Près de 80 Russes habitant en Syrie sont arrivés mercredi matin à Moscou à bord de deux avions affrétés par le ministère des Situations d'urgence, dans la première opération des autorités russes pour aider ses ressortissants à fuir les violences. Les personnes rapatriées avaient rejoint la capitale libanaise par route. “Il s'agit de personnes de différentes régions de Syrie", a précisé le ministre des Situations d'urgence. Selon l'agence Ria Novosti, 8 000 Russes sont enregistrés au consulat en Syrie mais il pourrait y avoir jusqu'à 25 000 femmes russes mariées à des Syriens dans le pays. Ce qui annonce une noria d'avions pour leur rapatriement, des diplomates russes ayant annoncé que Moscou pourrait envoyer d'autres avions à Beyrouth si nécessaire. Le vice-ministre russe des Affaires étrangères Andreï Denissov a indiqué que la Russie n'envisageait pas une évacuation totale de ses ressortissants en Syrie et que l'ambassade à Damas continuait de travailler normalement. Quoiqu'il en soit, ce premier train annonciateur d'une évacuation de plus grande ampleur est le signe probant que Moscou, un des derniers alliés de Damas, reconnaît que les jours du régime du président syrien Bachar Al-Assad sont comptés. Moscou a prédit un conflit qui va “traîner en longueur" en Syrie. “Le conflit en Syrie risque de traîner dans le temps", a mis en garde le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov qui a estimé : “Au début, certains pronostics parlaient de deux, trois, quatre mois, maintenant le conflit dure depuis près de deux ans. La situation peut évoluer de différentes façons. Je pense que le conflit risque de traîner en longueur." Autre signe qui ne trompe pas, Moscou, selon toujours Bogdanov, souhaite élargir les contacts avec l'opposition syrienne. “Beaucoup de chefs de l'opposition se trouvent à Paris et à Istanbul, d'autres sont dans d'autres villes, à Genève. Nous n'excluons pas qu'il y aura prochainement des contacts avec de nouveaux groupes d'opposition, avec lesquels nous n'avons pas encore communiqué", a-t-il souligné. Entre-temps à Damas, Bachar Al-Assad ne désespère pas de mettre en œuvre sa propre solution de réconciliation nationale. Son Premier ministre Waël Al-Halqi a lancé un appel au dialogue à tous les opposants syriens et même les hommes armés. “Nous sommes ouverts à toutes les forces politiques, y compris l'opposition nationale à l'intérieur et à l'extérieur de la Syrie et même les hommes armés qui ont été bernés à condition qu'ils déposent leurs armes", a-t-il déclaré, les invitant à rentrer dans le pays pour que “nous engagions un dialogue et participions ensemble à l'édification d'une nouvelle Syrie, démocratique et multiple». Damas a de nouveau accusé Al-Qaïda d'être derrière les attentats meurtriers perpétrés en Syrie, accusant son voisin turc d'ouvrir grandes les portes de son territoire aux “terroristes". Damas appelle une nouvelle fois le Conseil de sécurité de l'ONU à dénoncer ces actes terroristes qui sont perpétrés sur son sol et demande aux pays qui y sont opposés de revenir sur leurs positions qui ne servent en rien la sécurité et la paix mondiales. A l'ONU précisément, le secrétaire général Ban Ki-moon a réitéré hier sa “totale confiance" en son émissaire pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, tout en reconnaissant qu'il y avait aujourd'hui “peu de perspectives" de règlement de la crise dans ce pays. “Je suis reconnaissant à M. Brahimi pour sa ténacité, sa patience, sa ferme détermination et son dévouement", a ainsi déclaré M. Ban, ajoutant : “Il va continuer à travailler." D. B