Le président égyptien rompt les relations diplomatiques avec la Syrie. Ouf. Israël avait eu chaud. Si cela n'avait pas été ainsi, cela aurait été un échec du GMO. Depuis ce qu'on appelle le «printemps arabe», il y a une problématique de la menace telle que perçue dans les pays arabes et que n'ignorent pas les Occidentaux. Il y a la menace qui pèse sur les pays et il y a la menace qui pèse sur les régimes. Laquelle est priorisée et par qui pour lui opposer la parade convenable ? Il nous arrivait de soutenir que les pouvoirs arabes étaient pris entre deux feux. Soit le péril démocratique, soit le péril islamiste. Pouvoirs arabes en tant que régimes et périls en tant que renversement des régimes. De ce point de vue, quel péril serait considéré comme le plus grave ? Des islamistes et des démocrates, quels seraient les plus disponibles pour un compromis avec le pouvoir ? Il y a deux périodes différentes. Avant le «printemps arabe», les islamistes étaient plus disponibles. Prenons un exemple qui nous intéresse. Ali Benhadj proposait à feu Chadli de déclarer l'Etat islamiste et «nous allons dissoudre le FIS». Le Tunisien Ghanouchi de son exil disait qu'il «est halal qu'un parti islamiste participe à un gouvernement même laïque». Djaballah, dans un «dialogue» épuisant avec le HCE, arrivait enfin à accepter de faire une concession qui lui pèse beaucoup. Oui, il serait d'accord à ce que des laïques siègent au CNT (Parlement de transition), mais à une condition : il faudrait qu'au-dessus du Parlement trône un «conseil des oulémas» qui contrôle la conformité des lois à la charia. Peu de temps auparavant, il soutenait que la démocratie ne pourrait exister que si le paysage politique était débarrassé de tous les partis laïques. Les partis doivent tous posséder le même projet islamiste et les élections serviront à désigner les meilleures équipes d'hommes capables de le mettre en œuvre. Djaballah était considéré comme un radicaliste qui a choisi la voie parlementaire. Endiguer l'influence des mouvements islamistes ? Les pouvoirs en place pensaient qu'ils arriveraient à le faire en donnant des gages de leur islamité. Des gages parfois assez osés pour couper l'herbe sous les pieds de l'islamisme, mais ils ne faisaient qu'élargir davantage l'influence islamiste.