieue de Moscou en direction de l'aéroport de Lattaquié, sur la côte nord-ouest du pays. Cette région est un bastion du président syrien Bachar al-Assad. Le ministère a informé que les deux appareils pouvaient ramener des ressortissants de Russie désireux de quitter le pays en proie à une guerre civile depuis près de deux ans. Des sources au sein de la communauté russe de Syrie, citées par l'agence Interfax, ont indiqué que 150 personnes pourraient repartir à bord de ces avions. Quasiment au même moment, le ministère russe de la Défense a indiqué qu'il allait envoyer quatre navires de guerre supplémentaires «en mission opérationnelle» en mer Méditerranée, sans donner plus de détails sur la teneur de cette mission. Les navires de transport de troupes Kaliningrad, Chabaline, Saratov et Azov doivent rejoindre le patrouilleur Smetlivyi et d'autres navires de ravitaillement déjà sur place, a précisé le ministère, cité par les agences russes. Mais une source militaire, citée par Ria Novosti, a pour sa part déclaré que leur principale tâche pourrait être d'évacuer des citoyens russes de Syrie. «Même si les missions de ces navires de guerre russes n'ont pas été révélées, compte-tenu du développement de la situation dans la région et de la présence parmi ces bateaux de gros navires de transport de troupes, on peut supposer que la principale tâche de la marine russe sera de participer à une évacuation des citoyens russes de Syrie», a déclaré cette source. Le 23 janvier, la Russie avait déjà rapatrié 77 Russes habitant en Syrie à bord de deux avions affrétés par le ministère des Situations d'urgence pour apporter de l'aide humanitaire. Mais ces appareils avaient atterri à Beyrouth et non en Syrie. Les personnes évacuées, essentiellement des femmes et des enfants, avaient rejoint la capitale libanaise par la route. Des observateurs avaient alors supposé que Moscou se préparait à une évacuation de grande ampleur, signe que la Russie, un des derniers allées de Damas auquel elle vend toujours des armes, reconnaît que les jours de Bachar al-Assad au pouvoir sont comptés. Mais la diplomatie russe s'était empressée de nier qu'il s'agissait du début d'un rapatriement massif. Elle avait indiqué que Moscou pourrait envoyer d'autres avions à l'avenir et permettre à ses ressortissants le désirant de rentrer en Russie. Huit mille Russes sont enregistrés au consulat en Syrie, selon l'agence publique Ria Novosti, mais il y a jusqu'à 25 000 femmes russes mariées à des Syriens dans le pays. La révolte populaire contre le régime de Bachar al-Assad, déclenchée en mars 2011, s'est militarisée au fil des mois face à la répression. Les violences ont fait environ 70 000 morts en 23 mois selon l'ONU. Seule grande puissance à encore entretenir des relations étroites avec Damas, la Russie s'oppose à toute ingérence dans le conflit. Elle a jusqu'ici bloqué, avec la Chine, tous les projets de résolution du Conseil de sécurité de l'ONU condamnant Bachar al-Assad. Se montrant tout aussi inflexible qu'au début de la révolte, ce dernier a affirmé lundi avoir la «certitude» de pouvoir gagner la guerre, alors que sur le terrain, les rebelles continuent leur avancée vers l'aéroport d'Alep et la base aérienne militaire de Nairab, attenante, selon une ONG syrienne et une source militaire. Carla del Ponte, membre de la commission d'enquête de l'ONU, a de son côté demandé que la justice internationale soit saisie des crimes de guerre commis dans le pays.