D'aucuns auront certainement constaté un changement plus ou moins radical dans tout le concept du CHU Ibn Rochd de Annaba depuis ces derniers mois seulement, et surtout depuis l'installation du nouveau staff composé de professeurs en médecine. Certes, l'objectif recherché par cette nouvelle direction est avant tout d'aboutir à l'amélioration réelle des conditions de prise en charge des malades. Pour ce faire, une étude approfondie des moyens à mettre en œuvre a été élaborée pour permettre aux différents services d'assurer des prestations de qualité aux patients malgré la surcharge qui pèse sur cet important centre hospitalo-universitaire régional. Or, loin de toute lutte syndicale qui ne saurait jouer en faveur de cette institution médicale et encore moins des malades, le développement de la santé publique devenait contre toute attente le seul moyen de mettre fin aux velléités qui avaient longtemps caractérisé le secteur. En effet, la qualité des soins passe surtout par l'état des infrastructures sanitaires qui sont très anciennes nécessitant une rénovation et datant en grande partie de l'époque coloniale. Divers services ne répondent plus aux normes en vigueur compte tenu de l'accroissement élevé de la démographie. Il va sans dire que cette situation se traduit par une inadéquation dans plusieurs endroits entre la demande en soins, l'offre disponible et la convergence soutenue vers le seul hôpital Ibn Rochd de Annaba pour lequel ses urgences médico-chirurgicales sont constamment, de jour comme de nuit, débordées puisque couvrant à elles seules une population de plus de 600 000 habitants. Chaque jour de nombreux patients sont évacués d'urgence vers cette structure médicale, en provenance des wilayas limitrophes, notamment Guelma, Souk Ahras, Tébessa, El Tarf et Skikda. Une situation critique qui a provoqué aujourd'hui, souligne-t-on, une grande surcharge pour cet hôpital qui affiche complet. En vue de créer des conditions de travail plus adéquates, la direction de l'hôpital a entamé des travaux d'aménagement des locaux actuels, notamment des urgences chirurgicales, en créant un prolongement avec les anciens locaux. En effet les patients et les blessés arrivent en masse aux portes de ce service qui manque d'équipements modernes. Les personnels relevant de l'hôpital Ibn Rochd «Service des urgences médico-chirurgicales, Dorban, Ibn Sina, Seraidi, Clinique d'ophtalmologie, Pédiatrie Sainte -Thérèse» déploient des efforts considérables de jour comme de nuit en dépit de moyens qui ne répondent pas du tout aux besoins pour secourir, soigner et orienter les malades. Malgré le déficit criant en équipement médical adapté et médicaments spécifiques auquel s'ajoute, faut-il le signaler, le comportement le plus souvent agressif de certains accompagnateurs et malades impatients. Son personnel médical - résidents compris - est de l'ordre de 19%, paramédical 35 %, administratif 9 % et technique 39 %. Le service des urgences, un pilier de l'hôpital Les UMC - Urgences médico-chirurgicales- de l'hôpital Ibn Rochd, qui sont actuellement en voie d'être parfaitement aménagées, restent jour et nuit surchargées vu le nombre élevé de blessés qui se rendent à cet endroit pour des soins d'urgence. Ainsi, ce sont surtout des blessés qui viennent souvent des autres wilayas limitrophes qui provoquent cette surcharge anormale. Les urgentistes sont dépassés dans leur activité médicale, et se retrouvent souvent dans des situations d'insécurité et aussi devant des personnes diverses dont les malades imaginaires, voire les noctambules en état de stress. Les UMC ont vu leur volume d'activité croître. Parmi les causes de leur engorgement, le manque de lits d'hospitalisation, notamment pour des séjours de moyenne et longue durée. Durant l'année 2012, le CHU, qui dispose de 466 lits, a enregistré 69 315 hospitalisations dont 893 décès recensés, soit un taux d'occupation de malades TOM évalué à 111,32. La maternité vient en tête avec 19 560 admissions dont 2 décès, le pavillon des urgences chirurgicales pour 54 lits a enregistré 12 182 admissions, dont 365 décès enregistrés pour la même période. Les activités de l'hôpital Ibn Sina disposant de 279 lits a enregistré 13 996 hospitalisations pour un nombre de séjour de 80 561 journées et un TOM de 79,10, avec un nombre de décès de 1 075 malades. Ses PU médicales ont comptabilisé 4 833 admissions dont 570 décès. Les décès sont surtout notés dans les services de réanimation chirurgicale, médicale, pédiatrique, qui accusent habituellement des taux de mortalité élevés explicables par la gravité des cas pris en charge. Une augmentation de la mortalité hospitalière perceptible au niveau des services de cardiologie, hématologie, maternité. Parmi les affections grandes pourvoyeuses de mortalité, l'on indique les traumatismes, les cancers, les neuropathies, les maladies endocriniennes et métaboliques, anomalies congénitales et autres. Dans ce contexte il faut savoir que l'ouverture du grand portail du CHU Ibn Rochd qui était fermé depuis des années a résolu une grande contrainte pour la circulation facile lors des évacuations. Aussi est-il prévu le transfert des urgences médicales du CHU Ibn Sina vers Franc Fallon. Un retard dans l'opération est affiché pour cause de transfert de propriété. Un aménagement est prévu du service de néonatologie dans le but de désengorger les services de gynécologie et de pédiatrie et soulager la tension qui règne en maître dans ces services. Il a été retenu la création de deux services dans les EHS El Bouni. Les activités de l'hôpital Dorban font état de 6 557 hospitalisations pour 198 lits, avec un nombre de décès de 218 cas, informe-t-on. La clinique de pédiatrie disposant de 94 lits a enregistré 7 905 admissions dont 206 décès. D'après les données officielles de la direction du Centre hospitalo-universitaire Ibn Rochd, 100 908 hospitalisations enregistrées, 20 455 actes opératoires et 2 392 décès. Sur le plan de l'activité maternité, il a été comptabilisé près de 18 000 accouchements durant l'année 2012 dont 5 688 césariennes qui ont donné naissances à 17 234 bébés, 383 mort-nés et 252 décès néonataux par rapport à 2011 qui a enregistré 17 027 accouchements dont 5 148 par césarienne d'où le service affiche une nette augmentation de son activité opératoire d'année en année. Les activités d'urgences médico-chirurgicales font état de 139 894 consultations, 21 625 admissions, 5 373 actes opératoires, 3 686 évacuations et 133 279 examens de radiographie. Le nombre des malades évacués au CHU de Annaba s'élève à 65 99 cas venus de Guelma, Souk Ahras, Tébessa, Skikda, El Tarf et d'autres wilayas de l'Est. Ces malades transférés ont tous reçu les soins dispensés par cette structure médicale. A noter enfin que l'activité d'hémodialyse a recensé un nombre de 13 059 cas de dialyse ordinaire et 45 120 cas de dialyse péritonéale. C'est, faut-il le dire, une gestion rigoureuse à laquelle s'astreint le nouveau staff composé de professeurs en médecine, qui fait l'impossible pour assurer une couverture sanitaire de qualité malgré les contraintes qui existent encore et l'état des lieux. L'hôpital Ibn Rochd a grand besoin, dit-on, de s'adapter au progrès, et il faut qu'il soit doté de tous les équipements nouveaux dont il a besoin pour répondre aux aspirations des patients.