Du 23 janvier au 25 février 2013, la maison de la culture de Bordj Bou-Arréridj met à l'honneur l'artiste de sa ville dans une exposition au Complexe culturel qui porte son nom «Aïcha Haddad». Des éléments de la vie privée de Aïcha Hadda ainsi que des travaux moins connus sont exposés pour la première fois, au grand public. Cette rencontre commémorative à l'occasion de l'anniversaire de la disparition de l'artiste peintre, que cet hommage posthume a eu lieu devant des artistes ayant côtoyé la défunte de son vivant. Pour ceux qui la connaissaient, Aïcha Haddad incarnait la bonté, le talent et la modestie. Elle a consacré toute sa vie à la peinture. Née à Bordj Bou-Arreridj en 1937. Sa vie et son œuvre sont marquées par l'histoire de sa famille, celle de la tribu des H'Chem de Medjana et les liens chargés d'histoire de cette capitale d'El Mokrani, où elle passera son enfance et son adolescence. En 1954, alors étudiante infirmière et âgée à peine de 17 ans, elle sera l'une des premières femmes à rejoindre les rangs de l'Armée de libération nationale (ALN). En 1956, au terme de ses études, elle rejoindra le maquis et participera au Congrès de la Soummam. Elle sera arrêtée par l'armée coloniale puis internée pendant plus de quatre ans. En 1962, à sa libération, elle s'installe à Alger et entame des études d'art dans la classe de Camille Leroy, à la Société des Beaux Arts d'Alger. A partir de 1966 et jusqu'en 1988, Aicha Haddad poursuit une longue carrière dans l'enseignement des arts plastiques au Lycée Omar-Racim d'Alger. De 1983 à 1988, elle occupe le poste d'inspectrice de l'Education nationale. En 1972, sa première œuvre présentée dans le cadre d'une exposition collective à l'ex-Galerie des Quatre-Colonnes à Alger et primée au Concours de la Ville d'Alger, lui ouvre les portes de la notoriété. Parallèlement à sa vocation d'enseignante, elle mène une vie de femme engagée dans le milieu artistique algérien et devient en 1973, membre de l'Union nationale des arts plastiques (UNAP) et en 1975, membre de l'Union générale des peintres arabes (UGPA). C'est aussi le début d'une longue amitié avec la peintre Baya. Entre 1974 et 2002, se succéderont expositions personnelles et collectives tant en Algérie qu'à l'étranger. Au cours de ses voyages et visites de musées, galeries et foires internationales d'art, elle découvrira des modes d'expression multiples et des artistes déterminants pour l'évolution de son art : Gaudi, Tinguely, Niki de Saint Phalle, César, Arman et Peï. La carrière d'Aïcha Haddad sera récompensée par de nombreuses distinctions nationales et internationales. En mars 2003, l'Etablissement Art et Culture de la ville d'Alger institue un prix portant son nom et destiné à récompenser, annuellement, la meilleure peinture féminine. En hommage à sa carrière et son engagement au service de l'art, une salle du Musée national des Beaux-arts d'Alger porte aujourd'hui, son nom ainsi que le Complexe culturel de sa ville natale. Elle pratique avec élégance l'art de la miniature, tradition artistique algérienne ancestrale qui connaît un nouvel essor avec Mohamed Racim, fondateur de l'Ecole d'Enluminure d'Alger en 1939 et à qui Aïcha Haddad voue une profonde admiration. Elle marquera cet art, de sa sensibilité féminine et de l'intensité de ses nuances bleues. Elle restera fidèle à cette forme d'expression tout au long de sa vie, tel un ancrage dans sa recherche perpétuelle de nouveaux horizons artistiques. L'originalité de son œuvre picturale va porter à la fois sur la facture et le matériau utilisé pour traiter des sujets classiques, tels les paysages de bords de mer de la région de Béjaïa et de désert à Ghardaïa, les portraits aux visages rêvés de femmes kabyles, de guerriers touaregs et les cavalcades ancestrales. Obsédée par le relief, elle façonne des coupoles et des arches en ronde bosse dans le métal et lui applique un blanc pur où jouent l'ombre et la lumière. Elle enduit ses supports (toile, bois) d'une pâte de sable qu'elle entaille vigoureusement de lignes et de courbes franches, où s'entremêlent subtilement arches, triangles et cercles, évoquant tantôt voiles, coupoles, arcades, tantôt les motifs tissés de la tradition nomade. Rehaussées de couleurs chaudes, ses paysages et ses portraits offrent une vision harmonieuse du monde. Dans ses toiles peintes et œuvres plastiques des années 1980 et 1990, retravaillant inlassablement les mêmes sujets, elle s'attachera à l'expression et la sensation du mouvement et de la couleur au point d'absorber le sujet dans l'abstraction des structures. A partir des années 1990, inspirée par le courant des Nouveaux Réalistes, sa passion pour le travail de la matière l'amènera à se tourner vers la sculpture et le collage pour exprimer sa réflexion sur la condition humaine. Elle détournera des objets manufacturés (clés, CD, sabliers, montres, etc.) pour livrer des œuvres dépouillées au message universel.