La célébration, hier à Alger, de la Journée du dialogue nord-sud entre les acteurs de la société civile des deux rives de la Méditerranée a été, pour les participants, l'occasion de revenir sur ce processus initié depuis 15 ans. Les intervenants de différents profils et de divers horizons ont relevé que «l'expérience acquise» au bout de quinze ans de dialogue nord-sud entre acteurs de la société civile, est «à capitaliser», permettant de dégager de nouvelles perspectives sur fond des défis de l'heure. Les interventions, dont celles du ministre belge et président de la fondation Dialogue nord-sud, d'un député européen et celle de Mme Taya Yasmina, présidente du Réseau Algérie-dialogue nord-sud, ont montré les défis encore nombreux à relever dans le cadre de ce dialogue. Au vu des rappels sur le contenu des rencontres tenues à Alicante, Tunis et Alger, les thématiques développées au cours de ces rencontres demeurent d'actualité sur fond des nouvelles donnes survenues dans les régions du Sud et du Nord. La conférence de presse animée, hier, par les personnes précitées ainsi que par Mme Turkia Dadah de Mauritanie, Mme Fatima Bensoltane de Tunisie et Maître Fatima-Zohra Benbraham, a apporté son lot de données quant aux perspectives de ce dialogue et la portée de ses enjeux. Si pour certains, les thématiques dégagées dans le cadre de ce dialogue ont porté sur des préoccupations propres à la rive nord, pour ne citer que l'immigration, au fil du temps, le dialogue a inscrit des questions liées à la rive sud. Mme Turkia Dadah a eu à relever l'importance de la libre circulation de personnes, au cours de son intervention à la reprise des travaux à l'issue de la conférence de presse, ce qui est à même de consolider «les échanges et la connaissance de l'autre». Cela étant, l'importance de la relation entre la société civile et les pouvoirs publics doit être, selon les animateurs de la conférence de presse, la voie par laquelle se manifestent les aspirations et les préoccupations des sociétés. Les politiques menées jusque-là par les pouvoirs publics ont évolué. Un acteur de la société civile du Nord fera savoir que le traitement par les responsables politiques européens de la question des réfugiés «est passé d'un traitement propre à un réfugié à un traitement lié exclusivement à une question de pauvreté», selon son expression. Ce qui illustre amplement l'évacuation des questions politiques liées aux réfugiés, ce qui est, par conséquent, une fuite en avant. Par ailleurs, la rive Sud qui a connu et connaît des bouleversements, et les mutations toujours en cours, a imposé de nouvelles questions et thématiques au dialogue nord-sud entre acteurs de la société civile. L'aspiration à la dignité et à l'amélioration des conditions socio-économiques dévoilent aussi les conséquences du fossé existant entre le Nord et le Sud s'agissant du niveau du développement. Si pour les participants à la célébration de la Journée du dialogue nord-sud, il est question de promouvoir un avenir commun, il est tout autant utile d'asseoir un dialogue autour de questions et de préoccupations spécifiques. D'autant plus que l'actualité récente montre la portée de la politique menée par les pouvoirs public de la rive nord sur des questions spécifiques par un traitement de deux poids deux mesures. Les acteurs de la société civile ont souligné l'importance de la promotion de la paix et de la sécurité entre les deux rives de la Méditerranée, dont le premier défi à relever est de peser pour la promotion de l'esprit et des textes de la charte de l'ONU et du droit international auprès des décideurs. Ce qui mettra en œuvre une réelle synergie entre les deux rives, à l'abri des interférences des politiques qui risquent d'élargir le fossé entre le Nord et le Sud.